Bangui (République centrafricaine) – 7 avr. 2020 11:26
La justice du Sénégal a autorisé l’ancien président tchadien, Hissène Habré à quitter pendant une durée de 60 jours, la prison du Cap Manuel son lieu de détention. Il purgeait une peine de prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité.
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Raisons invoquées par les juges : ce centre de détention doit abriter la quarantaine de prisonniers dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus. Hissène Habré a donc pu regagner son domicile de Dakar où il est assigné en résidence surveillée.
Le 26 mars, son avocat, Mamadou Diawara, a formulé une demande de permission de 60 jours en raison de la pandémie de Covid-19 et surtout du fait de l’âge de Hissène Habré qui est “particulièrement vulnérable” à une contamination en milieu carcéral.
Selon le juge, Boubacar Ndiaye Fall, la sortie temporaire de l’ex-président tchadien “augmenterait automatiquement la capacité d’hébergement de la prison”. Tandis que sa présence “est de nature à handicaper les efforts déployés par l’administration dans ce combat” contre le covid 19.
Hissène Habré a dirigé d’une main de fer son pays de 1982 à 1990
Cependant, “l’ancien président réintègrera l’établissement pénitentiaire du Cap Manuel, immédiatement, à l’expiration de l’autorisation de sortir”, a précisé le juge de l’application des peines.
Colère des victimes
Au micro de la DW, Clément Abaifouta, le président de l’association des victimes du régime de Hissène Habré a indiqué que l’ex-président vit déjà dans une prison dorée. “Comparativement à ce que Hissène Habré a fait à nous autres, il est lui Habré, dans une prison que j’appelle un eldorado. Il a la télé, la climatisation. Nous, on n’avait pas tout cela” s’était-il indigné.
Clément Abaifouta, le président de l’Association des victimes de Habré ne s’est opposé à la libération provisoire de Hissène Habré
Hissène Habré, 78 ans, a dirigé le Tchad entre 1982 et 1990. Il a été arrêté en 2013 avant d’être condamné le 30 mai 2016 à la prison à vie par les Chambres africaines extraordinaires après avoir été déclaré coupable de crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement.
Une commission d’enquête tchadienne a chiffré à 40.000 morts le nombre des victimes de la répression pendant son règne.
Après son renversement en décembre 1990 par son ancien chef d’état-major, Idriss Déby Itno, l’ex-président tchadien s’est réfugié à Dakar au Sénégal.
Avec DW français