Rentrée académique à l’Université de Bangui : Samba Panza sollicite l’expertise des universitaires pour la sortie de crise en RCA
Bangui, Corbeau News Centrafrique (CNC): 12-11-2014. La crise sécuritaire qui a cloué toutes les institutions de la République n’a pu empêcher indéfiniment l’ Université nationale à ouvrir ses portes pour l’année académique 2014-2015. C’est la présidente de la transition, Mme Catherine Samba Panza qui a personnellement présidé ce 12 novembre 2014, la cérémonie marquant cette rentrée académique à l’Université de Bangui, en présence de Pr Bernard Simiti, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Pr Gustave Bobossi Serengbe, Recteur de l’université de Bangui et Kevin Yabada, Président de l’ANECA (Association nationale des étudiants centrafricains).
« En ma qualité de Chef de l’Etat et de mère de la Nation, il était temps que je visite ce haut lieu de savoir de notre pays après avoir eu bonne lecture des activités qui y sont menées, mais surtout des difficultés auxquelles sont confrontés aussi bien les étudiants, les enseignants que l’administration universitaire. » a déclaré la présidente de la transition Catherine Samba Panza pour justifier son tout premier déplacement de l’Université de Bangui en tant que chef de l’Etat. Elle a ajouté que sa présence répond « à la fois à la sollicitation des membres du bureau de l’ANECA et du bureau du SYNAES (Syndicat nationale autonome des enseignants du supérieur) que j’avais reçu successivement en mois d’avril et en mois de juillet, mais aussi à l’aimable invitation du chancelier de l’université de Bangui. C’est avec un grand plaisir que je foule aujourd’hui le sol du Campus universitaire à l’occasion de la double célébration de la rentrée académique 2014-2015 et de la Journée de l’Université africaine. »
Kevin Yabada, Président de l’ANECA a passé au scanner les multiples défis auxquels l’université fait face sont immenses et qui justifient les dysfonctionnements qui paralysent l’unique université nationale : « Il est important que nous portons à votre connaissance qu’aujourd’hui, l’université est dans l’abîme. On est dans l’abîme pour la simple raison que tout est à refaire. Aujourd’hui, le calendrier universitaire n’est pas respecté. Le paiement des vacations des enseignants n’est pas respecté ; les volumes des cours horaires TP et TD ne sont pas contrôlés ; les documents que contient la bibliothèque portent encore les cachets impériaux – des documents datant de 410 à 415 avant Jésus Christ ; les quotas de bouses demeurent les mêmes, alors que l’effectif des étudiants ne fait qu’augmenter ; le budget alloué au restaurant universitaire lorsque l’université comporte 3 000 étudiants reste le même au moment où cette dernière compte 25 000 étudiants – la capacité d’accueil e répond plus aux besoins de l’heure ; la vétusté des matériels dans les laboratoires ; l’inexistence des outils informatiques ; l’état délabré des cités universitaires… » a-t-il énuméré.
Par ailleurs, le Recteur de l’université de Bangui Pr Gustave Bobossi Serengbe trouve les fondements de tous ces maux qui minent l’Université dans les récurrentes crises sécuritaires et politiques dans lesquelles patauge toute la République centrafricaine depuis la prise de pouvoir de la rébellion de Séléka en mars 2013, sans oublier la destruction du pays qui a commencé dans les villes de provinces depuis le 12 décembre 2012 – date de la naissance de cette rébellion. « La crise militaro-politique qui a frappé notre pays en 2013 couplée avec des grèves récurrentes des enseignants ont eu un impact négatif sur l’année académique 2012-2013. Notre institution a enregistré six mois d’inactivités qui a conduit à l’invalidation de l’année académique 2013-2014 par la ministre de l’Education nationale, Chancelière de l’Université dans quatre établissements sur les neuf que compte l’université de Bangui, à savoir la faculté des Lettres et sciences humaines, la faculté des Sciences politiques et juridiques, la faculté des Sciences de la santé et la faculté des Sciences. » a noté Pr Gustave Bobossi Seregngbe.
Eu égard à l’état des lieux présenté par les habitants de la maison de l’Université de Bangui, Samba Panza n’a pas voulu rester insensible. « Je ressens donc légitime fierté d’être parmi vous et je puis vous rassurer que j’ai pris bonne note des différents messages que vous avez bien voulu porter à ma connaissance […] Non seulement j’ai pris bonne note, mais je ferai en sorte que les idées fortes que vous avez développées et qui sont susceptibles d’apporter une amélioration dans la situation dramatique de notre pays soient capitalisées, mais surtout opérationnalisées. » a rassuré la présidente.
Le Chef de l’Etat a profité du moment pour rappeler aux universitaires leurs rôles et places, lorsque le pays est en crise. « Dans l’urgence des questions cruciales de notre vivre ensemble harmonieux, menacé par les conflits sociaux et interreligieux par exemple, je crois que les universitaires ne devraient pas rester les bras croisés puisqu’ils ont là, une fenêtre d’opportunités pour mettre en pratique tout le savoir qu’ils ont accumulé en Anthropologie, en Histoire de société, en Sociologie, en Economie, en Philosophie, en Science politique et en Psychologie, que sais-je encore… Je formule le vœu ardent que notre université qui a participé au forum de Brazzaville s’implique concrètement dans le processus actuel de préparation et d’organisation, non seulement de la réconciliation intercommunautaire à la base, mais aussi du dialogue politique au sommet en apportant toute son expertise. »
Entre temps, la rentrée universitaire 2014-2015 intervient dans un contexte particulièrement tendu du fait que le SYNAES a déjà, depuis lundi 10 novembre dernier, déclenché une grève pour revendiquer l’apurement des arriérés des heures supplémentaires, des vacations et l’incorporation des nouveaux enseignants dans la fonction publique. Aussi, les étudiants musulmans du Km 5 pleurent encore leur sort pour pouvoir accéder à l’Université à cause de la méfiance encore pesante entre musulmans et chrétiens à Bangui.
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