Centrafrique : Opération ‘’soukoula Km5’’ fait près d’une vingtaine de morts et une centaine de blessés
Bangui, le 12 avril 2018.
Par : Fred Krock, CNC.
Deux jours après le lancement de l’opération conjointe Minusca et forces de sécurité intérieures contre les leaders d’auto-défense du Km5, le dimanche 8 avril dernier, une deuxième opération lancée mardi 10 avril en début d’après midi a occasionné près d’une vingtaine de morts surtout parmi les civils.
« Dans ces violences, ce sont 17 concitoyens qui ont perdu la vie et deux casques bleus de la Minusca », a déclaré ce mardi, Abdou Karim Meckassoua, habitant du Km5 et Président de l’Assemblée nationale. Et de poursuivre, « C’est inacceptable, nous ne voulons pas de mort dans notre pays. Nous ne voulons que la paix. Les forces de maintien de la paix qui interviennent dans notre pays, c’est pour nous aider. Mais si en le faisant et qu’il y a eu cas de mort, c’est nous tous qui sommes endeuillés. Nous devons également prôner le dialogue », a-t-il déploré.
Evidemment, mardi aux environs de 13 heures, une colonne des forces armes centrafricaines appuyées par la Minusca a pénétré le Km5 à la trousses des leaders d’auto-défense dirigés par Nemery Matar Djamous alias ‘’Force’’ qui a échappé à la première tentative d’arrestation, le dimanche dernier. Des tirs à l’arme automatique et à l’arme lourde ont été entendus jusqu’aux environs de 20 heures. « L’objectif de ces opérations n’est pas de s’en prendre aux populations, qu’elles soient chrétiennes, musulmanes ou autres », a indiqué, ce mercredi, le Ministre centrafricain de la communication, Ange Maxime Kazagui, Porte-parole du gouvernement, dans un communiqué.
Le Membre du gouvernement a invité les populations du 3ème arrondissement à « soutenir les opérations conjointes des forces de défense et de sécurité et des casques bleus de la Minusca ». Et de préciser, « il s’agit de mener des opérations qui consistent à traquer ou à débarrasser le Km5 des groupes de bandits, des bandits armés qui empêchent la quiétude des populations et des commerces ».
Dans la foulée de la colère de la population civile du Km5 majoritairement musulmane, des corps des civils ayant perdu la vie dans les affrontements de mardi, ont été transportés par les leaders civils musulmans et étalés devant le siège de la Minusca.
« Si les groupes armés et les fauteurs de troubles sont à Bangui, la justice de notre pays est là, c’est mieux de les arrêter et les amener à la justice qu’ils soient jugés et qu’ils répondent de leurs actes. Mais nous ne pouvons pas accepter que lorsqu’on vient arrêter un fauteur de troubles, que les innocents paient le lourd tribut. C’est inacceptable ! », a déploré Abdou Karim Meckassoua.
La mission conjointe Union africaine – Nations unies, conduite par M. Smaïl Chergui Commissaire Paix et Sécurité de l’Union Africaine et M. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire-Général adjoint des Nations Unies, arrivée mardi à Bangui, a également déploré ce regain de violences. « Etant arrivés hier, nous sommes également préoccupés par les tensions persistantes dans le quartier du kilomètre 5 de Bangui. Les opérations conduites par le Gouvernement et la MINUSCA le 8 avril visaient assurément à arrêter les éléments criminels qui mettent en péril la vie de citoyens paisibles, dans un quartier qui est le poumon économique de Bangui. Dans ces moments difficiles, nous tenons avant tout à exprimer nos sincères condoléances aux familles des victimes et déplorons les nombreux blessés à qui nous souhaitons un prompt rétablissement », peut-on lire dans le communiqué conjoint rendu publique ce mercredi.
Ce bilan reste provisoire, puisque des corps continuent d’être découverts aux environs du Km5.