EXCLUSIF : Interview de Martin ZIGUÉLÉ ancien Premier ministre de Centrafrique
Bangui, 27 août 2023 (CNC) – Dans une interview accordée par Nora ANSELL-SALLES de de “Mine d’Infos” auprès de l’honorable Martin Ziguélé et du professeur Gorgui Ciss, l’honorable Martin Ziguélé revient sur son parcours scolaire, universitaire, professionnel, politique et parle de l’avenir de son pays que la France, Luxembourg et Belgique réunis, qui regorge d’énormes richesses.
Propos recueillis par Nora ANSELL-SALLES.
Martin ZIGUÉLÉ, avec qui je partage les rencontres de l’Internationale Socialiste et de l’Alliance Progressiste depuis 2014, est un Homme d’Etat respecté par ses pairs.
Grand défenseur des valeurs du Socialisme démocratique, le Président du Mouvement pour la Libération du Peuple centrafricain (MLPC) s’est engagé en politique très jeune, alors que son cursus universitaire, son profil et son expérience professionnelle le prédisposaient à une brillante carrière dans le domaine de I’Assurance ou de la Banque.
Mais pouvait-il en être autre pour ce jeune technocrate ayant grandi sous le régime de l’empereur Jean-Bedel BOKASSA et foncièrement opposé à la confiscation de toutes les libertés par les différents régimes totalitaires qui se sont succédés en République centrafricaine ?
Face à l’absence de démocratie, de liberté et de justice en République centrafricaine et dans de nombreux pays d’Afrique, le jeune socialiste Martin ZIGUÉLÉ adhère au MLPC en 1979 à l’âge de 22 ans pour lutter contre les dérives des régimes monarchiques et totalitaires.
Après avoir occupé les fonctions de Directeur National de la Banque des États de I’Afrique Centrale (BEAC), le Président Martin ZIGUÉLÉ a été Ministre des Finances et du Budget, député, Président de groupe parlementaire et Premier ministre de la République centrafricaine.
Cette riche expérience administrative et politique, l’ancrage dans son terroir de Paoua, et son attachement aux valeurs du Socialisme démocratique sont des atouts déterminants pour faire de la République centrafricaine un état démocratique et prospère si les centrafricains lui font confiance pour accéder à la seule station qui lui reste, c’est-à-dire celle de président de la République.
AVANT PROPOS
Ancien Premier Ministre de la République centrafricaine & Président du Parti politique MLPC
Martin Ziguélé, est né le 12 février 1957 à Paoua. Consultant, spécialisé en assurance, et homme politique centrafricain. Il est Premier ministre entre avril 2001 et mars 2003.
- Cumul de cette fonction avec celle de Ministre des Finances et du Budget (à partir de 2002)
- Président, Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) (juin 2007)
- Membre, Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) (depuis sa création en février 1979)
- Sous sa mandature, son parti intégrera l’Internationale Socialiste et l’Alliance Progressiste d’Afrique Centrale
Martin Ziguélé est :
Grand-croix de l’Ordre National du Mérite Centrafricain (28 novembre 2017)
Grand-officier de l’Ordre National du Mérite Centrafricain (5 novembre 2001)
Les lecteurs de “Mine d’Infos” qui suivent de près l’actualité africaine et plus particulièrement celle de la Centrafrique vous connaissent bien, d’autant que vous êtes particulièrement ”présent” sur les réseaux sociaux.
Les fidèles des pages consacrées aux sorties littéraires ont lu avec intérêt l’article publié à l’occasion de le sortie de votre ouvrage* ” Des crises à l’espérance. Ma vision pour la Centrafrique”.
Votre regard** sur le parcours de Michel Gbagbo, fils de l’ancien Président de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo, a suscité un vif intérêt.
Votre double casquette d’assureur et d’homme politique intrigue… Si l’homme public est connu, l’homme privé demeure un mystère..
Mine d’infos : Bref si vous deviez faire votre autoportrait que diriez-vous de vous ?
Martin Ziguélé : Un grand penseur et philosophe disait que le « moi » est haïssable et dans tous les cas, il est difficile de parler de soi-même. Ce que je peux me permettre de dire, c’est que je suis un homme d’action, engagé et même un peu têtu. Lorsque je suis convaincu d’une idée ou d’un projet, je m’y consacre entièrement quel qu’en soit le résultat ou le chemin pour y parvenir.
Et pour être engagé, il faut d’abord être optimiste, mais sans être naïf. Si on n’est pas optimiste, c’est difficile de croire en l’homme et à tout projet sociétal.
Enfin je refuse le renoncement et la complaisance.
