L’Église Catholique de Centrafrique en pleine tempête

L’Eglise Catholique  en Centrafrique, à près de 130 années d’évangélisation, est encore celle qui fait rire, de rires jaunâtres. Pour une superficie égale à 623.000 km2, l’on dénombre seulement neuf diocèses dont un archidiocèse. Sur neuf évêques, quatre sont Centrafricains (3 issus des congrégation et 1 seul diocésain) et cinq étrangers dont deux espagnols, deux Polonais, un Ghanéen. Les quatre Centrafricains sont tous issus de la même région de l’Est (Mbomou et Haut-Mbomou ) et repartis comme tels (2 Yakomas et 2 Zandés). Les diocèses confiés aux évêques étrangers sont les plus riches du pays et aucun évêque Centrafricain n’y a encore été nommé et peut-être jamais.

Cardinal Dieudonné Nzapalainga
Cardinal Dieudonné Nzapalainga

 

Rédigé par Anselme Mbata

Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le mercredi 18 janvier 2023

 

L’Eglise Catholique de Centrafrique en pleine tempête

 

Le diocèse de L’Eglise Catholique  de Mbaïki attribué à un évêque Espagnol est riche en bois, or et diamants ; le diocèse de Bouar octroyé à un Polonais est riche en minerais (mercure, or et diamants) ; le diocèse de Berbérati, zone la plus riche du pays en bois et pierres taillées a été convoité par un ancien Nonce Apostolique Thadée Okolo ; le diocèse de Bangassou confié à un Espagnol est riche en or, diamants, fer, uranium et ivoires. Le diocèse de Kaga-Bandoro est riche en ivoire et bovins. Quatorze années après le coup de force opéré par le Vatican pour dégager du clergé, certains évêques et prêtres Centrafricains de L’Eglise Catholique  et uniquement Centrafricains sur qui des mauvais rapports avaient été pondus, l’Eglise Catholique de Centrafricaine retombe dans ses travers et trois diocèses en donnent l’exemple à savoir :  l’Archidiocèse de Bangui, le diocèse de Bossangoa et celui de Bambari dont les trois évêques frères et cousins germains, gagnés par les affaires, ravagent tout sur le passage. Les trois sont collégialement responsables de la dilapidation des fonds destinés à la construction de l’Université Catholique d’Afrique centrale en charge de l’agronomie.

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Le cardinal Nzapalainga
Le cardinal Dieudonné Nzapalainga

 

La mort tragique de l’abbé Célestin Ketté et le crime parfait de l’archevêque de Bangui…

 

L’abbé Célestin est un prêtre de l’archidiocèse de L’Eglise Catholique  de Bangui décédé tragiquement en juillet 2022 à Lille en France. Avec plus de 40 années de vie de prêtre, il était admis à faire valoir ses droits à la retraite pendant qu’il travaillait comme Fidei donum dans le diocèse de L’Eglise Catholique  de Lille.

Prévoyant et sentant venir la retraite et même la mort, il entame la procédure du paiement de ses cotisations appelées Opus securitatis auprès de son évêque le Cardinal Dieudonné Nzapalainga. Une fois, deux fois, trois fois. L’homme à la calotte rouge ne répondra pas aux multiples écrits du « Vieillard ». Sous le poids des soucis, des interrogations et de la déception et se sentant trahi par sa foi, l’abbé Célestin Ketté tombe malade en France en début d’année 2022 pour finalement mourir tragiquement en juillet 2022 parce qu’il refusait de se nourrir.

Il était entré en grève de faim contre son évêque. Son corps est rapatrié à Bangui pendant que l’archevêque était à Dolisie au Congo Brazzaville pour l’ordination épiscopale de Mgr Toussaint Ngoma, un spiritain comme lui. Mine de rien, le Cardinal Nzapalainga allait manquer la célébration des obsèques qui ont dû démarrer à 14 heures alors qu’alors qu’elles étaient prévues pour 10 heures. La colère du défunt était tellement forte que les nombreux avions affrétés pour ramener l’archevêque Cardinal à Bangui ont répondu aux abonnés absents.

Finalement, c’est un avion du Président Dénis Sassou Nguessou qui a sauvé la situation.

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Église catholique de Baoro, dans la Nana-Mambéré, au nord-ouest de la République centrafricaine. Photo CNC / Gervais Lenga.
Église catholique de Baoro, dans la Nana-Mambéré, au nord-ouest de la République centrafricaine. Photo CNC / Gervais Lenga.

 

C’était un grand scandale

 

Avec quarante ans de sacerdoce, mort tragiquement, l’abbé Célestin Ketté de L’Eglise Catholique  ne pouvait pas être enterré avec ses cotisations. Un peloton de prêtres en colère, entre en guerre contre le Cardinal Nzapalainga pour dénoncer entre autres pratiques de mauvaise gestion, la confiscation des cotisations de l’abbé Ketté lesquelles devraient dorénavant être reversées à sa famille. C’est ainsi que la résistance de l’archevêque spiritain ne sera que de courte durée. Il finit par ordonner le paiement de ces cotisations à la famille du défunt durant le mois de septembre. Quatre ans auront coulé quand même. Qui plus est, le paiement ne dédouane pas l’archevêque qui ne fait que multiplier les délits d’initié depuis son installation sur l’archidiocèse comme administrateur en 2009 puis comme archevêque de L’Eglise Catholique  en 2012. Si le Vatican ouvre un peu l’œil du côté de l’archidiocèse et interroge les fidèles abusés de L’Eglise Catholique  depuis plus de 14 ans par Dieudonné Cardinal Nzapalainga, que celui-ci sera contraint déjà à la démission surtout qu’il brille dans le tribalisme et encourage le viol du célibat consacré au vu et au su de tout le monde.

