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Paris se livre à un discret inventaire de la mission de formation militaire de l’UE

 

Bangui, République centrafricaine, jeudi, 4 novembre 2021, 02:00:02 ( Corbeaunews-Centrafrique ). La France profite du commandement tournant de la mission de formation de l’Union européenne auprès de l’armée centrafricaine pour lancer un vaste audit. Une opération qui devrait déboucher sur une refonte complète, voire sur l’arrêt définitif de celle-ci. 

La remise du drapeau de L'Union Européenne, symbole de commandement de l'EUTM RCA au nouveau commandant, le général de brigade Jacques Langlade de Montgros
La remise du drapeau de L’Union Européenne, symbole de commandement de l’EUTM RCA au nouveau commandant, le général de brigade Jacques Langlade de Montgros. Photo CNC / D. Y. Ibrahim

 

Deux mois après son arrivée à Bangui en tant que commandant de la mission de formation de l’Union Européenne (EUTM) en République Centrafricaine, le général Jacques Langlade de Montgros est actuellement à Paris pour un point d’étape. Cette rotation française risque d’être décisive pour l’avenir de la mission de formation européenne lancée en 2015. Il est d’usage que le commandement de l’EUTM soit assuré alternativement par un français ou un portugais pour six mois.

Paris veut profiter du mandat du général Langlade de Montgros pour réaliser un vaste audit de la mission. L’officier français a multiplié ces dernières semaines les rencontres avec différents interlocuteurs au sein du gouvernement centrafricain et de la Minusca afin de se rendre compte de l’état des Forces armées centrafricaines (FACA).

Forte de cette évaluation, la France compte dans un deuxième temps profiter de la présidence de l’Union Européenne (UE), au premier semestre 2023 pour pousser une réforme en profondeur de la mission. Les scénarios les plus extrêmes vont jusqu’à l’arrêt de celle-ci, même si cette option ne reste pas privilégiée.

 

Un bilan contrasté

 

Sept États membres de l’UE (France, Portugal, Pologne, Espagne, Roumanie et Suède) participent à cette mission d’appui à la reconstruction de l’armée centrafricaine. Celle-ci partait de zéro à la suite de la déroute de 2013 et la chute de François Bozizé face aux rebelles de la Seleka. Depuis, l’EUTM affirme avoir formé plus de 7 000 soldats.

Mais la mission est la cible de nombreuses critiques, près d’un an après le test décisif de l’attaque des rebelles de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC). Celle-ci avait mis au jour de nombreuses lacunes dans le fonctionnement des FACA, qui avaient compté de nombreuses désertions dans leurs rangs.

L’autre interrogation concerne l’articulation de la mission avec les instructeurs russes. Jamais ces deux missions, dont la première est principalement basée à Bangui et la seconde à Berengo, dans la Lobaye, ne se sont mêlées. Mais de nombreux soldats centrafricains sont passés par les deux formations, créant un certain embarras à Bruxelles.

 

Polémique autour du BIT-7

 

Mais l’un des griefs les plus importants aux yeux de Paris concerne la formation d’au moins trois compagnies du bataillon BIT-7 par l’EUTM. La force a été créée le 3 février 2021, trois semaines après l’attaque de Bangui, sous la houlette du conseiller à la sécurité nationale russe Valery Zakharov. Les compagnies devaient notamment intégrer d’anciens miliciens des groupes d’autodéfense du quartier PK5. Devant le tollé provoqué par cette possibilité, le gouvernement avait déclaré avoir fait marche arrière sur ce point.

Or, selon le groupe d’experts des Nations unies sur la Centrafrique,le profil de certaines recrues du BIT-7 originaires de Bangui n’a pas été évalué par la Minusca, comme c’est l’usage, avant leur recrutement. Une situation qui laisse ouverte l’hypothèse que certains miliciens auraient effectivement pu intégrer le bataillon formé par l’EUTM.

 

 

Africa Intelligence 03/11/2021

 

 

 

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