Sabyanne Sambourie, mère de cinq enfants, morte dans un bloc opératoire à l’hôpital de Bangui : Que s’est-il passé ?

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Sabyanne Sambourie, mère de cinq enfants, morte dans un bloc opératoire à l’hôpital de Bangui : Que s’est-il passé ?

 

Sabyanne Sambourie, mère de cinq enfants, morte dans un bloc opératoire à l’hôpital de Bangui : Que s’est-il passé ?
Au bloc opératoire de l’hôpital communautaire

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Sabyanne Sambourie, 40 ans, originaire de Paoua, venue à Bangui pour une opération banale, décède tragiquement. Sa famille accuse l’hôpital. Que révèle ce drame sur notre système de santé ?

 

Le 22 avril 2025, la ville de Bangui a été troublée par le décès tragique de Sabyanne Sambourie, une mère de cinq enfants âgée de 40 ans, originaire de Paoua. Venue dans la capitale centrafricaine pour une intervention chirurgicale visant à retirer un ganglion au cou, elle n’a malheureusement pas survécu à l’opération. Ce drame, survenu à l’hôpital ORL, a plongé sa famille dans une profonde douleur et provoquer une vague d’indignation au sein de la population et du milieu médical. Loin d’être un incident exceptionnel, ce décès s’inscrit dans une série de tragédies qui interrogent la capacité de nos hôpitaux à protéger les vies qui leur sont confiées.

 

Une tragédie qui brise une famille

 

Sabyanne Sambourie vivait à Paoua, où elle élevait ses cinq enfants aux côtés de son époux, Roger Mamadou Yongoro. Depuis des années, une douleur persistante au cou l’affaiblissait, la poussant à chercher des soins spécialisés. Consciente des limites des structures médicales locales, la famille a rassemblé ses maigres ressources pour se rendre à Bangui, espérant une prise en charge à l’hôpital ORL. Le lundi 21 avril au soir, Sabyanne Sambourie et Roger sont reçus par des internes, qui décident de l’admettre pour une opération prévue le lendemain.

 

Mais ce qui devait être une intervention de routine s’est transformé en cauchemar. Le mardi matin, Sabyanne Sambourie entre au bloc opératoire. Quelques heures plus tard, Roger apprend l’impensable : sa femme est décédée. Selon le rapport médical remis à la famille, un arrêt cardiaque serait la cause du décès. Une explication vague, qui laisse les proches dans l’incompréhension et la colère. « Elle était venue pour un ganglion, une opération simple. Comment a-t-elle pu mourir ? », s’interroge Roger, effondré. Pour la famille, ce drame ne peut s’expliquer que par une faute médicale.

 

Un système de santé à l’agonie

 

L’histoire de Sabyanne Sambourie n’est pas un cas à part ; elle reflète les failles béantes d’un système de santé centrafricain en crise. À Bangui, l’hôpital ORL, comme la plupart des établissements publics, fonctionne dans des conditions précaires : équipements vétustes, pénurie de médicaments, personnel débordé et souvent sous-formé. Les internes, qui ont pris en charge Sabyanne Sambourie, opèrent fréquemment sans supervision adéquate, livrés à eux-mêmes dans un environnement où l’erreur peut être fatale. « Nos médecins ne sont pas toujours fautifs, mais ils travaillent dans un système qui les dépasse », confie à CNC un soignant de l’hôpital, sous couvert d’anonymat.

 

Cette réalité n’est pas nouvelle. Les hôpitaux de Bangui, y compris le centre hospitalier universitaire, font face à des coupures d’électricité régulières, des ruptures de stock de matériel de base et une absence de protocoles standardisés. Pour les patients, se rendre à l’hôpital revient trop souvent à jouer à la roulette russe. « Tu viens pour te soigner, tu finis à la morgue », déplore un habitant de la capitale. Cette phrase, répétée dans les quartiers, traduit une défiance croissante envers un système censé guérir mais qui, trop souvent, trahit.

 

Le diabète, un danger sous-estimé ?

 

Si le rapport médical mentionne un arrêt cardiaque, aucune précision n’indique si des facteurs aggravants, comme le diabète, ont été pris en compte. Cette maladie, en forte hausse en Centrafrique, est souvent au cœur de complications médicales. « Avant une opération, les médecins devraient systématiquement vérifier la glycémie des patients », explique un ancien chirurgien. « Sans cela, un traitement inadapté, comme une perfusion de glucose sur un diabétique non diagnostiqué, peut provoquer un choc mortel ». Bien que rien ne confirme que Sabyanne Sambourie souffrait de diabète, l’absence de dépistage systématique dans les hôpitaux est une faille majeure.

 

Le diabète n’est qu’une pièce du puzzle. Les infections nosocomiales, les erreurs de diagnostic et les complications post-opératoires sont des causes fréquentes de décès. En janvier 2025, deux patients sont morts dans des circonstances similaires à l’hôpital universitaire de Bangui, entraînant une suspension temporaire des admissions. Chaque fois, les mêmes mots reviennent : « arrêt cardiaque ». Mais derrière cette formule, se cachent souvent des erreurs humaines, des équipements défaillants ou des protocoles inexistants. Ces tragédies, qui se répètent, soulignent une vérité cruelle : les hôpitaux centrafricains, faute de moyens et de rigueur, sont devenus des lieux où la mort rôde.

 

Une colère qui gronde

 

Le décès de Sabyanne Sambourie a enflammé les réseaux sociaux et les conversations à Bangui. La famille, soutenue par une communauté indignée, exige justice. « Nous voulons des réponses. Une mère de cinq enfants ne peut pas mourir comme ça », martèle un proche. Le Conseil de l’Ordre des médecins de Centrafrique, saisi de l’affaire, a promis une communication officielle ce vendredi. Mais pour beaucoup, cette enquête risque de s’enliser, comme tant d’autres avant elle. Les précédents, comme les décès suspects à l’hôpital universitaire en 2024, n’ont abouti à aucune réforme significative.

 

Ce drame s’inscrit dans un contexte de méfiance généralisée envers le système de santé. Les récits de patients décédés après des interventions mineures ou des diagnostics erronés sont légion. En 2018, un rapport de l’Organisation mondiale de la santé soulignait que la Centrafrique avait l’un des taux de mortalité hospitalière les plus élevés d’Afrique centrale, en raison du manque de personnel qualifié et d’infrastructures. Sept ans plus tard, les progrès sont minimes. Les efforts des ONG et des partenaires internationaux, bien que louables, ne suffisent pas à combler le vide laissé par un État dépassé.

 

Un sursaut nécessaire

 

La mort de Sabyanne Sambourie Sambourie est plus qu’une tragédie familiale ; elle est un cri d’alarme. Combien de mères, de pères, d’enfants devront encore mourir avant que le système de santé ne soit réformé ? Des mesures urgentes s’imposent : formation continue des soignants, modernisation des équipements, instauration de protocoles stricts, comme le dépistage systématique du diabète avant toute intervention. Le gouvernement, avec l’appui de la communauté internationale, doit faire de la santé une priorité absolue, au même titre que la sécurité.

 

En attendant, les cinq enfants de Sabyanne Sambourie grandiront sans leur mère. Leur douleur, partagée par une nation lasse des promesses non tenues, doit devenir un moteur de changement. Car en Centrafrique, aller à l’hôpital ne devrait pas être un acte de bravoure, mais un droit fondamental. La mémoire de Sabyanne mérite cette justice….

 

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