La société civile centrafricaine se dresse unanimement contre la loi sur les “agents étrangers” du gouvernement centrafricain

La société civile centrafricaine se dresse unanimement contre la loi sur les “agents étrangers” du gouvernement centrafricain

 

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Les deux leaders de GTSC Gervais Lakosso et Paul Crescent Beninga

 

Bangui, CNC. Une mobilisation sans précédent agite depuis quelques jours le pays de Barthelemy Boganda, la République centrafricaine. Plus de 45 organisations de la société civile centrafricaine, réunies ce 23 octobre à Bangui, ont lancé un appel solennel contre le projet de loi sur les “agents étrangers” qui doit être soumis au vote de l’Assemblée nationale ce vendredi. Cette levée de boucliers témoigne de l’inquiétude grandissante face à ce que les acteurs centrafricains qualifient de “dérive autoritaire” du pouvoir.

 

Une coalition inédite de la société civile centrafricaine  contre un projet liberticide

 

“Jamais auparavant nous n’avions vu une telle unanimité au sein de la société civile centrafricaine”, déclare Ger Yad Laxos, coordinateur du G7SC, qui a présidé la réunion extraordinaire des organisations. “Des associations de défense des droits humains aux groupements professionnels, en passant par les organisations de développement local, tous les secteurs de la société civile rejettent catégoriquement ce texte qui menace leur existence même“.

 

Le front uni de la société civile centrafricaine  formé par ces organisations traduit l’ampleur des inquiétudes. “Cette mobilisation exceptionnelle de la société civile centrafricaine  montre que nous avons parfaitement conscience du danger que représente cette loi pour l’avenir de notre pays”, souligne Adolphe Tickis, président de la ROSCA-GD, l’une des principales organisations signataires.

 

Une analyse accablante du projet de loi

 

Les organisations signataires ont minutieusement analysé le projet de loi, révélant son caractère profondément antidémocratique. “Notre examen juridique démontre que ce texte viole non seulement la Constitution centrafricaine, mais aussi l’ensemble des conventions internationales ratifiées par notre pays”, explique Me Soungba Jaffre du DPADH.

 

“Ce qui nous alarme particulièrement, c’est la similitude frappante avec la loi russe de 2012 sur les agents étrangers”, poursuit Rosalie Lob-Dé de l’organisation Londo Na Ye. “Le gouvernement n’a même pas pris la peine d’adapter le texte à notre contexte national. C’est une copie servile qui révèle les véritables intentions derrières ce projet“.

 

Des conséquences désastreuses pour la société civile centrafricaine

 

Les organisations de la société civile centrafricaine  dénoncent les multiples dangers que représente cette législation. “Si cette loi est adoptée, toute organisation recevant un financement étranger sera automatiquement étiquetée comme ‘agent étranger’, avec toutes les conséquences que cela implique”, alerte Abel Matchoy de l’AFCMP. “C’est une tentative évidente de criminaliser la coopération internationale et d’isoler la société civile centrafricaine“.

 

La stigmatisation des acteurs centrafricains inquiète particulièrement. “Dans un pays où la reconstruction et le développement dépendent largement de la coopération internationale, cette loi créera un climat de suspicion généralisée”, prévient Ngbanmawo Ue de l’ACMCGP. “Nos partenaires internationaux seront découragés de travailler avec nous, ce qui aura des conséquences dramatiques pour les populations vulnérables que nous soutenons.”

 

Un appel pressant de la société civile centrafricaine  aux autorités

 

Face à cette menace imminente, les organisations ont formulé des recommandations urgentes aux autorités. “Nous exigeons la suspension immédiate de la procédure d’adoption de ce projet de loi”, déclare Dongbo Guy Axel du CAT-RCA. “Le gouvernement doit retirer ce texte et engager une véritable consultation avec la société civile sur les enjeux de la coopération internationale“.

 

L’Assemblée nationale est également interpellée. “Nous appelons solennellement les députés à prendre leurs responsabilités”, insiste Sougbenet Langy du CIONGCA. “Voter cette loi reviendrait à porter un coup fatal à la démocratie centrafricaine et à l’engagement citoyen dans notre pays“.

 

Une mobilisation de la société civile centrafricaine  qui s’intensifie

 

Les organisations de la société civile centrafricaine  signataires ont annoncé une série d’actions pour les jours à venir. “Nous ne nous arrêterons pas à cette déclaration”, affirme Ndoba Nickel de ROSCA-GB. “Des manifestations pacifiques sont prévues, et nous continuerons à sensibiliser la population sur les dangers de cette loi“.

 

Une délégation conduite par le G7SC doit également rencontrer les présidents des groupes parlementaires. “Nous espérons encore pouvoir convaincre suffisamment de députés de rejeter ce texte liberticide“, explique Molowala Wot Hala de l’ANDAC. “L’avenir de la société civile centrafricaine est en jeu.”

 

Alors que le vote approche, la tension monte à Bangui. “Cette loi représente un tournant décisif pour notre pays”, conclut Ngbo-Landex de l’OJBO. “Soit nous réussissons à bloquer ce texte et nous préservons l’espace démocratique, soit nous assistons à l’installation d’un régime de plus en plus autoritaire en République centrafricaine“.

 

La mobilisation de la société civile centrafricaine face à ce projet de loi révèle l’ampleur des inquiétudes quant à l’évolution du pays. Dans les prochaines 48 heures, le vote de l’Assemblée nationale dira si ces voix d’alarme ont été entendues.

 

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