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Faustin Archange Touadera : Guide de l’armée ou architecte de sa division ? Colères dans la base.

Faustin Archange Touadera : Guide de l’armée ou architecte de sa division ? Colères dans la base.

 

Le chef d'état-major, le général Zéphirin Mamadou habillé en tenue confectionnée pour la fête, cravatte papillon, chemise blanche devant une assiette, couvert et un verre d'eau servi sur la table, sa femme à sa gauche. Et au milieu est à sa droite le ministre de la Défense Biro.
Le chef d’état-major, le général Zéphirin Mamadou habillé en tenue confectionnée pour la fête et au milieu est à sa droite le ministre de la Défense Biro.

 

Bangui, 19 février 2024 (CNC) – Divisions croissantes, injustices poignantes et flagrantes et frustrations émergentes : l’armée nationale centrafricaine se trouve confrontée à une crise interne d’une ampleur sans précédent. Au cœur de cette tourmente se trouvent les récentes festivités présidentielles, qui ont révélé au grand jour les profondes disparités et les tensions latentes au sein de l’institution militaire nationale. Alors que certains officiers étaient conviés à célébrer dans les salons dorés de la présidence de la République avec leurs femmes, d’autres soldats, déployés sur le terrain, font face à des conditions de vie précaires et à un manque cruel de ressources dans leurs missions.  

Dans cet article, nous plongerons au cœur de cette crise qui se plane, examinant les détails souvent omis et les réalités souvent cachées derrière les façades festives. De la fête à la frustration, explorez avec nous les nuances et les enjeux de l’armée nationale centrafricaine, alors qu’elle navigue entre l’unité tant recherchée et les divisions internes qui menacent de la déchirer. 

  

Il y a quelques jours, à Bangui, le chef d’état-major de l’armée centrafricaine le général de corps d’armée Zéphirin Mamadou avait organisé une festivité à l’honneur du président putschiste Faustin Archange Touadera et de son épouse pour la fin d’année 2023 et la nouvelle, 2024. Dans cette cérémonie, une catégorie de 70 officiers de l’armée nationale a été choisie sur des critères flous. Ils ont organisé la festivité avec le président putschiste, ils ont dansé, ils ont mangé, ils ont bu, en un mot, ils ont vraiment fait la fête devant un menu à la pelle et des bouteilles à flots. 

 

Ce n’est pas la première fois non plus qu’une telle festivité bizarre est organisée avec Faustin Archange Touadera. L’année dernière, une cérémonie similaire avait été tenue, mais elle était réservée exclusivement aux généraux des forces armées centrafricaines. Les généraux, les présidents et leurs épouses étaient les seuls conviés à cette fête exclusive.  

 

Des couples des officiers retenus à la fête et habillés eux-aussi en tenue confectionnée et dédiée à cet effet. Ils sont avec leurs femmes.
Des couples des officiers retenus à la fête et habillés eux-aussi en tenue confectionnée et dédiée à cet effet. Ils sont avec leurs femmes.

 

En cette année 2024, la fin de celle de 2023, décision a été prise pour élargir le cercle en incluant certains officiers. Ces officiers rajoutés ont été choisis selon des critères flous et inconnus, et une cérémonie spéciale et grandiose a été organisée. C’est de là où est née la grogne. Toutefois, en préparation de l’événement, des uniformes bleus marines ont été achetés à l’étranger et un couturier-styliste spécial est venu de l’hexagone pour confectionner ces uniformes, financés en partie par le président putschiste lui-même. Des uniformes qui redonnent à la fête l’aspect d’une campagne d’évangélisation de la chorale de l’église baptiste de Ngoubagara et qui occasionnent :

  

Colère et mécontentement au sein de l’armée nationale. 

  

Certains officiers, sous-officiers et hommes du rang de l’armée nationale qui n’ont pas été invités à cette fête, se demandent à juste titre que si l’armée nationale est devenue une armée de factions ou une armée ethnique. Les critères de sélection de ces 70 officiers demeurent obscurs, laissant planer le doute sur l’équité et l’impartialité de l’institution militaire. Chaque année, ce sont ces mêmes officiers, les mêmes sous-officiers qui bénéficient des privilèges, des promotions en grade, et des opportunités de formation à l’étranger, alors que d’autres sont laissés pour compte en les envoyant sur le terrain. 

 

Le mécontentement s’amplifie au sein de l’armée nationale, où certains remettent en question la pertinence de confectionner des uniformes exclusifs pour une élite restreinte. Pendant que la fête battait son plein à Bangui, les soldats sur le terrain faisaient face à des conditions de vie difficiles qui les obligent à se suicider. Ils manquaient de nourriture et se retrouvaient souvent à dépendre de la générosité de la population locale pour se sustenter, ce qui témoigne de l’ampleur de leurs privations. 

 

Un officier retenu à la fête et habillé en tenue confectionnée et dédiée à cet effet. Il est avec sa femme habillée en robe festive de couleur rose, montre en or massif, collier africain autour de son cou.
Un officier retenu à la fête et habillé en tenue confectionnée et dédiée à cet effet. Il est avec sa femme.

 

Cette situation soulève autant des questions sur l’équité et l’intégrité de l’institution militaire, et alimente les craintes selon lesquelles l’armée pourrait être devenue le domaine exclusif d’une élite restreinte. Les officiers expriment leur préoccupation quant à la nature même de leur armée, se demandant si elle représente véritablement l’ensemble de la nation ou si elle est devenue le jouet d’intérêts particuliers. Plusieurs officiers affirment que Touadera, en se retournant vers les mercenaires étrangers, accentue ouvertement sa négligence envers l’armée de Bokassa. 

 

Une autre source de frustration est la présence du Directeur général de la police, Bienvenu Zokoué parmi les officiers invités. Cette inclusion soulève des questions sur les frontières entre les forces de sécurité et la légitimité des structures militaires. Les soldats questionnent légitimement pourquoi un officier de la police, un civil habillé en général, est considéré comme un membre à part entière de l’armée nationale, remettant en cause l’intégrité et l’identité de leur institution ? 

  

Face à ces divisions grandissantes, l’armée centrafricaine doit réaffirmer son unité et son engagement envers tous ses membres pour assurer la stabilité nationale. 

 

Par Gisèle MOLOMA

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