Le Bénin, comme les autres pays côtiers d’Afrique de l’ouest, est-il menacé par les djihadistes ?

Publié le 21 mai 2019 , 7:26
Mis à jour le: 21 mai 2019 7:26 am

 

 

 

Le récent assassinat d’un guide touristique dans le nord du Bénin ainsi que l’enlèvement des deux touristes français qu’il accompagnait a semé la peur dans le pays.

“Nous espérons que ce drame n’impactera pas le flux qui a commencé à grimper autour de la route de l’eau. Nous avons l’inquiétude que cet élan à travers le drame de la Pendjari ne connaisse une perte d’attention et d’attractivité”, explique Dieu-donné, guide touristique et porteur d’un projet dans le village Gogotinkpon, dans le sud-ouest du Bénin.

L’assassinat et l’enlèvement perpétrés dans le parc de la Pendjari fait planer le risques d’attaques terroriste sur le Bénin qui était, jusque-là, l’un des rares pays de la sous-région à n’avoir jamais été inquiété.

L’extrêmisme religieux, une cause parmi d’autres

Aziz Mossi est expert des questions d’extrémisme violent et de terrorisme. Il estime que “le Bénin est effectivement menacé par les djihadistes et ce, pour plusieurs raisons.” 

“Au Bénin comme dans les pays de la sous-région, il y a des terreaux favorables à l’explosion des menaces djihadistes. Je peux citer par exemple la naissance de plusieurs nouvelles formes de religiosité qui sont de plus en plus radicales, intolérantes et violentes qui existent dans toutes les régions du Bénin, que l’Etat ne contrôle pas nécessairement. Et qui constituent aussi des moyens pour développer des formes de prosélytisme religieux au Bénin.”

En mars 2016, la Côte d’Ivoire est victime d’un attentat terroriste dans la station balnéaire de Grand Bassam. Bilan : 19 morts.

Les zones côtières visées 

En plus des zones du nord, les espaces côtiers sont aussi concernés. L’attentat de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, le 13 mars 2016, en dit long sur le sujet. Et même le sud du Bénin n’est pas épargné nous dit Aziz Mossi, puisque tous les corps diplomatiques y sont concentrés.

“Aujourd’hui, l’Etat béninois n’a aucun moyen pour éviter cela d’abord parce que nos Etats agissent toujours après coup. On ne prend des dispositions que lorsque le danger est là. Et quand on regarde le contexte actuel du Bénin où nous avons des frustrations internes, des menaces de représailles, mais aussi ces menaces extérieures qui peuvent s’accumuler et dégénérer à tout moment, on peut craindre qu’il y ait des fortes chances que le Bénin n’ait vraiment pas les moyens de se concentrer sur l’essentiel”

Au Bénin, le sujet est très sensible. Il est difficile de trouver des interlocuteurs quand un journaliste veut aborder la question. L’agence béninoise de gestion des espaces frontaliers s’est abstenue de tous commentaires, indiquant que la situation nécessite une grande concertation.

 

Par Claire Stephane Sacramento

 

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