Pourquoi la mise en place des Zones Économiques Spéciales  en Centrafrique constitue  Un pari audacieux face à des défis majeurs?

0
199

Pourquoi la mise en place des Zones Économiques Spéciales  en Centrafrique constitue  Un pari audacieux face à des défis majeurs?

 

Pourquoi la mise en place des Zones Économiques Spéciales en Centrafrique constitue Un pari audacieux face à des défis majeurs?
Thierry Patrick Akoloza

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 La République Centrafricaine  veut changer la donne économique avec un projet ambitieux : créer des Zones Économiques Spéciales (ZES). L’idée ? Booster l’emploi, produire plus localement et donner un coup de fouet à une économie en difficulté. Mais dans un pays où tout manque : routes, électricité, stabilité, ce plan peut-il vraiment tenir la route ?

 

Un projet pour relancer l’économie

 

Le gouvernement centrafricain, via son ministre du Commerce et de l’Industrie, Thierry Patrice Akoloza, a annoncé la création de ZES dans plusieurs coins du pays. Ces zones, bien délimitées, doivent offrir tout ce qu’il faut aux entreprises : électricité fiable, routes praticables, eau potable, et même des avantages fiscaux comme des exonérations sur les douanes et des démarches administratives simplifiées. Le but est simple : attirer des investisseurs, créer des jobs, surtout pour les jeunes, et produire localement pour dépendre moins des importations.

 

Pour démarrer, trois sites ont été choisis : PK-26, tout près de Bangui, Boali, avec ses atouts agricoles et énergétiques, et Bossangoa. À Boali, une étude est en cours avec l’aide de la Banque Africaine de Développement (BAD) et de la Banque Mondiale pour voir si le projet tient la route. Ce plan s’inscrit dans une vision plus large : remettre l’économie centrafricaine sur les rails et donner un avenir à une population qui en a bien besoin.

 

Les ZES, une belle idée… mais pas sans risques

 

Sur le papier, les ZES ont tout pour plaire. Elles attirent les investisseurs étrangers, créent des emplois, diversifient l’économie et permettent à un pays de se connecter aux marchés mondiaux. Pour la RCA, où les entreprises galèrent avec des infrastructures défaillantes et des lourdeurs administratives, ces zones pourraient être une bouffée d’oxygène en offrant un cadre plus simple et efficace.

 

Mais l’expérience, surtout en Afrique et dans des pays en crise, montre que les ZES ne marchent pas toujours. Souvent, les projets sont mal pensés : on choisit des endroits qui ne collent pas, on voit trop grand, ou on oublie ce que le pays peut vraiment offrir. Les infrastructures promises – électricité, routes – coûtent cher à construire et à entretenir, surtout quand tout le reste du pays est à la traîne. La corruption et une gestion bancale peuvent aussi tout gâcher, en effrayant les investisseurs sérieux. Selon une enquête d’Afrobarometer, 67 % des Africains pensent que leurs gouvernements ne font pas assez contre la corruption, et la RCA ne fait pas exception.

 

Un autre problème fréquent, c’est que les ZES deviennent des bulles coupées du reste du pays. Elles produisent pour l’exportation, importent presque tout ce dont elles ont besoin, et ne profitent pas beaucoup à l’économie nationale. En RCA, où les petites entreprises sont rares, ce risque est encore plus grand. Les ZES pourraient se limiter à des activités simples, comme assembler des produits ou extraire des ressources, sans vraiment transformer l’économie.

 

La RCA, un terrain miné pour les ZES

 

La RCA, c’est un pays où tout est compliqué. Sept personnes sur dix vivent dans la pauvreté, et près de 66 % sont dans une misère extrême. L’école ? Seulement 37 % des adultes savent lire et écrire, et le niveau de formation est parmi les plus bas au monde. Résultat : trouver des travailleurs qualifiés pour des usines ou des entreprises modernes, c’est mission impossible. Côté nourriture, plus de 60 % de la population a du mal à manger à sa faim, et le pays importe presque tout, ce qui le rend vulnérable aux hausses de prix.

 

Les infrastructures, c’est encore pire. En 2022, à peine 6 % des foyers avaient l’électricité, et même à Bangui, les coupures sont monnaie courante. Les routes ? La plupart sont en piteux état, ce qui rend les transports coûteux et lents. L’eau potable ? Seuls 4 % des Centrafricains y ont accès. Et pour Internet, c’est le désert : la RCA n’est même pas connectée à la fibre optique, et seulement 10 % de la population va en ligne. Construire des ZES avec des infrastructures au top dans ce contexte, c’est comme vouloir bâtir une maison sur du sable.

