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Les FACA transforment le corridor Bang-Mann en zone de racket organisé

Les FACA transforment le corridor Bang-Mann en zone de racket organisé

 

Un soldat FACA de forces armées centrafricaines.
Un soldat FACA de forces armées centrafricaines. Visite camp Kassai, Bangui le 24 janvier 2010.

 

Bangui, 02 septembre 2024 (CNC).

 La ville de Bang, située à 560 km de Bangui, à la frontière avec le Cameroun et le Tchad, est un point de passage incontournable pour de nombreux commerçants centrafricains. Chaque semaine, des marchands venus des préfectures de l’Ouham, de l’Ombella-Mpoko, de l’Ouham-Pendé ou encore de Lim-Pendé convergent vers le marché frontalier de Mbaïmboum au Cameroun.

 

“Nous venons ici pour nous approvisionner en marchandises diverses”, explique Cyrille, commerçant originaire de Bossangoa. “Ces produits alimentent ensuite les étals des villes comme Bouca, Bossangoa, Nana-Bakassa, Paoua, Bozoum ou Bocaranga, voir même la ville de Dékoua”.

 

corridor Bang-Mann: Un parcours semé d’embûches.

 

Après avoir traversé la frontière et faire les courses sur le marché de Mbaïmboum au Cameroun, le retour en terre centrafricaine s’apparente à un véritable parcours du combattant. “Les routes sont dans un état lamentable, c’est déjà une épreuve en soi”, poursuit Mathieu. Cette situation complique considérablement le transport des marchandises et augmente les coûts pour les commerçants.

Un gendarme centrafricain prospectant des bagages à un barrage routier, en novembre 2017. , VOA, Freeman Sipila  
Un gendarme centrafricain prospectant des bagages à un barrage routier.CopyrightVOA

 

Un système de racket bien rodé sur le corridor Bang-Mann.

 

Le calvaire des commerçants commence dès la frontière, où ils s’acquittent des droits de douane légaux. Mais ce n’est que le début de leurs dépenses.

 

À Bang, les commerçants font face à un premier barrage tenu par les soldats FACA. “Ici, on nous réclame des ‘frais de formalités’ et des ‘frais de désarmement'”, raconte Basile, un autre commerçant. “Pour une moto, ça peut aller de 15 000 à 20 000 FCFA. Pour un camion, ça monte jusqu’à 80 000 FCFA”.

Un homme se tient sur une route en terre dégradée entre Mann et Bang, utilisée quotidiennement par les commerçants malgré son état alarmant.
L’état déplorable de la route entre Mann et Bang met en danger les activités commerciales quotidiennes des habitants. CopyrightCNC

 

Mann : le coup de grâce.

 

Après une dizaine de kilomètres après la ville de Bang, les commerçants arrivent à Mann, où les attend une nouvelle épreuve. “Il y a un bureau de douane ici, on ne sait même pas pourquoi”, s’indigne Cyrille. “On nous fait payer à nouveau des taxes douanières, alors qu’on l’a déjà fait à la frontière”.

 

Mais le pire est à venir. “Les soldats FACA nous demandent exactement le même montant que ce qu’on vient de payer à la douane”, révèle Junior . “Si vous payez 10 000 FCFA à la douane de Mann, vous devez donner 10 000 FCFA aux soldats. C’est un doublement pur et simple de la taxe, pour ne pas dire du vol, ou du braquage des soldats FACA”.

 

Et ce n’est pas fini. “On doit encore payer des ‘frais de désarmement’ ici aussi”, ajoute Mathieu. “C’est un véritable racket organisé”.

Barrière de souffrance sur l’axe Ndim, à 5 km de Bocaranga, où les forces de l'ordre rackettent massivement la population. CopyrightCNC
La barrière de souffrance située à 5 km de Bocaranga, sur l’axe Ndim, où la population est régulièrement rackettée par les forces de l’ordre . CopyrightCNC

 

Une facture exorbitante.

 

Au total, certains commerçants affirment devoir débourser jusqu’à 200 000 FCFA de taxes informelles rien que sur le corridor Bang-Mann , alors qu’au poste-frontière de Béloko, les droits officiels ne dépassent pas 60 000 FCFA pour une marchandise d’une valeur d’un million de francs CFA.

 

Souffrance sur le corridor Bang-Mann : des répercussions dramatiques sur l’économie.

 

Cette situation a des conséquences désastreuses sur l’économie locale. Pour compenser ces frais exorbitants, les commerçants n’ont d’autre choix que d’augmenter leurs prix de vente. Résultat : une flambée généralisée des tarifs sur les marchés, au grand dam des consommateurs déjà durement éprouvés par la crise économique.

 

“Tout augmente, la vie devient impossible“, se lamente Marie, une mère de famille rencontrée au marché de Bocaranga. “On nous dit que c’est à cause des routes, mais en réalité c’est surtout à cause de ce racket organisé par les forces de l’ordre entre Bang et Mann”.

 

Une complicité des autorités.

 

Le plus révoltant dans cette affaire, c’est la complicité des autorités. “Le gouvernement est parfaitement au courant de ce qui se passe sur cet axe”, affirme un fonctionnaire qui souhaite garder l’anonymat. “Mais ils ferment les yeux car cela permet aux FACA de se ‘débrouiller’ pour avoir un revenu supplémentaire. C’est une façon de s’assurer de leur fidélité”.

 

L’urgence d’une reprise en main.

 

L’urgence est donc à une reprise en main de la situation sur cet axe commercial vital. Il en va non seulement de la santé économique du pays, mais aussi de la confiance des citoyens envers leurs institutions. Le gouvernement saura-t-il entendre cet appel avant qu’il ne soit trop tard ?

 

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