Le colonel Wallo : un officier en perdition ou un homme en état de dépression mentale ?

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Un colonel qui sort son argent personnel pour nourrir ses soldats, ça pourrait faire la une d’un roman. Mais quand c’est le colonel Wallo qui le clame sur les réseaux sociaux, en Centrafrique, ça sent surtout la dépression, ou en un mot une provocation de la part de cet officier toto.
J’ai couvert bien des crises dans ce pays, et je pensais avoir tout vu. Pourtant, ces dernières semaines, l’ancien chef du 6e Bataillon d’Infanterie Territoriale, le BIT6, m’a surpris. Le colonel Wallo raconte sur les réseaux sociaux, la voix pleine de fierté, qu’il a dû mettre la main à la poche – 5 000, 10 000, parfois 15 000 francs CFA – pour entretenir ses hommes. Pourquoi ? Parce que l’état-major et le gouvernement, embourbés dans les finances en ruine du pays, restaient sourds à ses appels de fonds. Il n’avait pas le choix, dit-il, sinon ses soldats seraient restés à jeun. Moi, en tant que journaliste indépendant, je me pose une question simple : d’où sort cet argent ? Un officier qui joue les généreux donateurs, ça ne passe pas comme une lettre à la poste. Ça mérite qu’on gratte un peu pour savoir. Qui l’a autorisé à boucher les trous de l’État avec son propre argent ? Et si personne ne l’a fait, qu’est-ce que ça dit de notre armée ?
Mais cet officier ne s’arrête pas là dans sa dépression, le colonel Wallo. Il va plus loin, et c’est presque ridicule : il jure que c’est lui qui a “défendu le pays“. J’aimerais bien savoir où et quand. À Bangui, il paradait dans son Land Cruiser avec ses hommes armés, pendant que les provinces s’effondraient sous les coups des groupes rebelles. Défendre la Centrafrique ? Ce n’est pas de fanfaronner dans la capitale, encore moins sur les réseaux sociaux. Allez dire ça aux soldats qui risquent leur peau loin de la capitale, et qui affrontent les rebelles chaque jours sans primes globales d’alimentation, sans soldes. Ils doivent en perdre leur casque, à force de secouer la tête.
Son histoire, je la connais par cœur. Enfant de troupe dans les années 2000, il a pris la tangente en exil quand ça chauffait à l’époque du Président Patassé. Il revient plus tard, pas par héroïsme, mais grâce à son beau-frère, le mari de sa sœur, l’officier Lengbé, qui lui tend la main à l’arrivée du général François Bozizé au pouvoir en 2003. Grace à son beau-frère, il a obtenu le grade de sergent. Il grimpe ensuite les échelons à la faveur d’un coup de pouce, toujours de son beau-frère Lengbé jusqu’au grade d’adjudant. Enfin, Lengbé le pousse pour une formation de six mois en Chine. Mais avant de partir, on lui colle un grade fictif de sous-lieutenant, un titre en carton, juste pour la formation. À son retour, on le lui confirme, et le voilà officier. Mais ce n’est que le début pour cet officier filou. Il trempe dans des affaires louches : il commence à balancer des collègues, jusqu’à même accusé le chef d’état-major de fomenter un coup d’État. Grace à cette machination, il monte en grade comme une fusée jusqu’à devenir officier supérieur sous le régime de Touadera. C’est un pire traitre, et le général Mamadou le sait très bien. Avec fat, un gros bébé monstre russe, il aime ce genre de personne pour travailler avec.
Et puis il y a cette histoire avec Dominique Yandocka, le député. Un espionnage et un fichier audio truqué, un sale coup où Wallo a joué les mouchards pour le pouvoir. Résultat : un an de prison pour Dominique Yandocka, qui se soigne aujourd’hui en France, pendant que Wallo se la coule douce en Chine. Mais la justice n’a pas encore rendu son verdict final. Cette affaire traîne encore devant la Cour de cassation, et s’il faut le ramener à Bangui, on verra bien s’il fanfaronne encore.
Le colonel Wallo, lui, ne se gêne pas pour en rajouter. Il se dit “officier entrepreneur”, comme si on pouvait être officier et commerçant en même temps. Dans l’armée centrafricaine, c’est clair : c’est interdit. Alors quoi ? Il a eu un passe-droit du président ou de l’état-major ? Si oui, c’est grave. Si non, c’est illégal. Dans les deux cas, ses paroles sentent la poudre, celle qui risque de lui exploser au visage.
Pendant que le colonel Wallo joue les héros sur les réseaux sociaux, l’armée nationale, elle, reste à la traîne. Les Wagner et les Rwandais tiennent le haut du pavé, et Touadéra le dit sans détour : pour lui, ces rwandais et russes font mieux que nos soldats. Alors, le colonel Wallo, avec ses déclarations grandioses, il pèse quoi là-dedans ? Pas lourd. Un officier qui crie “j’ai défendu le pays” pendant que Poutine et ses hommes tirent les ficelles, c’est presque une blague. Mais personne ne rit.
Tout ça, ce n’est pas un coup de maître. C’est un homme qui craque. Depuis la Chine, il critique son remplaçant au BIT6, comme si ça pouvait effacer ses propres ratés. Moi, j’y vois un type qui parle trop, qui sait que le vent tourne pour lui. Il sait que ses mots sonnent faux. Il sait aussi que la justice pourrait frapper à sa porte.
Cette affaire du colonel Wallo, ce n’est pas qu’un fait divers. C’est le miroir d’une armée rongée par les combines, le manque de moyens et les passe-droits. Dans un pays qui essaie de se relever, on n’a pas besoin d’un colonel qui se prend pour un sauveur de cinéma. On veut des comptes, des réponses, de la droiture. Le colonel Wallo doit affronter la musique – devant les juges, devant les Centrafricains. Et croyez-moi, on ne lâchera pas le morceau : ce pays mérite mieux que des fanfaronnades….
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