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Les déboires de l’AES face à l’insécurité

Les déboires de l’AES face à l’insécurité

 

 

La création de l’Alliance des États du Sahel (AES) fin 2023 avait pour objectif de faire face à l’insécurité. Depuis, les difficultés à l’endiguer et les défis perdurent.

 

Bangui, 03 juin 2024.

Rédigé par la Rédaction du CNC.

 

Selon le rapport de l’ACLED, depuis 2020, le surcroît des violences est sensiblement lié aux divers coups d’États dans ces trois pays, augmentant de plus de 38% le nombre de victimes des conflits. Depuis plus d’une décennie, les violences au Sahel, sont alimentées par les groupes terroristes ainsi que par les conflits internes. L’Alliance des États du Sahel (AES) a vu le jour fin 2023 pour redéfinir la lutte contre le terrorisme et défendre conjointement les trois pays contre les agressions diverses. Toutefois, l’insécurité et les violences dans cette zone ne cessent de croître et démontrent le défi sécuritaire auquel les trois pays font face.

Le Burkina, le Mali et le Niger subissent toujours des attaques terroristes amplifiées par un débordement de violence et de criminalité en provenance des pays frontaliers. Les groupes armés ciblent les populations dans les zones rurales mais aussi les sites miniers aurifères ou encore les convois alimentaires. Début 2024, des groupes djihadistes armés et des milices communautaires ont commis des atrocités au travers du Mali. Des témoins ont déclaré « ils ont envahi le village, tirant sur tout et n’importe qui, pendant plus d’une heure […] ils ont mis le feu à tout le village ». Avec des maisons détruites, des dizaines de civils tués, des milliers de villageois en fuite, les populations font face, seules, en permanence à la menace des groupes armés. Le classement du Global Terrorism Index (GTI) place notamment le Burkina Faso à la première place des pays les plus impactés par le terrorisme. Le Mali se classe 3e et le Niger occupe la 10e position.

En dépit d’une volonté de coopération militaire entre les trois États, le manque de moyens financiers et techniques, mais également la fébrilité des gouvernances, induit un échec sécuritaire sur une superficie de plus de 2,6 millions de km². Dans un rapport, Human Rights Watch déplore « qu’aucun progrès significatif n’ait été observé […] ». Des témoins des attaques regrettent le manque de protection : « Ces attaques se poursuivent parce que les terroristes jouissent d’une grande liberté d’action et ne sont jamais tenus de rendre des comptes ». Conjugués à l’inflation, la corruption et le changement climatique, des millions de personnes se retrouvent dans des conditions de vie insoutenables.

L’insécurité et les conflits armés qui s’intensifient entraînent le déplacement de la population. Cette mobilité entraîne automatiquement un appauvrissement et une fragilisation des peuples ; en découle un manque d’accès aux services de base tels que l’eau et l’électricité, l’éducation, les services de santé et l’emploi.

L’AES restant très discrète sur les moyens prévus pour atteindre l’objectif de rétablir la sécurité dans les pays membres, il est possible de se demander à qui ses déboires vont être profitables.

 

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