Centrafrique : Médecins sans frontières en danger à Bria
Bangui, le 7 décembre 2017.
Par : Fred Krock, CNC.
L’équipe de Médecins sans frontières (Msf) basée à Bria a frôlé le pire, le lundi dernier. C’est alors que les humanitaires se sont mobilisés au maximum au chevet des victimes, au moment de l’affrontement opposé Anti-balaka et les Casques bleus, que Msf a failli connaitre le pire. Toutefois, le climat a complètement entravé la mission de l’organisation dans la région.
Au même titre que les Casques bleus, la République centrafricaine tend à devenir un pays dangereux pour les humanitaires censés être neutres et libres de leurs activités même en période de guerre dans un pays donné. L’événement de Bria recentre bien toute la problématique du couloir humanitaire. Selon le communiqué rendu publique par Msf dont CNC a eu copie ce mercredi 6 décembre, l’équipe Msf de Bria a échappé belle au pire. « Une ambulance de Msf transportaient un blessé du site des déplacés de Pk3 jusqu’à l’hôpital de Bria, où l’organisation soutient le service de pédiatrie et la prise en charge chirurgicale des blessés, a été interpellée par des hommes armés. Ceux-ci ont braqué leurs armes sur l’ambulance refusant que le blessé soit conduit à l’hôpital. L’incident s’est terminé sans heurts, mais le blessé n’a pu être transféré », peut-on lire dans le communiqué du Msf.
Cette situation considérée comme une menace directe contre la mission des humanitaires en Centrafrique, a fait que l’intervention de Msf à Bria a pris du plomb dans l’aile. Toutefois, le communiqué précise qu’afin de préserver un minimum d’assistance médicale et humanitaire en temps de conflit, il est essentiel que les structures et le personnel médical soient respectés, que le passage des ambulances soit facilité et que toute personne malade ou blessée puisse avoir accès à des soins médicaux. Ceci pour le bien de tous.
Mme Anne-Marie Boyeldieu, Cheffe de mission Msf Centrafrique tient, à cet effet, faire une mise en point : « Notre travail consiste à apporter des soins médicaux gratuits à ceux qui en ont besoin, ceci indépendamment de leur origine, de leur croyance ou de leur affiliation politique », rappelle-t-elle avant de marteler que « nous ne pouvons pas le faire si nos équipes sont menacés ».
Profitant de la circonstance, Mme Anne-Marie lance un appel aux groupes armés présents dans la localité d’observer scrupuleusement les principes humanitaires : « nous demandons instamment à toutes les forces armées présentes dans la région, et tout particulièrement à leurs chefs ou responsables hiérarchiques, de faciliter le travail du personnel médical en laissant circuler les ambulances et en laissant passer toute personne malade ou blessée qui tente de rejoindre nos structures ».
Il faut également noter qu’en matière humanitaire, un combattant blessé n’est plus en mesure de se battre et que selon le Droit humanitaire international, celui-ci a le droit d’être pris en charge au plan médical.
Pour le cas de la victime transportée par l’ambulance de Msf à Bria, c’est finalement le jour suivant qu’il a été pris en charge.
Une fois de plus, le travail humanitaire doit faire l’objet d’une vaste compagne de sensibilisation en milieu des groupes armés. Seulement, les rebelles, surtout des mercenaires étrangers qui pullulent actuellement en Centrafrique n’ont aucun intérêt ni dans la cohésion sociale, ni dans le respect des droits humanitaires, d’où nécessité pour les forces régulières dont la Minusca d’user de la force pour faire entendre raison à ces seigneurs de guerre.