Le mouvement 3R : entre stratégie et manipulation, Abass Sidiki ne contrôle plus rien.

Publié le 3 juillet 2020 , 4:38
Mis à jour le: 3 juillet 2020 4:38 am
Abass Sidiki, chef d'État major du mouvement 3R, le 11 juin 2019 à Kouoi, dans la préfecture de l'Ouham-Pendé. Photo CNC / Gervais Lenga
Abass Sidiki, chef d’État major du mouvement 3R, le 11 juin 2019 à Kouoi, dans la préfecture de l’Ouham-Pendé. Photo CNC / Gervais Lenga

 

Bangui, République centrafricaine, 03 juillet 2020 ( Corbeaunews-Centrafrique). Initialement créé en 2015 dans le but d’assurer soi-disant « la protection de la communauté peule » contre les multiples attaques des miliciens Anti-Balaka, le mouvement 3R (Retour, réclamation et Réhabilitation) est devenu au fil du temps un outil politique et stratégique aux mains d’une puissance invisible. Abass Sidiki, son Président fondateur, ne contrôle plus rien, et toues les stratégies militaires et de communication de son mouvement sont désormais gérées par une puissante cellule en dehors du cercle des décideurs de  3R.

Et ce n’est pas tout.

 

Parmi les groupes armés signataires de l’accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR-RCA) qui font de plus en plus parler d’eux durant les derniers mois, celui du mouvement  3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), dirigé par son chef d’État major, l’autoproclamé général « Abass Sidiki », par ailleurs conseiller spécial du Premier ministre Firmin Ngrébada.

 

Le 3R, un groupe des bandits devenu politico-militaire

Devenu au fil du temps deuxième groupe armé en termes de puissance militaire après celui de l’unité pour la paix en Centrafrique (UPC) dirigée par un autre autoproclamé général d’armée Ali Darassa, le mouvement 3R, dont la zone d’exactions couvre toutes les préfectures de la Nana-Mambéré, de l’Ouham-Péndé et de la Mambéré-Kadéi, n’est plus considéré comme un groupe des malfrats coupeurs de route, mais plutôt comme un groupe politico-militaire par les autorités centrafricaines, alors que 4 ans auparavant, celui-ci visait principalement le retour des Peuls avec leurs troupeaux et leurs familles, et le rétablissement de leurs droits, ainsi que de leurs propriétés.

En mars 2019, après la signature de l’accord de paix de Khartoum le 6 février 2019, son Président fondateur, l’autoproclamé général Abass Sidiki alias Bi Sidi Souleymane a été nommé par décret présidentiel Conseiller spécial du Premier ministre en charge des unités spéciales mixtes de sécurité de la région nord-ouest,  et ses représentants ont également été nommés dans le gouvernement de Firmin Ngrébada. Des postes stratégiques qui avaient permis au chef rebelle Abass Sidiki et son mouvement 3R de hisser au sommet de la hiérarchie politique et militaire en République centrafricaine. Mais ce nouveau positionnement stratégique du mouvement 3R n’est pas un fruit du hasard. Selon plusieurs experts militaires centrafricains , c’est un jeu politique conçu en vue des prochaines élections du décembre prochain. Et ce n’est pas faut, affirment des sources diplomatiques africaines.

 

Une stratégie de communication à la loupe

Alors qu’avant 2020, tous les communiqués  et déclarations de 3R sont rédigés en manuscrit sur des bouts de feuilles des cahiers scolaires comme dans les années 1960, avec une écriture à la primaire. Mais bizarrement, depuis 2 mois, après le retour au maquis du chef rebelle Abass Sidiki le 13 mai dernier,  tous les déclarations et communiqués de 3R se font désormais sur ordinateur. Ce qui provoque d’énormes doutes au sein de la communauté nationale et internationale. Or, selon des sources proches du mouvement 3R, tous les communiqués de Sidiki Abass seraient rédigés désormais par l’un de leurs représentants à Bangui. Mais qui est cet invisible  représentant de 3R à Bangui que personne ne le connaît ?C’est  la principale interrogation que tout le monde se la pose. Toutefois, en lisant ces communiqués, on aperçoit immédiatement que ceux-ci ne sont qu’une manipulation de l’opinion de plus, exactement comme on a vu récemment avec la propagation des rumeurs faisant croire à l’opinion publique l’assassinat du chef rebelle Abass Sidiki par les Casques bleus de la Minusca.

 

Le3R, une marionnette à la solde du pouvoir

Si aujourd’hui le 3R, avec ses moyens militaires limités  attaque simultanément les bases et les patrouilles des forces armées centrafricaines, mais également des Casques bleus de la Minusca, tout en terrorisant au passage les populations de la Nana-Mambéré et de l’Ouham-Péndé, et ce,  à quelques jours du lancement des opérations d’enrôlement des électeurs, tout porte à croire définitivement que le 3R joue désormais la carte du pouvoir, et le chef rebelle Abass Sidiki, déclaré pour mort par les proches du chef de l’État Faustin Archange TOUADERA,  ne contrôle plus rien. D’ailleurs, sa stratégie est pilotée depuis la capitale Bangui par un groupe que CNC croit déjà identifié.

Affaire à suivre.

 

Gisèle Moloma

Copyright2020CNC

Aucun article à afficher