Mine d’infos : À qu’elle carrière vous destiniez-vous à 20 ans?
Martin Ziguélé : Quand j’étais en classe de terminale, j’étais plutôt un bon élève en philosophie et en latin. D’ailleurs j’étais reçu au baccalauréat littéraire avec comme matière obligatoire le latin.
J’avais demandé à ma professeure de philosophie Madame Janine Gon, qui est encore en vie, d’écrire une recommandation dans mon dossier pour que j’aille étudier la philosophie à l’université, ce qui n’était alors possible qu’à l’étranger.
À peine le bac proclamé, Jean Bedel Bokassa avait pris un décret interdisant aux bacheliers centrafricains toute bourse d’études en philosophie et sociologie, et notamment en France, sous prétexte qu’une fois à l’étranger, ce type d’étudiants devenaient systématiquement des opposants à son régime.
Cette bourse m’a donc été refusée.
Sur les conseils d’un condisciple gabonais, je me suis orienté vers des études de langue et de littérature anglaises, dans le but de continuer dans une « Business School » et travailler dans le commerce international.
J’étais donc à l’Université de Bangui, avec de bons résultats et j’ai simultanément préparé deux concours très sélectifs : celui de l’Institut International des Assurances (IIA) de Yaoundé, et de l’École Nationale d’Administration (ENAM) de Bangui.
J’étais déclaré premier exaequo pour l’entrée à l‘ENAM et également admis à l’IIA.
J’ai choisi l’IIA dont le cursus est identique à celui d’une école supérieure de commerce, et avec des étudiants venant de 14 pays africains.
Sur ce plan j’ai pu réaliser mon rêve, nos enseignements étant hyper dosés en économie, finance, droit et assurances.
Mine d’infos : A quelle époque et dans quelle circonstance le monde de la politique a-t-il croisé votre route ?
M.Z : Bien évidemment, mon premier engagement politique est né de la révolte contre la décision du Président à vie Jean Bedel Bokassa de transformer notre pays en empire.
J’étais étudiant à l’époque et le congrès du parti unique se tenait dans mon quartier, au Château Boganda du nom du Père de notre indépendance.
Je suivais ce congrès à la radio nationale et j’écoutais en direct certains de mes professeurs déclarer que Jean Bedel Bokassa avait bien fait de transformer notre pays en empire, sous prétexte que l’empire était la forme de l’État africain authentique et historique.
J’étais scandalisé par le double discours de ces éminents professeurs qui sur le campus, pourfendaient la dictature de Jean Bedel Bokassa et en sa présence l’encensaient.
Cette lâcheté de l’intellectuel censé être courageux m’a profondément blessé et depuis ce jour je me suis engagé à combattre l’empire.
Trois ans après, à 22 ans, je me suis engagé dans le MLPC sur les conseils de deux de mes collègues qui, eux, militaient dans ce mouvement créé dans la clandestinité, pour renverser l’empire et restaurer la république.
Quarante-quatre années après, je suis toujours dans la lutte avec le MLPC comme militant et Président de ce Parti.
Mine d’infos : Par quel chemin détourné, ou pas, devient-on Premier ministre?
M.Z : Je ne sais pas comment d’autres ont fait pour être Premier ministre, et s’il y a un chemin détourné ou pas, pour le devenir.
Pour ma part comme militant du MLPC, j’ai été sollicité par le Président Ange Félix Patassé pour devenir Premier ministre le samedi 31 mars 2001, alors que je venais d’intégrer la Banque des États de l’Afrique centrale en juillet 1999, au poste de Directeur National pour la RCA, sur sa propre décision.
Je lui ai opposé un refus catégorique, au motif que je rentrais à peine d’un séjour de 12 ans au Togo, et qu’en plus il était hors de question pour moi de remplacer le Premier ministre en poste, Anicet Georges Dologuélé à cause de nos liens de famille.
Devant moi, il m’a assuré que j’avais raison et on s’est séparé tard dans la nuit. Arrivé chez moi, j’ai appelé au téléphone une personnalité pour lui demander de convaincre également le Président Patassé de ne pas prendre cette décision de me nommer Premier ministre parce que je souhaitais vraiment exercer mes fonctions de Directeur national à la Banque centrale.
Je ne sais pas ce qui s’est passé ensuite mais le lendemain dimanche 1er avril 2001, j’apprendrai à la radio en mi-journée le décret me nommant Premier ministre.
J’ai donc dû assumer, mais ce n’était pas du tout facile pour moi.
Mine d’infos : Vous avez commis trois livres, le dernier remonte à 2015… un quatrième est-il en préparation ?
