FRANCE : UNE DÉPUTÉE NOIRE D’ORIGINE AFRICAINE SOMMÉE PAR UN JOURNALISTE DE DIRE « VIVE LA FRANCE !» A L’ANTENNE, UN DÉRAPAGE ?
Bangui, le 1er juillet 2017.
Par : Joseph Akouissonne, CNC.
La « fachosphère » s’étrangle. La France frileuse, celle des Frontistes, des racistes invétérés et de tous ceux qui croient à tort au « grand remplacement » des Français de souche blanche par des allogènes multicolores venus d’ailleurs, s’indigne sur les réseaux sociaux. Les journalistes en perdent leur latin.
Ce charivari haineux vise une élue de la « France Insoumise », Danièle Obono, députée française à la peau noire, tout comme Christiane Taubira, la première venant d’Afrique, la seconde de Guyane.
Danièle Obono a, dans le passé, signé une pétition au nom de la liberté d’expression, en même temps que de nombreux autres élus, pour soutenir un groupe de rap lillois, ZEP (Zone d’Expression Populaire), menacé de poursuites judiciaires. Dans l’une de leurs chansons, ils avaient introduit l’expression « Nique la France. » C’est excessif et injurieux, certes. Mais on peut juste la considérer comme un clin d’œil à la colonisation et ne pas l’interpréter sans son contexte.
La liberté d’expression, revendiquée à juste titre par les communicants, ne doit pas être sélective. Souvent, on entend des journalistes s’époumoner quand on leur reproche d’employer des qualitatifs à connotation raciste à l’endroit des Noirs et des Arabes. Ils crient en chœur à une atteinte à la liberté de s’exprimer ! Mais faudra-t-il laisser injurier les Arabes et les Noirs sans émettre de réprobation, sous prétexte que chacun est libre de ses propos ?
Demander à la députée, sur le plateau de BFMTV, à une heure de grande écoute, de dire : « Vive la France !» est une véritable stigmatisation. Pourquoi n’a-t-on pas demandé la même chose à tous les élus qui ont signé la pétition en même temps qu’elle ?
On ne peut pas accuser le journaliste Alain Marchal, qui a posé la question, d’être un raciste. Il a peut-être voulu faire le buzz aux dépens de la députée. C’est plus maladroit qu’autre chose, sans doute. Mais, ce qui est affligeant, c’est que les autres « Grandes Gueules » présentes ce jour-là sur le plateau ne lui ont pas fait remarquer que la question pouvait être mal interprétée et donner du grain à moudre à la « fachosphère ».
Cette attitude dénote un corporatisme aveugle et un opportunisme patent qui ne disent pas leur nom.
NOIRS FRANÇAIS DE FRANCE
Même aux États-Unis d’Amérique, au lourd passé esclavagiste, on ne demande pas continuellement aux personnes de couleur d’où elles viennent. On n’est pas toujours en train de soupçonner l’authenticité de leur appartenance à la communauté nationale.
En France, on ne pose jamais la question aux Français originaires d’autre pays européens : « D’où venez-vous ? ». En revanche, le Noir, malgré sa nationalité française, est constamment interpellé. Son appartenance à la communauté nationale est, en permanence, mise en doute. Quand on leur fait remarquer qu’il s’agit là d’un comportement raciste, les gens s’indignent, invariablement : « Moi, raciste ? »
Il est vrai que la majorité des Français ne l’est pas. On ne peut pas en dire autant des électeurs du Front National et de la « fachosphère ». Pour eux, un Noir ne peut pas être français. Christiane Taubira en sait quelque chose : pendant des années, elle a été victime de la bronca d’une partie des élus de droite et du Font National à la Chambre des Députés. Certains électeurs attardés l’avaient même grimée en guenon sur les réseaux sociaux. Durant tout son mandat, elle a dû subir des tombereaux d’injures.
Courageusement, elle a tenu bon, face à un racisme conscient chez les uns, plus ou moins inconscient chez d’autres. « Raciste, moi ? » s’indignaient-ils tous, invariablement.
Quand sortira-t-on enfin de cette peste brune qui gangrène le tissu social et menace « le vivre ensemble » dont la France a tant besoin ?
JOSEPH AKOUISSONNE
(26 juin 2017)