Bangui, CNC. L’affaire des deux franco-algériens arrêtés à Bangui en juin dernier vient de connaître son épilogue, révélant au grand jour la déliquescence du système judiciaire centrafricain. Mercredi 25 septembre 2024, Samir Antonio Osmani et Haçade Bensalem ont été libérés après une parodie de procès qui restera dans les annales de l’infamie judiciaire du pays.
Initialement accusés de “tentative de coup d’État”, les deux hommes d’affaires ont finalement été condamnés à deux ans de prison avec sursis et 500 000 FCFA d’amende. Le tribunal a ordonné la main levée sur tous leurs objets confisqués, mettant ainsi un terme à cette mascarade orchestrée par le pouvoir de Faustin-Archange Touadéra.
Ce dénouement était prévisible dès le début de l’affaire. Le ministre de la Justice, Arnaud Djoubaye-Abazene, avait lui-même promis leur libération lors d’une visite à la prison du camp de Roux, affirmant agir sur instruction du président Touadéra. Cette ingérence honteuse de l’exécutif dans une affaire judiciaire en cours démontre l’absence totale d’indépendance de la justice centrafricaine.
La chronologie des événements est édifiante. Le 10 juin, sous couvert d’une perquisition, le domicile d’Osmani et Bensalem dans le 7e arrondissement de Bangui a été le théâtre d’un véritable braquage. Le butin est colossal : 386 millions de francs CFA en diamants, 46 millions en espèces, des montres de luxe d’une valeur de 45 millions, ainsi que des équipements électroniques. Au total, près de 800 millions de francs CFA ont été dérobés.
L’opération a été menée par le commandant Yarkokpa de la garde présidentielle, accompagné d’éléments des FACA et de gendarmes. Les colonels Patassé et Walo, bien qu’absents des images, ont orchestré l’opération dans l’ombre. Wagner, la milice russe qui contrôle de fait le secteur des diamants et de l’or en RCA, est le véritable commanditaire de ce braquage d’État.
Un témoin présent lors de l’arrestation raconte : “Ils sont arrivés comme des voleurs, armés jusqu’aux dents. Ils ont tout pris, même les bijoux. C’était un vrai cauchemar, on aurait dit des bandits, pas des forces de l’ordre”.
Pendant qu’Osmani et Bensalem croupissaient en prison, les auteurs du braquage jouissaient d’une liberté totale. Le commandant Yarkokpa, les colonels Patassé et Walo, ainsi que les gendarmes et soldats impliqués, circulaient librement dans Bangui, protégés par leur hiérarchie et le pouvoir en place.
Un avocat proche du dossier, sous couvert d’anonymat, dénonce : “Ce procès était une farce du début à la fin. Les preuves ont été fabriquées, les témoins inexistants. La justice centrafricaine est devenue un théâtre de marionnettes manipulé par le pouvoir et Wagner”.
Cette affaire dévoile aux yeux du monde l’effondrement complet de l’État de droit en Centrafrique. Les forces censées protéger les citoyens se livrent au grand banditisme, la justice n’est qu’une farce, et le gouvernement obéit aux ordres d’une milice étrangère.
Un diplomate africain en poste à Bangui ne cache pas sa consternation : “C’est un naufrage total. La RCA est devenue la risée de la communauté internationale. Comment peut-on prétendre à la souveraineté quand on n’est même pas capable d’assurer un procès équitable ?”
La Centrafrique de Touadéra s’enfonce chaque jour davantage dans l’illégalité et le chaos. Ce braquage d’État, suivi d’un procès bidon, n’est que le symptôme le plus visible d’un système corrompu jusqu’à la moelle, où le pillage des ressources nationales est érigé en politique officielle.
Sans un sursaut d’intégrité et de patriotisme, c’est l’avenir même du pays qui est en péril. La libération d’Osmani et Bensalem ne doit pas faire oublier l’essentiel : la justice centrafricaine a perdu toute crédibilité, et avec elle, c’est l’État tout entier qui s’effondre.
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