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CENTRAFRIQUE : QUEL ANNIVERSAIRE POUR LES DEUX ANS DE POUVOIR DU PRÉSIDENT FAUSTIN-ARCHANGE TOUADERA ?

CENTRAFRIQUE : QUEL ANNIVERSAIRE POUR LES DEUX ANS DE POUVOIR DU PRÉSIDENT FAUSTIN-ARCHANGE TOUADERA ?

 

 

 

Le Président Touadera et Catherine Samba-Panza le 30 mars 2016 à Bangui.

 

 

Bangui, le 30 mars 2018.

Par : Joseph Akouissonne de Kitiki, CNC.

 

UN PAYS MEURTRI

          Le président de la République a parfaitement le droit de célébrer l’anniversaire de son accession au pouvoir. Nul ne peut le contester. C’est une manière d’associer tous les citoyens à l’évaluation du travail accompli pendant ces deux dernières années.     

          Mais le bilan est mitigé et même franchement difficile à évaluer. Certes, le président Touadera a hérité d’un pays à la renverse dans tous les domaines. Un pays à la souveraineté bafouée. Un pays en guerre, où des Centrafricains égarés sont allés jusqu’à s’associer avec des mercenaires étrangers pour saccager leur propre patrie. Un pays frappé par un embargo inacceptable, imposé par l’ONU, qui l’a transformé en proie idéale pour les bandes armées.

          Remettre le pays en état s’est donc avéré particulièrement difficile. Mais est-ce raisonnable de festoyer aujourd’hui dans une République Centrafricaine à la dérive ?

          Le pays craque de partout. La menace de partition n’a jamais été aussi grande. Depuis la Transition, à part Bangui où règne une illusion de paix, le territoire est à 60% occupé et administré par des ex-Sélékas. Les préfets de la République ne peuvent même pas être installés dans les provinces qui ont été annexées par ces criminels. Ils se retrouvent forcés de rebrousser chemin à cause de ces rebelles, insolents et arrogants. En matière de sécurité, c’est une catastrophe. Une descente aux enfers pour des populations abandonnées et en errance vous confère votre fonction, nous ne pouvons que vous interroger sur les festivités organisées pour cet anniversaire. N’est-il pas légitime que le peuple centrafricain s’inquiète ? On annonce 1 milliard et demi de CFA. La Centrafrique, qui survit grâce à l’aumône internationale, peut-elle se payer le luxe d’une telle dépense ? Ceux qui festoieront n’auront-ils pas l’impression de bambocher sur des ossuaires ? Il n’est pas décent, devant un peuple affamé, en souffrance et martyrisé par des bandes armées, d’organiser des agapes de ce genre.

 

UN AUTRE CHOIX POUR MARQUER CET ANNIVERSAIRE ?

          Il pourrait être judicieux, à l’occasion de cet anniversaire, d’inviter les Centrafricains à une journée de réflexion. Cette commémoration serait alors l’occasion d’une réflexion collective sur l’avenir du pays. Et, plutôt que de dépenser sans compter pour festoyer, on affecterait le milliard et demi de CFA aux urgences. Elles sont, malheureusement, bien nombreuses. Dans les provinces, sous le joug des assaillants, l’insécurité est organisée pour, d’une part, terroriser la population et, d’autre part, intimider et impressionner le pouvoir. Il y a donc fort à faire pour redresser le pays.

          C’est pourquoi l’opportunité et la justesse de ces festivités n’apparaissent pas comme évidentes. Il faudrait juste convier les Centrafricains à une cérémonie des plus sobres et profiter de cet anniversaire pour renforcer la cohésion sociale du pays.

          Monsieur le Président de la République, pourrions-nous respectueusement vous suggérer aussi d’inclure dans cette célébration un juste hommage aux victimes ? Deux cent mille morts environ, en quatre ans de crise et un nombre incalculable d’exilés. Comment les oublier ?  

          Il faudrait peut-être aussi profiter de cette occasion solennelle pour procéder à la nomination d’un gouvernement D’union NATIONALE, avec, si possible, un Premier Ministre issu de l’opposition ou de la société civile. C’est en s’appuyant sur les forces vives de la nation, sur l’intelligence et les ressources de tout un chacun qu’on peut avancer.

          Aujourd’hui, c’est bien la survie de la République Centrafricaine qui est en jeu. Et c’est « tous ensemble », comme le disait Barthélémy Boganda, que les Centrafricains sortiront leur pays des abîmes.

                                                                                                                      JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

(7

30 mars 2018)

 

Monsieur Joseph Akouissonne de Kitiki, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

 

 

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