CENTRAFRIQUE : LA TENTATION DE LA RÉPRESSION ?

CENTRAFRIQUE : LA TENTATION DE LA RÉPRESSION ?

 

 

 

 

 

 

Bangui, le 14 mai 2018.

Par : Joseph Akouissone de Kitiki, CNC.

 

IL FAUT LAISSER LE PEUPLE S’EXPRIMER

          Dans l’état où se trouve la Centrafrique, la parole de chaque citoyen compte. Il y a d’autres chats à fouetter que d’interdire des manifestations pacifiques de la population.

          C’est avec stupeur qu’on la appris : le 21 avril 2018, un enfant a été blessé par une balle perdue et il y aurait même eu des morts au cours de cette marche de protestation contre les violences organisée par le MEDREC (Mouvement Démocratique pour la Renaissance de la Centrafrique) de l’opposant Joseph Bendounga. Le drame se serait produit au moment de la dispersion de la manifestation par les policiers.

          Si l’information se confirme, elle aura besoin d’être clarifiée par les autorités.  Est-il concevable que les forces de l’ordre chargées de suivre une simple manifestation soient armées de balles réelles ? Joseph Bendounga a été d’abord arrêté, puis heureusement relâché.

          Au moment où les Centrafricains ont l’impérieux devoir d’être ensemble et unis face aux périls, le gouvernement doit agir avec discernement dans le maintien de l’ordre. Il ne faut pas qu’il cède à la tentation de la répression. Après la liste noire des opposants, jetée en pâture à la vindicte populaire, le président devrait condamner cet acte irresponsable émanant de ses soutiens et intimer à son gouvernement l’ordre d’éviter toute dérive répressive.

          Au lieu de réprimer les manifestations de citoyens qui usent de leur droit légitime à se faire entendre, le Gouvernement  doit jouer la carte de l’unité nationale et proscrire tout égarement dans la gestion des affaires du pays. Il faut que sa priorité soit le retour de la paix et de la réconciliation nationale.

Car, quand on tente de museler le peuple, il n’hésite pas à choisir des procédés irrespectueux pour exprimer sa colère, comme les sifflets et la bronca qui ont accueilli le Président en visite aux quartiers Castor et Fatima. L’exaspération du peuple ira crescendo si le gouvernement ne change pas son fusil d’épaule dans la lutte contre les rebelles.

 

LE PRÉSIDENT  TOUADERA  DOIT SE SOUVENIR DE SON ADRESSE A LA NATION

          N’avait-il pas promis de rompre avec le passé ? D’instaurer la justice sociale ? De lutter contre les impunités ? De redonner la parole au peuple et de l’écouter ?

          Or, depuis quelque temps, on peut déceler dans l’attitude du gouvernement une nervosité qui s’apparente à un début de panique.

          C’est au président de calmer le jeu et de satisfaire les réclamations du peuple : à savoir, en premier lieu, le limogeage d’un Premier ministre qui n’a rien produit durant son premier mandat et qui a été reconduit à la primature malgré son incompétence patente. Parions que rien de positif ne sortira de ce second mandat.

          En tout cas, les Centrafricains réclament son départ. Et, en politique, est-ce que ce ne sont pas les intérêts du peuple qui doivent orienter l’action d’un gouvernement – et non les amitiés particulières ?

                                                                             

JOSEPH AKOUISSONNE  DE KITIKI

(13 mai 2018)

 

Monsieur Joseph Akouissone de Kitiki, l’auteur de l’article.