La mort d’une photographe en République centrafricaine n’est toujours pas élucidée

Publié le 11 mai 2019 , 6:37
Mis à jour le: 11 mai 2019 6:37 am

 

 

 

Le 12 mai 2019 marquera le cinquième anniversaire de la mort de Camille Lepage, une photojournaliste française qui a été tuée alors qu’elle travaillait

dans l’ouest de la République centrafricaine. Elle manque toujours cruellement à tous ceux qui la connaissaient ou qui bénéficiaient de son travail. Camille avait 26 ans.

 

Camille est arrivée dans le pays fin 2013, au plus fort du conflit. Elle avait précédemment

travaillé comme photographe

au Soudan du Sud. Quand je l’ai rencontrée pour la première fois à Bangui, la capitale de la RCA, j’ai été frappé par sa détermination tenace à se rendre

là où les souffrances étaient les plus intenses. Elle a rapidement compris l’étendue du conflit qui se développait dans tout le pays. À l’époque, nous

essayions de

tirer la sonnette d’alarme

au sujet des conséquences dévastatrices de l’escalade des violences en matière humanitaire et dans le domaine des droits humains. Camille a perçu la situation

pour ce qu’elle était, c’est-à-dire une

crise oubliée,

et a voulu apporter son aide.

 

Au cours des quelques mois que Camille a passés dans le pays, ses photos ont permis de mettre des visages sur les noms des victimes et des survivants,

captant tour à tour la peur avant la bataille, la douleur de la perte d’un être aimé et l’injustice des crimes de guerre.

 

Une stabilité précaire a été instaurée plus tôt cette année en République centrafricaine, grâce à un  accord de paix par lequel des postes de haut niveau ont été attribués à des chefs de guerre.

Mais plus d’un million de personnes, sur une population totale d’environ 4,6 millions, sont toujours déplacées. Certaines se sont réfugiées dans les pays

voisins, tandis que des dizaines de milliers d’autres continuent de croupir dans des camps pour personnes déplacées en territoire centrafricain. Au moins

2,9 millions de personnes ont besoin d’assistance et pourtant, la réponse humanitaire à la crise n’est encore financée qu’à hauteur de

27,7 % seulement.

Le pays a de nouveau disparu de l’écran radar de la communauté mondiale.

 

Depuis le meurtre de Camille, les attaques contre les travailleurs humanitaires qui sauvent des vies en fournissant une assistance ont fait de la République

centrafricaine l’un des lieux de travail les plus dangereux au monde. Leurs services ont été réduits de manière drastique.

L’impunité continue d’être un facteur déterminant dans la poursuite des abus et beaucoup trop peu de comptes ont été rendus pour les crimes de guerre qui ont été commis. Le cas de Camille est emblématique. Le dossier judiciaire de son assassinat, contenant la documentation de l’enquête initiale, a disparu pendant plusieurs mois l’année dernière. Le dossier a fini par être retrouvé et l’enquête se poursuit à ce jour, mais à un rythme d’une pénible lenteur.

 

Cinq ans après, alors que nous marquons le deuil d’une amie de la République centrafricaine, de quelqu’un qui avait tenté de porter cette crise devant les projecteurs, les autorités devraient redoubler d’efforts pour faire en sorte que les auteurs de ce meurtre odieux soient enfin traduits en justice.

 

Avec HRW

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