La Centrafrique tend vers  l’instauration d’une « CHEFFERIE » ?

Publié le 13 juin 2022 , 8:03
Mis à jour le: 13 juin 2022 11:37 am

Rédigé par Rédaction

Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le mardi 14 juin 2022

 

 

Bangui (CNC) – En tout cas selon Dr. Dominique Désiré ERENON, « aujourd’hui, le risque est réel que notre « DÉMOCRATIE » en tant que forme de gouvernement consacrée par notre Loi fondamentale soit détruite pour être supplantée par l’instauration d’une « CHEFFERIE », ce qui serait assurément un grand recul pour notre pays ». D’après ce constitutionnaliste centrafricain, « le risque est réel, à travers la proposition franchement malvenue et anticonstitutionnelle de révision de notre Loi fondamentale, la Constitution du 30 mars 2016 ». Et l’homme ne s’arrête pas là ! Suivez son regard :

 

Dominique Désiré ERENON
Docteur Dominique Désiré ERENON

LETTRE OUVERTE

 

Chers compatriotes, le sens de mon engagement politique, depuis la création, le 25 juillet 2021, du parti Marche pour la Démocratie et le Salut du Peuple (MDSF), c’est de me battre pour mon pays et pour tous ceux qui en ont le plus besoin, pour tous mes compatriotes qui ne méritent pas leurs sorts actuels afin de contribuer à changer leurs vies.

Je sais que les idées que je défends ne plaisent pas aux fossoyeurs de notre fragile démocratie et de nos institutions de la République. Mais je m’assume pleinement. Je préfère mille fois déplaire en étant défenseur des causes justes que plaire en étant destructeur des fondements de notre vivre ensemble centrafricain. Je n’ai pas besoin que l’on m’aime tant que je fais ce que je suis censé faire pour contribuer à l’accomplissement des aspirations profondes de mes compatriotes.

Chers compatriotes, aujourd’hui, le risque est réel que notre « DEMOCRATIE » en tant que forme de gouvernement consacrée par notre Loi fondamentale soit détruite pour être supplantée par l’instauration d’une « CHEFFERIE », ce qui serait assurément un grand recul pour notre pays. Ce risque est réel, à travers la proposition franchement malvenue et anticonstitutionnelle de révision de notre Loi fondamentale, la Constitution du 30 mars 2016.

Cette proposition représente un mal pour notre pays et j’appelle tous mes compatriotes à le combattre afin d’empêcher sa réalisation. Je sais, s’engager dans ce combat n’est pas facile, car les partisans d’un 3ème mandat présidentiel en faveur du Pr Faustin Archange TOUADERA sont résolument dressés pour manger tout cru les opposants, les diaboliser et leur cracher dessus. Ces partisans et autres courtisans posent des actes pour tenter de plaire au Président TOUADERA en échange de postes ou autres avantages personnels. Ces gens défendent un régime tandis que nous défendons la démocratie chère aux centrafricains.

Cette proposition va au-delà d’une simple révision de la Constitution pour faire sauter le verrou de la limitation de la durée et du nombre des mandats présidentiels prévu à l’article 153 de notre Loi première, la Constitution du 30 mars 2016 ; je considère que cette proposition est un vrai test pour savoir si nous voulons maintenir la « DEMOCRATIE » comme forme de gouvernement ou passer à une autre forme qui serait très vraisemblablement la « CHEFFERIE TRADITIONNELLE » caractérisée par le culte voué au chef, un pouvoir à vie, une dictature et une succession dynastique ; c’est aussi un test pour savoir si nous sommes gouvernés actuellement par un régime démocratique, l’Etat de droit ou par un système au relent dictatorial dont les méthodes sont empreintes d’inféodation de nos institutions à l’exécutif, de terreur, de persécution et de diffamation à l’égard de tous ceux qui essaient simplement de dire la vérité et d’empêcher certains individus ou esprits égarés de détruire les institutions mises en place par la volonté souveraine des centrafricains.

Chers compatriotes, nous ne devons pas céder au désespoir car le désespoir est le meilleur ami du statu quo et du mal ; ayons l’espoir, car l’espoir est le meilleur ennemi du statu quo et du mal.

Alors, si nous avons l’espoir et de la conviction, levons-nous, marchons et agissons pour sauver notre démocratie aujourd’hui en péril et garantir l’alternance démocratique au pouvoir.

Chers compatriotes, comme je l’ai déjà dit dans mon interview le lundi 30 mai 2022 sur Radio Ndeke Luka, les centrafricains n’attendent pas la révision de la Constitution du 30 mars 2016, mais plutôt des formes plus efficaces de gouvernance publique afin que leurs vies changent ; après sept [7) ans déjà au pouvoir, les centrafricains sont en droit d’attendre du Président TOUADERA et du Gouvernement un certain nombre de réalisations telles que la réhabilitation de l’unique Université de Bangui et la construction d’une deuxième université, l’extension-modernisation de l’unique aéroport Bangui Mpoko et la construction d’un deuxième aéroport international, la construction des hôpitaux modernes pour mettre fin aux évacuations sanitaires, la construction des écoles modernes, la revalorisation des salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat notamment des enseignants, la construction des routes et autres infrastructures, la prise des mesures nécessaires à l’apaisement du climat socio- politique très tendu depuis la fin des dernières élections générales, l’amélioration de la situation sécuritaire et humanitaire, la lutte contre l’injustice sociale, contre la corruption endémique, contre la gouvernance partisane, contre la pauvreté d’une bonne partie de la population ainsi que l’amélioration de nos relations diplomatiques et consulaires. Voilà les vraies préoccupations des centrafricains, voilà les équations qu’il faut résoudre, au nom de la démocratie et pour le salut du peuple centrafricain.

Une fois de plus, je conseille très respectueusement au Président de la République, Chef de l’Etat, Pr Faustin Archange TOUADERA, à l’Honorable Président de l’Assemblée Nationale, Pr Simplice Mathieu SARANDJI ainsi qu’aux Députés égarés d’abandonner cette entreprise révisionniste de notre Loi fondamentale car elle n’est pas du tout bonne et les centrafricains n’en veulent pas du tout.

Dr Dominique Désiré ERENON

Président de la Marche pour la Démocratie et le Salut du Peuple (MDSP)

 

 

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