 

Et puis, il y a la politique et la gestion du pays. La RCA sort à peine d’années de conflits, et même avec un accord de paix signé en 2019, la violence reste un problème. Les institutions sont faibles, et la corruption est partout. Des projets comme le port sec de PK-26, près de Bangui, sont déjà dans la tourmente à cause de soupçons de mauvaise gestion. Avec une dette publique qui grimpe à 60 % du PIB, l’État n’a pas les moyens de se lancer dans des projets pharaoniques sans aide extérieure.

 

Les sites pilotes : des choix qui posent question

 

Les trois sites choisis pour tester les ZES ont chacun leurs forces et leurs faiblesses. PK-26, proche de Bangui, a l’avantage d’être bien placé pour la logistique et les marchés. Mais le port sec, qui pourrait être un atout, est déjà au cœur de polémiques sur sa gestion, ce qui n’inspire pas confiance. Boali, avec ses terres agricoles et son potentiel pour l’énergie hydroélectrique, pourrait devenir un pôle agro-industriel. Mais pour ça, il faudrait des usines, des entrepôts frigorifiques, des routes,  tout ce qui manque cruellement aujourd’hui. Pour Bossangoa, il doit composer avec les mêmes problèmes de sécurité et d’infrastructures que le reste du pays.

 

L’aide internationale, une arme à double tranchant

 

La BAD et la Banque Mondiale, qui financent l’étude sur Boali, apportent leur savoir-faire et leur argent, ce qui est une bonne nouvelle. Mais compter trop sur l’étranger, c’est risqué. Si la RCA ne prend pas les rênes du projet et ne renforce pas ses propres équipes, ces ZES pourraient s’effondrer dès que l’aide s’arrête. Et les conditions imposées par ces partenaires, comme des réformes de gestion, peuvent être mal acceptées ou appliquées en surface, sans vrai changement.

 

Comment faire pour que ça marche ?

 

Pour que les ZES ne soient pas un flop, la RCA doit jouer serré et revoir ses priorités. Voici quelques pistes concrètes :

 

  1. Nettoyer la gestion publique : Sans une lutte sérieuse contre la corruption et des règles claires, les ZES vont attirer les profiteurs, pas les vrais investisseurs. Il faut des processus transparents pour tout : licences, terrains, avantages fiscaux.
  2. Construire des bases solides : Avant de rêver à des zones high-tech, il faut des routes, de l’électricité et de l’eau pour tout le pays. Ça profitera à tout le monde, pas juste à quelques enclaves.
  3. Commencer petit : Plutôt que de voir grand tout de suite, un seul projet pilote, bien ficelé, dans un secteur comme l’agro-alimentaire à Boali, pourrait montrer la voie sans ruiner le pays.
  4. Former les gens : Sans écoles, sans formations, pas de travailleurs qualifiés. Investir dans l’éducation, c’est la base pour que les ZES aient du sens.
  5. Suivre et ajuster : Mettre en place un système pour vérifier si les ZES créent vraiment des emplois ou réduisent les importations, et corriger le tir si ça dérape.

 

L’idée des ZES, c’est une belle ambition pour la RCA : relancer l’économie, donner du travail aux jeunes, produire au lieu d’importer. Mais soyons réalistes : sans routes, sans électricité, sans sécurité et sans une gestion honnête, ce projet risque de rester un vœu pieux. Les ZES ne sont pas une baguette magique. Pour qu’elles marchent, le pays doit d’abord régler ses problèmes de fond : pacifier le territoire, reconstruire les infrastructures, former sa population et remettre de l’ordre dans la gouvernance. C’est un travail de titan, mais c’est le seul chemin pour que ce pari audacieux devienne une réussite et profite vraiment aux Centrafricains….

 

CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE

Corbeaunews Centrafrique

Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21

Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com

Rejoignez notre communauté

Chaine officielle du CNC

Invitation à suivre la chaine du CNC

CNC Groupe 3

CNC groupe 4

CNC groupe le Soleil

Note : les deux premiers groupes sont réservés  uniquement aux publications officielles du CNC