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CENTRAFRIQUE : CENTRAFRICAINES, FEMMES DEBOUT !

CENTRAFRIQUE : CENTRAFRICAINES,  FEMMES DEBOUT !

 

 

 

Marche des femmes à Bangassou le 7 mars 2018. Phot : CNC.

 

 

 

Bangui, le 16 mars 2018.

Par : Joseph Akouissonne de Kitiki, CNC.

 

AMAZONES DE LA PAIX ET DE LA RÉCONCILIATION

          Souvenons-nous… Quand Jean-Bedel Bokassa avait osé faire massacrer des enfants à Bangui en 1979, les Centrafricaines, ulcérées, avaient immédiatement envahi les rues de la capitale en se dénudant la poitrine, pour manifester leur colère et exiger le départ de l’implacable tyran. Leur action spectaculaire avait marqué les esprits et, sans doute, porté leurs fruits. Peu de temps après, la France avait organisé l’opération militaire Barracuda, pour chasser Bokassa du pouvoir.

          Cette manifestation des Centrafricaines, stigmatisant le funeste dictateur responsable de massacres d’écoliers, est devenu le symbole de la lutte des femmes pour la liberté.  

          Cette séquence qu’on ne peut oublier semble resurgir aujourd’hui, dans l’implication et la bataille des Centrafricaines pour sortir du chaos. Malgré la misogynie, qui favorise la discrimination sexuelle et la non-parité hommes/femmes, aussi bien dans la fonction publique que dans les instances politiques, les Centrafricaines jouent un rôle primordial dans l’économie nationale informelle  et  la cohésion du tissu social.

          Ce sont souvent elles qui font bouillir la marmite familiale, s’occupent de l’éducation des enfants et nourrissent leur mari frappé par un chômage endémique. Le commerce informel mais vital en RCA, c’est leur affaire. Les échoppes au bord des routes et celles du marché central, qui servent du café au lait accompagné de beignets le matin, de même que les restaurants ambulants, sont tenus par des femmes, qui, tous les jours, affrontent les dures réalités du pays.

 

 

LE 8 MARS A BANGUI, FORTE MOBILISATION CONTRE L’INSÉCURITÉ ET EN FAVEUR DE LA PAIX

          Ce 8 mars 2018, « journée de la femme » dans le monde entier, les Centrafricaines ont pris des initiatives courageuses pour que reviennent la paix et la réconciliation.

          Dans le Memberé-Kadei, c’est la préfète en personne, Philomène Dilapoko, qui a initié des actions susceptibles d’apaiser les esprits. A Bangui, une grande manifestation a été menée par l’Organisation des Femmes Centrafricaines (OFCA). A Bossangoa, comme ailleurs dans tout le pays, elles se sont aussi fortement mobilisées pour la paix et la réconciliation nationale.

          C’est ainsi, dans toute leur diversité, qu’elles veulent être la force nouvelle de résistance au chaos qui étreint leur pays. Souvent, là où les hommes ont échoué, les femmes ont surgi, porteuses d’espoir.  Les mamans centrafricaines en ont assez de pleurer leurs enfants, morts ou disparus. Comme jadis, elles vont présenter leur poitrine nue aux envahisseurs étrangers assassins de leur peuple, qui n’auront d’autres moyens que de détourner la tête et de déposer les armes, sachant que, si tu vois la poitrine nue de ta mère, tu seras maudit par les dieux.

          Le moment est donc venu, pour les hommes, de faire place aux femmes dans la lutte pour la paix. Ces Jeanne d’Arc du pays des Bantous ont fait leur preuve par le passé, défiant le tyran Bokassa, qui savait terroriser des hommes mais redoutait les femmes. On peut dire que, dans les conflits aigus, les femmes ont toujours joué un rôle primordial pour faire cesser les affrontements.

          Le gouvernement centrafricain serait bien avisé de faire appliquer sans tarder la parité femmes/hommes, de façon à ce que les Centrafricaines puissent trouver leur juste place dans les institutions de l’État. Comme le chantait Jean Ferrat : « La femme est l’avenir de l’homme… » Amazone de la paix et de la réconciliation, la Centrafricaine va peut-être réussir à changer la destinée du pays.

                                                                                                                                                                    JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI 

(16 mars 2018)

 

 

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