Centrafrique: quand le tchadien Idris Deby veut imposer l’amnistie au grand dam des victimes.
Bangui 03 juin 2017, CNC.
Par Eric NGABA
La crise centrafricaine a de multiples facettes à tel point que son ampleur perdure et prenne une autre dimension. Tellement que les complots et manipulations sont grandioses, le conflit qui déchire le pays continue d’accentuer le nombre des victimes éprises de justice. Pour certains pyromanes, il fau amnistier les bourreaux pour que le feu qui continue de bruler puisse s’éteindre. Tel est le cas des manœuvres que le président Tchadien Idris Deby Itno, précédent président de l’Union africaine, qui s’appuie sur ses deux anciens ministres des Affaires étrangères occupant des postes internationaux privilégiés, pour imposer une amnistie au profit des bourreaux au grand dam des victimes.
L’amnistie a été au début l’une des démarches envisagées en avril 2015 dans l’Accord de Nairobi signé entre l’acine président centrafricain et son tombeur de pouvoir Michel Djotodia. Cet Accord remet en cause la création de la Cour Pénale Spéciale en République Centrafricaine et les sanctions imposées par la Communauté internationale sur les principaux acteurs de la crise dans le pays.
Des rencontres sont organisées dans certains pays d’Afrique, notamment Nairobi, Kampala et Kigali aux fin de mettre en œuvre ces initiatives. Pour parvenir à ce complot contre les victimes de conflits, le président tchadien Idriss Deby Itno cherche à s’appuyer sur les organisations africaines pour amnistier par tous les moyens ceux avec qui il a réussi à plonger la République Centrafricaine dans le gouffre. Il se base sur ses deux anciens ministres des Affaires étrangères à savoir Moussa Faki, président de la Commission de l’Union Africaine, et Ahmad Allam-Mi, Secrétaire général de la CEEAC, de connivence avec la Représentation de l’Union Africaine en Centrafrique, pour tenter de réussir son plan machiavélique contre les victimes de conflits en Centrafrique.
Une révolte nationale contre ce plan suicidaire
Les démarches diaboliques de l’Union Africaine ont suscité la révolte des Centrafricaines de toutes les couches sociales. Depuis le bas peuple et les autorités centrafricaines, l’on observe un sentiment de révolte nationale. Les populations, notamment les victimes, considèrent l’amnistie comme une insulte à leu mémoire.
Des marches pacifiques sont organisées dans le pays pour dénoncer l’initiative de l’amnistie. Car, pour les Centrafricains, les recommandations du Forum national de Bangui en mai 2015 interdisent l’impunité et l’amnistie en faveur des bourreaux. La société civile centrafricaine a plusieurs reprise dénoncé les démarches de l’Union Africain qui sont contraires aux initiatives de la résolution du conflit en République Centrafricaine.
De leur part, les hautes autorités centrafricaines, de l’exécutif au parlement, condamnent cette initiative de l’Union Africaine d’amnistier les criminels des Seleka ou des Antibalaka. Le lundi 29 mai dernier, le Procureur Spéciale près la Cour Pénale Spéciale et le président du parlement centrafricain ont échangé sur cette question de l’amnistie. Il est ressorti de leur échange un refus catégorique à l’idée d’amnistier les criminels.
Ces deux personnalités ont rejeté en bloc la question de l’amnistie. L’on peut comprendre que les agitations du président tchadien Idriss Deby Itno démontrent son implication dans la crise qui a endeuillé des milliers de foyers en République Centrafricaine. Car le régime de Ndjamena a fortement contribué au renversement du pouvoir de Bangui en mars 2013 qui a conduit le pays aujourd’hui dans l’impasse.
La question que les Centrafricains se posent est de savoir pourquoi Idriss Deby Itno n’a-t-il pas amnistié Hissen Abbré, condamné pour de nombreux crimes commis au Tchad ?