Le parquet de Bangui s’enfonce dans l’absurde avec l’affaire Gregaza

 

Le magistra Benoit Narcisse Foukpio, Procureur de la République près TGI Bangui
Le magistra Benoit Narcisse Foukpio, Procureur de la République près TGI Bangui

 

Bangui, CNC. Le communiqué du parquet de Bangui concernant l’arrestation de Nourd Gregaza plonge la justice centrafricaine dans les abîmes de l’absurde. Cette déclaration, censée éclaircir la situation, provoque plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.

 

Un chef rebelle virtuel face à la justice, le parquet de Bangui communique.

 

Nourd Gregaza se retrouve dans une situation incroyable. Emprisonné en France depuis 2004, il est accusé d’être le “président fondateur” du Parti pour le Rassemblement de la Nation Centrafricaine (PRNC), un groupe armé créé en 2019. Cette incohérence temporelle flagrante n’a pas l’air de troubler le parquet de Bangui.

 

“On ne comprend pas le parquet de Bangui  parce que l’homme était en prison. Le parquet lui-même a dit que l’homme était en prison depuis 20 ans. Et puis, la rébellion est créée en 2019, seulement après lui”, s’étonne un observateur judiciaire.

 

En réalité, Gregaza apparaît comme un chef rebelle virtuel, un chef rebelle fantôme, accusé de diriger une rébellion depuis sa cellule française, sans accès à Internet ni téléphone. Une première mondiale dans l’histoire de la justice.

 

Des accusations sans preuves tangibles du parquet de Bangui.

 

Le communiqué du parquet de Bangui énumère une longue liste d’accusations contre Gregaza : complicité de meurtre, d’assassinat, attaques contre les forces de sécurité, pillages, incendies, prises d’otages… Pourtant, aucun élément concret n’est apporté pour étayer ces accusations fantaisistes.

 

Le parquet de Bangui évoque vaguement des “informations additionnelles” et des publications sur les réseaux sociaux, sans préciser leur nature ni leur origine. Cette absence de preuves tangibles jette un sérieux doute sur la légitimité des poursuites engagées.

 

Un régime qui poursuit les fantômes.

 

Cette affaire prouve une fois de plus l’hypocrisie d’un gouvernement qui s’acharne sur un prétendu chef de guerre virtuel tout en fermant les yeux sur les exactions bien réelles commises par ses alliés russes du groupe Wagner.

 

“Le régime actuel, à la solde de Wagner, est accusé de tous les crimes. Il ose condamner certains crimes alors que ses partenaires ont égorgé des gens et l’ont mis sur les réseaux sociaux. Le gouvernement protège les vrais criminels, mais laisse les gens qui n’ont pas commis les crimes en tant que tels dans la prison”, dénonce un activiste des droits humains.

 

Une justice instrumentalisée.

 

Le comportement du gouvernement dans cette affaire est particulièrement inquiétant. Les menaces de mandats d’arrêt internationaux et les déclarations tapageuses semblent relever davantage du spectacle que de la justice.

 

“C’est un spectacle, c’est une entente entre la France et la Centrafrique”, affirme un observateur politique. “La France a décidé de livrer ce monsieur, et puis simplement, il a été arrêté à Bangui, et puis il a pris un petit repos dans la prison centrafricaine. C’est seulement ça, c’est tout.”

 

Rappel des faits.

 

Pour mémoire, Nourd Gregaza a été extradé de France vers la Centrafrique le 20 septembre 2024, dans des conditions plus que douteuses. Son arrestation, filmée clandestinement, ressemblait davantage à un enlèvement qu’à une procédure légale.

 

Cette saga judiciaire illustre parfaitement les dérives d’un système où la justice est devenue un instrument politique au service du pouvoir. Elle pose de sérieuses questions sur l’état de droit en Centrafrique et sur la capacité du pays à mener un procès équitable.

 

Alors que Gregaza croupit dans les geôles de Bangui, son sort reste incertain. Une chose est sûre : cette affaire restera dans les annales comme un exemple parfait de ce que la justice ne devrait pas être.

 

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