Gervais Lakosso fustige le projet de la nouvelle constitution de Touadera
Bangui, 24 juillet 2023 (CNC) – Dans une interview exclusive accordée à SAPRO-TV, Gervais Lakosso, coordonnateur du groupe de travail de la société civile, fustige le projet de la nouvelle constitution du Président Touadera . Selon lui, cette constitution suscite de graves inquiétudes et menace les fondements démocratiques du pays. Lakosso accuse le gouvernement de vouloir établir une dictature sombre et de concentrer tous les pouvoirs entre les mains du Président de la République.
Une Constitution tant vantée, une désillusion pour le peuple
Gervais Lakosso débute en exprimant le sentiment de désolation qui a envahi la société civile lorsque le projet de la nouvelle constitution a été dévoilé le 10 juillet dernier. Selon lui, le peuple centrafricain s’attendait à une constitution extraordinaire, susceptible de favoriser le développement et l’indépendance du pays. Cependant, la réalité s’est avérée bien différente.
Les reproches envers le projet de nouvelle constitution
Le coordonnateur de la société civile pointe du doigt deux objectifs principaux de cette nouvelle constitution. Premièrement, lever le verrou de la limitation de mandat pour permettre au Président Faustin Archange Touadera de s’éterniser au pouvoir. Deuxièmement, concentrer tous les pouvoirs de l’État entre les mains du Président de la République, transformant ainsi le pays en une sorte de royaume, une dictature sombre. Lakosso déplore le manque d’arguments solides pour justifier cette réforme constitutionnelle.
L’héritage de la Constitution de 2016
L’interviewé souligne que la Constitution de 2016 avait été accusée à tort de bloquer le développement du pays et d’entraver la gouvernance du chef de l’État. Cependant, les arguments en faveur de ces accusations n’ont jamais été apportés de manière convaincante. La nouvelle constitution proposée ne contient aucune clause susceptible de booster le développement de la République Centrafricaine, selon Gervais Lakosso.
La volonté d’éviter tout changement du verrou constitutionnel
L’article 153 de la Constitution de 2016, qui interdit toute révision touchant à la forme républicaine et laïque du pays, aux incompatibilités avec les fonctions du Président, aux libertés fondamentales du peuple ainsi qu’à la durée et au nombre de mandats du Président, constitue un obstacle pour les intentions du gouvernement actuel. Les tentatives pour contourner cet article ont échoué, ce qui a conduit le gouvernement à élaborer une nouvelle constitution afin de réaliser ses desseins.
Une nouvelle constitution contestable
Gervais Lakosso critique vivement la procédure de rédaction de la nouvelle constitution. Il déplore que celle-ci ait été élaborée sans impliquer l’assemblée nationale et les élus du peuple, ainsi que sans consulter la population comme cela avait été fait lors de l’élaboration de la constitution de 2016. Le manque de transparence dans le processus et l’absence d’experts indépendants sont des points qui soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à la qualité et la légitimité du projet.
Les conséquences de la nouvelle constitution
Selon Gervais Lakosso, la nouvelle constitution concentre excessivement le pouvoir entre les mains du Président, en créant notamment un poste de vice-président nommé par ce dernier, qui devient de facto le dauphin constitutionnel. Cette centralisation du pouvoir risque de détourner le principe démocratique du pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Le projet prévoit également une réduction de la cour constitutionnelle en un conseil constitutionnel, où le pouvoir nommera six des neuf membres, suscitant des craintes quant à son indépendance et son impartialité.
Rappelons que l’interview de Gervais Lakosso révèle des critiques importantes envers le projet de la nouvelle constitution en République Centrafricaine. Selon lui, le document manque de transparence et de pertinence, ne proposant aucune amélioration concrète par rapport à la constitution de 2016. Le risque d’une concentration excessive du pouvoir entre les mains du Président et la création d’un vice-président nommé, ainsi que la réduction de la cour constitutionnelle soulèvent de sérieuses préoccupations quant à l’avenir démocratique du pays. La société civile recommande l’annulation pure et simple du référendum constitutionnel et appelle le Président Touadera à agir dans l’intérêt supérieur de la nation et du peuple centrafricain. Il s’agit d’un moment crucial pour le pays, où le choix entre la consolidation de la démocratie et la dérive autoritaire déterminera son futur.
Par Alain Nzilo
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