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Image d’illustration d’une messe catholique à Bangui. Photo ACAP.

 

L’évangile selon Saint « 33 », les versets « Castel » à « Dopel » dans le diocèse de Bossangoa…

 

Ordonné évêque avec Dieudonné Nzapalainga, Nestor Nongo Aziagbia est installé la même année à la tête du diocèse de L’Eglise Catholique  de Bossangoa qui, jusqu’à cette date, était le seul diocèse où les prêtres étaient mieux traités que tous les autres prêtres de la République Centrafricaine. Philosophe de formation et missionnaire ayant fait vœu de pauvreté, l’on aura cru que celui-ci se donnerait à travailler pour l’édification d’un diocèse dominé par une forte ruralité et une insécurité grandissante. Pourtant, c’est tout le contraire qui se produira. L’homme décide de bloquer le paiement des cotisations sociales de ses prêtres alors que c’est le Vatican qui en assure la gestion. Et pendant qu’il faisait la main basse sur ces fonds, il ouvre un dépôt de boisson à l’entrée de l’évêché et le confie à ses proches. Mais en Centrafrique, dans les provinces, les prêtres ne voient les fidèles que le weekend, mieux le dimanche à la messe parce que les autres jours, ils sont au champ, à la pèche, à la chasse ou bien dans les mines. Donc, les prêtres gagnés par la solitude, n’ont que la bouteille de « 33 », de « Castel » ou de « Dopel » pour tuer le temps.  Et comme les affaires sont les affaires, il faut maximiser sauvagement.

Le philosophe marchand qui prend le diocèse de Bossangoa comme sa société parce qu’il provient de la Société des Missions Africaines (SMA), décide de ponctuer les honoraires de tous les prêtres qui ne sont pas à jour dans leur versement des déniés de cultes. Le bon sens lui aurait permis de comprendre que son diocèse est mis à couple réglée par les groupes armés et les éleveurs armés venus du Tchad qui terrorisent, rançonnent, pillent et tuent tout sur leur passage. Si les fidèles n’ont pas à manger, ils ne paieront pas les déniés de culte à moins que l’évêque de Bossangoa prêche l’évangile de la paupérisation systématique de ses fidèles.

C’est dans le diocèse de Bossangoa que l’ancien Président François Bozizé s’était retranché avec ses hommes pour créer la CPC qui a tenté de renverser le pouvoir du Président Touadéra en décembre 2020 et janvier 2021.

Dans le diocèse de Bossangoa, les prêtres sont privés de moyens de leur mission. Ils se déplacent soit à vélo soit à moto, car l’évêque prétexte que s’il leur donne des véhicules, les groupes armés s’en accapareront. Mais lui, il ne roule ni à vélo ni à moto. A-t-il pactisé avec les groupes armés pour qu’ils ne touchent pas à son véhicule. Et malgré la relative sécurité qui s’est installée dans le diocèse, la solution n’a pas changé.

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L’inquiétante décadence du diocèse de Bambari de l’évêque Richard….

 

Arrivé aux affaires en 2016 grâce aux soutiens de ses oncles germains Dieudonné Nzapalainga et Nestor Nongo Aziagbia qui ont reçu mission de ne promouvoir que les prêtres missionnaires à la tête des diocèses, l’évêque de L’Eglise Catholique  de Bambari Mgr Richard Appora qui a été très vite nommé Vice-Président de la Conférence Episcopale Centrafricaine avant le seul évêque diocésain, s’inscrit dans la logique de ses oncles. A la tête d’un diocèse qui peut être divisé en trois ou quatre diocèses, il a importé des compétences venues d’ailleurs, des laïcs biscornus qui sont ses hommes de main et qui sont au-dessus du clergé qu’il est censé gouverner et aimer. Ses prêtres sont réduits à la mendicité totale. Il ne consulte ni son conseil ni lui ouvre ses portes quand celui-ci le sollicite. Selon beaucoup de ses prêtres, il prend ses conseils auprès de l’archevêque de Bangui à qui il doit l’épiscopat.

Centrafrique sera trainée dans la boue dans un contexte de crise politique et de crise de confiance entre l’Eglise et le Gouvernement.

Certains penseront peut-être que c’est le régime de Bangui qui aura tenté d’infiltrer l’Eglise. Et pourtant, l’Eglise est victime des péchés de ses trois évêques qui ne respirent que tribalisme et spoliation. Le Vatican et la Nonciature Apostolique en Centrafrique y ont aussi leur part de responsabilité, après avoir nommé de manière aveugle des frères et cousins à la tête de ces diocèses alors que dans le pays, les questions ethniques sont les plus sensibles de toutes. Tant qu’on n’aura pas respecté les diversités culturelles, l’Eglise Catholique de Centrafrique est appelée à disparaître, car les autres ethnies ne finiront par se révolter.

Il n’y pas que les prêtres missionnaires et des enfants de l’Est qui peuvent être promus à l’Episcopat.  Ou bien Dieu ne sauvera-t-il que le peuple de l’Est de la Centrafrique ?

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