Le Blé Russe en RCA : Une Aide Humanitaire Qui Tourne à la Mafia au Cameroun
L’arrivée d’une cargaison de blé russe destinée à la République Centrafricaine (RCA) au port de Douala suscite actuellement une controverse majeure. Ce geste soi-disant humanitaire du Kremlin, prévu pour aider le peuple centrafricain en partageant gracieusement 200 000 tonnes de blé, est devenu le centre d’une affaire qui soulève des questions éthiques, diplomatiques et économiques. Cette affaire, révélée par le journal camerounais Éco Matin, met en lumière des pratiques douteuses impliquant le pouvoir de Bangui et des industriels camerounais.
La Demande Troublante
La situation a pris une tournure controversée lorsque le Directeur Général des Douanes de la RCA a sollicité l’autorisation de vendre cette cargaison de blé aux entreprises camerounaises spécialisées dans la transformation du blé. Cette demande a été adressée à son homologue camerounais, Fongod Edwin Nuvaga, qui a donné son accord sous certaines conditions. Cependant, ces conditions soulèvent de sérieuses préoccupations.
Conditions Inquiétantes
Fongod Edwin Nuvaga a établi des conditions, dont la production d’une caution diplomatique de l’Ambassade de la RCA au Cameroun, la vente locale du blé aux entreprises camerounaises en exonération de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), et l’expédition de la farine en République Centrafricaine sans acquittement de la TVA. Ces conditions visent à bénéficier des exonérations douanières prévues par l’Ordonnance du président de la République du 07 mars 2008, suspendant le paiement des droits et taxes de douane à l’importation de certains produits de première nécessité, dont le blé.
L’Opposition des Meuniers Camerounais
Cette affaire a suscité l’opposition des meuniers camerounais regroupés au sein du Groupement des industries meunières du Cameroun (Gimc). Ils considèrent que vendre ce blé gracieusement offert par la Russie aux industriels camerounais avec les mêmes conditions que le blé destiné au marché camerounais équivaudrait à de la fraude fiscale. Ils soulignent que le Cameroun financerait ainsi gratuitement l’économie centrafricaine, sans aucun remboursement.
Une Alternative Proposée
Le Gimc propose une alternative plus éthique. Au lieu d’acheter le blé pour ensuite le revendre, les meuniers camerounais souhaitent jouer le rôle de transformateur du blé russe pour le profit de la RCA. Ils sont prêts à accompagner la RCA dans le processus de transformation de cette denrée, plutôt que de la traiter comme un simple client. Cela éviterait au Cameroun de subir des moins-values fiscales en laissant passer une marchandise qui n’est pas destinée à la consommation locale.
Implications Économiques
La capacité totale d’écrasement de blé par les minoteries camerounaises est estimée à 4600 tonnes par jour, ce qui signifie que les 50 000 tonnes de blé destinées à la RCA représentent seulement 11 jours de production de farine pour le marché local. Comparativement au volume d’importations, les meuniers camerounais ont importé 890 000 tonnes en 2022, ce qui rend cette affaire encore plus problématique sur le plan économique.
Cette affaire du blé russe en RCA révèle les pratiques douteuses du pouvoir de Bangui et des industriels camerounais. Elle pose des questions éthiques et économiques importantes, et met en lumière les enjeux liés à l’aide humanitaire et à la transparence dans les relations économiques entre pays africains. Il reste à voir comment cette situation évoluera et si une solution plus équitable sera trouvée pour le bénéfice du pouvoir de Bangui.
Par Anselme Mbata
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