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QUAND L’ENRICHISSEMENT ILLICITE ET LE NEPOTISME AURONT PLOMBÉ LE REGIME DE TOUADERA. (ENQUÊTE DU CNC).

Le chef de l'État Faustin Archange Touadera et son ex-directeur de campagne et chef du parti présidentiel MCU Simplice Mathieu Sarandji.
Le chef de l’État Faustin Archange Touadera et son ex-directeur de campagne et chef du parti présidentiel MCU Simplice Mathieu Sarandji.

 

Bangui (République centrafricaine)| CNC – La rupture avec les mauvaises pratiques de pouvoir caractéristiques de la mauvaise gouvernance telle que le népotisme (nombreuses nominations de parents et membres de sa propre famille dans l’appareil de l’État, affairisme et enrichissement sans cause) – qui dans le passé ont tant fait du mal à notre pays – avait été le thème de prédilection du « candidat du peuple » Faustin Archange Touadera et son équipe de campagne électorale lors des présidentielles de 2015-2016. Malheureusement dans les faits, non seulement les Centrafricains n’ont pas vu cette rupture prônée à cor et à cri, mais force est de constater que plusieurs parents et principaux dignitaires du régime de Touadera auront largement profité de l’accession à la magistrature de ce dernier pour s’enrichir personnellement.

 

Si le professeur de mathématiques continue de dormir dans sa modeste maison de Boy-Rabe édifiée laborieusement par ses propres moyens lorsqu’il fut recteur de l’Université de Bangui puis PM de Bozizé, ce n’est point le cas de beaucoup de ses parents et compagnons de victoire de 2016, à commencer par son directeur national de campagne Simplice Mathieu Sarandji promu après, Premier Ministre et actuellement SG du parti politique MCU crée pour permettre à Touadéra de se succéder à lui-même en 2021. Quelques cas illustrent parfaitement le fait que la réalité est aux antipodes des promesses démagogiques de campagne électorale.

 

Le cas Sarandji

 

Très emblématique de l’enrichissement personnel par prédation financière des deniers publics, le cas de ce professeur de géographie qui naguère habitait dans une modeste maison difficile d’accès dans sa belle-famille au quartier Combattant avant d’être promu PM crève le seuil de l’indécence. Très peu de temps après sa prise de fonction comme PM, un véritable palais est sorti de terre à la sortie Nord de Bangui. Et comme si cela ne suffisait pas, il s’est méthodiquement employé à acquérir tous les lopins l’environnant. Quelques-uns sont en chantier dont un immeuble d’un niveau comme son palais situé juste en face.

Toujours à Bangui, on rapporte plusieurs autres acquisitions à mettre au crédit de SMS, dont l’immeuble en chantier inachevé que le défunt Faustin Zagui a commencé à construire à la place de l’ex-hôtel Minerva sur l’avenue David Dacko au centre-ville de Bangui avant que la mort l’ait emporté. C’est la mutation du titre foncier de cette propriété qui a fuité qui a révélé l’identité du nouveau propriétaire comme Simplice Mathieu Sarandji. De même, c’est lorsque les députés ont rejeté le projet de construction en dur de la tribune du défilé sur l’avenue des Martyrs que le ministre des finances Henri Marie Dondra avait prévu dans le projet de budget de la nation 2018-2019 qu’on a su que l’entreprise qui était retenue pour construire l’ouvrage était celle d’un certain Simplice Mathieu Sarandji. Il s’agissait d’un marché de plus d’un milliard de F CFA excusez du peu !

En province, notamment dans sa ville natale Baoro dans la Nana Mambéré (Ouest), outre une école et un poste de santé, il y a bâti une véritable résidence secondaire dont l’architecture contraste avec les constructions misérables des populations de cette ville qui est à remarquer.

A l’étranger également, on rapporte l’existence de biens immobiliers lui appartenant au Cameroun et on en passe.

Voilà pour le tableau de chasse pour le moins garni, d’un modeste professeur de géographie, ex-secrétaire général de l’Université de Bangui qui, avant de devenir PM s’abritait dans sa belle-famille dans un modeste logis. Les Centrafricains comprendront pourquoi Simplice Mathieu Sarandji n’a jamais fait la déclaration de ses biens comme l’y oblige la Constitution, ni à son entrée en fonction comme PM ni à plus forte raison après son départ de la primature. La Constitution ne dispose pourtant pas que la déclaration des biens est laissée au libre choix et à la volonté de ceux qui y sont astreints de par leur fonction qu’ils doivent exercer.

 

Le cas Arthur Bertrand Piri

 

Pour avoir meublé les temps d’antenne du candidat Touadera, son oncle, durant la campagne électorale de 2015, ce neveu du mathématicien, auparavant illustre inconnu, a exigé et obtenu d’être nommé Contrôleur général des sociétés et offices publics avec « rang de Ministre ». Pourquoi s’affubler d’une telle appellation si ce statut ne donne même pas droit de prendre part au conseil des ministres ?. Bien lui en a quand même pris car peu de mois seulement après sa prise de fonction, il a fait sortir de terre au PK 22 (route de Damara), une immense bâtisse à vocation de motel, boîte de nuit, dancing et restaurant, réalisation dont il se targue et proclame à qui veut l’entendre, d’avoir financé sa construction « sans crédit bancaire ! Où donc a-t-il bien pu trouver l’argent qui lui a permis d’édifier si vite un tel immeuble car tout contrôleur général des sociétés et offices publics avec « rang de ministre » qu’il est, son simple salaire ne lui permettra jamais d’accomplir un tel exploit. Il a donc bien dû prendre l’argent quelque part, on sait où !. Il a mis les sociétés d’état et offices publics sous sa coupe et fort de la règle du « programme d’emploi » auquel sont tenus de se conformer les responsables des sociétés et offices publics, il n’a de cesse de mettre ceux-ci sous pression, s’ingérant grossièrement dans leur gestion au quotidien, leur faisant constamment du chantage voire les menaçant même souvent de les limoger et ceci, publiquement sur les antennes de la radio nationale. Tout Bangui s’accorde à dire que c’est grâce aux fruits résultant de la corruption et des prébendes qu’il a construit sa fortune.

Arthur Piri est réputé pour monnayer systématiquement les nominations à certaines fonctions dans l’appareil d’Etat et de DG à la tête des sociétés ou aussi faire retarder moyennant rétribution, le départ à la retraite de certains fonctionnaires, la retraite étant vécue en Centrafrique comme une abomination. Depuis la création du parti présidentiel Mouvement des cœurs unis (MCU), la toute-puissance de Piri s’est encore accrue. Du temps du PM SMS, il contribuait aux côtés de ce dernier à retoquer la plupart des projets de décrets portant mouvement et nomination des cadres et personnel de certains ministères dont les titulaires ne sont pas MCU car provenant d’autres partis politiques. Firmin Ngrébada qui a succédé à SMS a immédiatement été victime de Piri et ses méthodes ci-dessus évoquées, à telle enseigne qu’il a cru devoir proposer en conseil de ministre un projet de décret pour réduire les pouvoirs colossaux que Piri s’est attribués mais malheureusement cette initiative aurait été rejetée par le chef de l’exécutif himself.

(La suite de cette tribune au prochain numéro avec d’autres impétrants sur la liste des corrompus et coupables de biens mal acquis, véritables fossoyeurs de la République)

 

 

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