Guerre en Ukraine : l’Ouzbékistan se démarque de la Russie
Texte par: Le monde Afrique
Publié par:Corbeaunews Centrafrique
L’Ouzbékistan, ancienne république soviétique très dépendante de la Russie au plan économique, ose prendre ses distances avec Moscou à propos de la guerre en Ukraine. Ce pas de côté, qui fait suite à une réaction similaire du Kazakhstan début mars, est significatif de l’ambivalence de cette région d’Asie centrale naguère incluse dans la défunte URSS.
« L’Ouzbékistan reconnaît l’indépendance de l’Ukraine, sa souveraineté et son intégrité territoriale », a déclaré, jeudi 17 mars, le ministre ouzbek des affaires étrangères, Abdulaziz Komilov. Tout en demandant que soit trouvée au plus tôt « une solution négociée » au conflit, le chef de la diplomatie ouzbèke a également précisé que Tachkent ne « reconnaît pas les républiques [séparatistes ukrainiennes] de Louhansk et de Donetsk », dont Vladimir Poutine avait entériné l’indépendance à l’aube du déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février.
« En ces temps difficiles, a poursuivi le ministre ouzbek, nous allons fournir de l’aide humanitaire à l’Ukraine. » Surtout, a-t-il pris soin d’assurer, l’armée de l’Ouzbékistan ne sera impliquée « dans aucun conflit à l’étranger », rejetant implicitement les demandes récemment formulées par Moscou d’envoi de soldats des Républiques d’Asie centrale à la rescousse des forces russes en Ukraine.
« Position d’équidistance »
Au lendemain du début de la guerre, le Kazakhstan s’était, lui aussi, démarqué de la Russie en affirmant, par la voix de son ministre des affaires étrangères, Moukhtar Tileuberdi, qu’il « n’était pas question [pour son pays] de reconnaître Donetsk et Louhansk ». Le pays a également fait la sourde oreille aux demandes d’aide militaire en provenance du Kremlin. Ce proche allié de la Russie s’est, depuis le début, abstenu de tout soutien rhétorique en faveur de l’« opération militaire spéciale » décidée par Vladimir Poutine en Ukraine.
Ces prises de distance illustrent les traditionnelles complexités de l’équation diplomatico-économique entre Moscou et ses anciens vassaux d’Asie centrale. Depuis le démantèlement de l’Union soviétique, Tachkent, notamment, a toujours tenu à « maintenir une position d’équidistance entre les blocs », rappelle Stéphane Dudoignon, spécialiste de l’Asie centrale et chercheur au CNRS.
L’Ouzbékistan et d’autres pays de la région peuvent, à juste titre, s’inquiéter de la montée en puissance militaire et stratégique d’un « grand frère » à l’influence pesante. « On entre dans une période, détaille M. Dudoignon, où un succès militaire en Ukraine pourrait accroître encore le poids de la Russie dans la région et permettre à Moscou d’accentuer ses pressions. »