mardi, décembre 17, 2024
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L’Armée de résistance du Seigneur, 30 ans de terreur en Afrique centrale

 

L’Armée de résistance du Seigneur, 30 ans de terreur en Afrique centrale

 

Bangui ( République centrafricaine ) – L’Armée de résistance du Seigneur (LRA) a terrorisé pendant 30 ans de larges zones d’Afrique centrale avec enlèvements d’enfants, mutilations de civils à grande échelle et asservissements de femmes.

Un de ses principaux commandants, Dominic Ongwen, a été condamné jeudi à 25 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye.

Le fondateur de la LRA, Joseph Kony, reste introuvable mais plusieurs autres commandants ont péri ou se sont rendus après avoir été pourchassés pendant des années par des troupes africaines et les forces spéciales américaines.

La LRA et Museveni.

La LRA a été créée dans la deuxième partie des années 1980 pour contrer la prise du pouvoir en Ouganda par un autre rebelle, Yoweri Museveni, en 1986. Dans la droite lignée de mouvements armés menés par des leaders spirituels de la tribu Acholi du Nord du pays, les combattants de la LRA attaquent alors torse nu, le corps enduit d’une lotion huileuse, et en chantant des cantiques.

Mélangeant mystique religieuse, techniques éprouvées de guérilla et brutalité sanguinaire, Joseph Kony souhaitait libérer l’Ouganda de Museveni pour instaurer un régime fondé sur les Dix commandements. Il a par la suite ajouté un onzième commandement interdisant de rouler en vélo, sous peine d’amputation.

Lorsque les Acholi refusent de rejoindre sa rébellion, Joseph Kony se retourne contre eux, attaquant des civils, kidnappant des femmes et des enfants et massacrant des villages entiers.

L’enlèvement est d’ailleurs devenu une des marques de fabrique de la LRA qui a transformé, après les avoir kidnappés, des dizaines de milliers de garçonnets en soldats dociles, à l’image de Dominic Ongwen, et de fillettes en esclaves sexuelles.

La LRA et la CPI.

En 2005, la CPI a délivré des mandats d’arrêts contre cinq leaders de la LRA, dont Joseph Kony et Dominic Ongwen, les accusant de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

La pression internationale provoquée par la CPI a contribué à la participation de Joseph Kony, l’année suivante, à des pourparlers de paix, qui ont toutefois échoué.

Les mandats d’arrêt de 2005 étaient les premiers délivrés par la CPI, entrée en fonction en 2003 à La Haye et qui enquêtait en Ouganda à la demande de Kampala.

Selon l’ONU, la LRA a tué plus de 100.000 personnes en 25 ans, enlevé entre 60.000 et 100.000 enfants et provoqué le déplacement de 2,5 millions de personnes.

La LRA et les USA.

A la suite d’une campagne menée par des activistes aux Etats-Unis, le président américain Barack Obama a autorisé en 2010 le déploiement de quelque 100 membres des forces spéciales américaines devant travailler avec les armées régionales pour traquer Joseph Kony.

Un des groupes d’activistes, Invisible Children, a publié en 2012 une vidéo dénonçant les activités de la LRA et de leur chef. Vue plus de 100 millions de fois sur internet en quelques jours, la vidéo est devenue virale, mais a aussi été fortement critiquée pour sa version simpliste des conflits dans la région.

En 2017, l’armée américaine a annoncé mettre un terme à ses opérations contre la LRA, estimant que la rébellion ne constituait plus une menace. La même année, l’Ouganda abandonnait à son tour la traque des derniers combattants de la LRA pour les mêmes raisons.

La LRA aujourd’hui.

La LRA ne prospère plus et semble tout juste survivre.

Les rebelles de la LRA ne sont plus que quelques centaines, dispersés en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Soudan du Sud et au Soudan.

Les Etats-Unis et l’Union africaine ont placé la LRA et Joseph Kony sur la liste des “terroristes mondiaux“, même si la menace est désormais locale et limitée.

Selon l’organisation Crisis Tracker, la LRA a été responsable d’un meurtre et de 169 enlèvements en 2020 lors d’attaques contre des villages reculés proches des frontières congolaise, centrafricaine et sud-soudanaise.

La localisation exacte de Joseph Kony demeure inconnue.

Avec VOA

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