CENTRAFRIQUE : LES EX-SELEKAS NE COMPRENDRONT QUE LE LANGAGE DE LA FORCE

Publié le 25 avril 2018 , 7:11
Mis à jour le: 25 avril 2018 7:40 pm

CENTRAFRIQUE : LES EX-SELEKAS NE COMPRENDRONT QUE LE LANGAGE DE LA FORCE

 

 

 

 

 

 

Bangui, le 26 avril 2018.

Par : Joseph Akouissonne de Kitiki, CNC.

 

LE PRÉSIDENT TOUADERA SE MUE ENFIN EN CHEF DE GUERRE

          Monsieur le Président, jusqu’à maintenant, vous avez inlassablement tendu la main aux ex-Sélékas pour dialoguer, afin de trouver une issue au drame qui ensanglante la Centrafrique. 

          Permettez-nous, monsieur le Président, avec tout le respect que nous vous devons, de penser qu’il aurait fallu faire le contraire.

Si la situation en RCA s’est considérablement aggravée, si les ex-Sélékas se sentent pousser des ailes et préparent une offensive sur la capitale pour s’emparer du pouvoir par la force, c’est qu’ils croient en leurs moyens militaires. Moyens considérablement accrus grâce aux équipements qui affluent, envoyés par les forces étrangères nuisibles qui les soutiennent. Le Président Idriss Déby Itno  en tête. Plus le temps passe, plus ils croient en leur victoire inévitable si vous ne les affrontez pas par les armes.

          Voilà longtemps que vous leur tendez la main pour éviter un bain de sang. Cette approche pacifique du conflit vous honore. Vous voulez ramener la paix et la réconciliation par un dialogue fraternel, préparer le terrain afin que, dès la fin du conflit, les Centrafricains se mettent tous ensemble pour développer leur pays.

          Pourtant, le 19 avril, vous avez quelque peu nuancé votre approche de la situation : vous avez, en effet, tenu un langage ferme à l’endroit de tous les ennemis de la République Centrafricaine. Vous avez mis en garde tous ceux qui gesticulent avec indécence du côté de Kaga-Bandoro – exhibition insupportable pour les Centrafricains, provocation en forme de défi lancé à toute une nation !

Dans votre adresse aux forces vives de la nation, vous avez, malgré tout, persisté à promouvoir le dialogue avec les rebelles, parce que, pour vous : « le dialogue est une arme redoutable pour restaurer une paix définitive. »  

          Certes. Mais, pour dialoguer, il faut être deux. Or, jusqu’à présent, les ex-Sélékas ont opposé une fin de non-recevoir au dialogue que vous leur avez proposé. Ceux-ci vont même jusqu’à contester la légitimité que le peuple vous a confié par un vote démocratique.

 

NOUVELLE DONNE AVEC LES RUSSES ?

Pays souverain, la République Centrafricaine a parfaitement le droit de diversifier ses relations bilatérales, sans demander au préalable l’autorisation à quiconque. Sans renier non plus ses relations avec ses amis traditionnels – la France surtout.

          Il faudra dire précisément aux Centrafricains la teneur du contrat de coopération avec les Russes. Il faudra les informer sur ce qui sera demandé en retour d’une aide militaire.  Depuis l’indépendance, le pays des Bantous a été livré par ses propres enfants aux appétits des puissances étrangères.  Depuis l’indépendance, une population méprisée ne survit que grâce à l’aumône internationale, malgré les immenses richesses de son sous-sol, les essences rares de ses forêts et la diversité de sa faune.

Il ne faut plus que les dés soient pipés. Les Centrafricains doivent pouvoir reconquérir leur dignité et faire preuve de leur patriotisme.

 

CE QUIL FALLAIT FAIRE 

Enfin ! Le président Touadera s’est adressé aux forces vives de la nation avec un langage dont nous saluons la fermeté. C’est ce que nous réclamions ici depuis fort longtemps. Nous disions que le pouvoir doit prendre à témoin le peuple souverain et s’appuyer sur lui.

          Il s’agit maintenant de donner des ordres précis de reconquête du territoire aux FACAS et à la MINUSCA. Désormais, il faudra veiller à ce que ces entités accomplissent pleinement leur mission, contrairement à ce qu’on a vu jusqu’ici. La présence des Russes va sûrement changer le cours des choses. Si les ex-Sélékas sont si nerveux et se livrent à toutes sortes d’intimidations, c’est qu’ils ont pris la mesure du danger qui les guette. Il est à parier que les Russes ne lésineront pas sur les moyens militaires qu’ils mettront à la disposition du pouvoir centrafricain et qu’ils sauront affronter les rebelles aux côtés des Forces Armées Centrafricaines. Autant dire que, si les Russes s’engagent vraiment, les jours des bandes armées sont comptés.

          Il faudra donc qu’ils s’apprêtent à rendre compte de tous leurs crimes, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, devant la justice du pays qu’ils ont trahi.

 

      PS : nous apprenons que l’ONU demande à nouveau à Idriss Déby Itno, président du Tchad, de s’occuper de la République Centrafricaine. Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU vient, en effet, de solliciter le concours de Déby, sans, toutefois, le définir précisément.  

C’est une hérésie. Les Casques Bleus tchadiens n’ont pas laissé de bons souvenirs aux Centrafricains, à telle enseigne que l’ONU avait même rédigé un rapport sur leurs comportements criminels – ce qui avait provoqué la fureur du président tchadien ! Il avait alors osé demander à Touadera de démentir avec lui le contenu du rapport.

Au mieux, ce que nous venons d’apprendre est une intox. Au pire, c’est une réalité. Il faudra alors que le pouvoir centrafricain dise s’il est demandeur de cette aberration.

Dans ce cas, ce serait une insulte à la mémoire des victimes de la soldatesque d’Idriss Déby.

                                                                                                                                            JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI 

(24 avril 2018)

 

Monsieur Joseph Akouissonne de Kitiki, l’auteur de l’article.

 

 

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