M.Z : Vous le savez peut-être, je suis un ancien séminariste, éduqué par des capucins au Petit séminaire Saint-Jean de Bossangoa, puis élève des Frères maristes au Lycée d’État des Rapides de Bangui.
De la classe de 6ème jusqu’en 3ème, j’avais lu tous les ouvrages de la bibliothèque du Séminaire, Idem au Lycée des Rapides.
Il m’en est resté un grand goût pour la lecture. Je lis beaucoup et je lis de tout : journaux, magazines, livres, etc. et j’écris aussi beaucoup mais je ne publie pas tout.
Je suis depuis deux ans sur un projet de livre d’entretiens pour expliquer mon pays la RCA, expliquer son histoire, sa culture, ses espérances, ses expériences…
Je cherche un journaliste pour conduire cet entretien pour en faire un livre.
Mine d’infos : Vous êtes très présent sur les réseaux sociaux et dans les médias…
M.Z : Oui, puisque je vous ai dit que je lis de tout. Les réseaux sociaux sont un morceau de miroir de toute la société humaine moderne.
Hier il y avait la radio avec les ondes hertziennes, ensuite il y a eu la télévision et aujourd’hui les réseaux sociaux.
Il faut y être présent pour avoir le reflet de son propre environnement et du monde.
Mine d’infos : Par nécessité où réel intérêt ?
M.Z : Par intérêt d’abord parce que cette présence est volontaire, mais également par nécessité puisque les réseaux sociaux, malgré certaines dérives, permettent de prendre le pouls de la société.
Mine d’infos : Quelle est votre “vision” de la Centrafrique de demain ?
M.Z : Très ambitieuse. Un adage dit qu’il faut mourir pour aller au paradis et comme je ne suis pas encore mort, je ne peux pas dire que j’ai vu le paradis, mais je pense que la Centrafrique doit y ressembler.
J’ai parcouru mon pays du nord au sud et de l’est à l’ouest, par route, par avion, sur des pirogues, etc. Un pays plus vaste que la France, la Belgique et le Luxembourg réunis mais avec seulement 6 millions d’habitants.
Mon pays a un couvert végétal exceptionnel avec la forêt équatoriale faisant partie du Bassin du Congo au sud et la savane arborée au nord.
Comme la Guinée en Afrique de l’Ouest, la RCA est un château d’eau en Afrique centrale au cœur de l’Afrique, avec 15 millions d’hectares de terres cultivables dont seulement 0,5 % sont mise en valeur.
Nous avons toutes les potentialités pour développer ce pays, mais notre leadership politique fait défaut car erratique, inefficace et crisogène.
C’est pourquoi je suis convaincu que seule la vision sociale-démocrate, portée par les démocrates et progressistes centrafricains convaincus eux-aussi, peut changer la donne.
Notre pays est situé au 188ème rang sur 191 pays du classement de l’indice de Développement Humain du PNUD, et huit centrafricains sur dix vivent sous le seuil de pauvreté avec moins de 1000 francs cfa (soit deux dollars américains ou 1, 5 euros) pour vivre par jour, alors que le pays regorge d’énormes potentialités. C’est une aberration.
La mauvaise qualité du leadership explique en grande partie cette situation et donc un seul leadership progressiste et réformiste permettra de casser ce cycle vicieux.
Mine d’infos : Quel regard portez-vous sur l’actualité du monde: Wagner,Niger…?
M.Z : Le Niger est pour moi comme une seconde patrie parce qu’au-delà des liens partisans, mon Parti le MLPC développe des relations fraternelles avec le PNDS, et les présidents Mahamadou Issoufou et Mohamed Bazoum.
Nos liens sont excellents et naturellement je suis plus qu’ulcéré par le récent putsch, pour convenances personnelles, contre le Président élu du Niger, Mohamed Bazoum qui doit être rétabli dans ses fonctions.
Nous avons publiquement et clairement exprimé notre position depuis le début de ce que nous considérons toujours comme une tentative de coup d’état.
Nous saluons et soutenons tous les efforts pour le retour du Niger à la légalité par le rétablissement du pouvoir élu et de l’ordre constitutionnel ante.
S’agissant de Wagner, ce sont des mercenaires agissant en complément de la diplomatie russe. C’est une pieuvre dont l’objectif est de phagocyter l’un après l’autre nos États, de détruire l’espace politique républicain, de manipuler la presse et les opinions publiques pour installer et conforter des régimes fascistes de type mussolinien avec des “Duce”.
Je pense que le monde sous-estime ce cancer qui se métastase dans les pays africains.
📌Martin Ziguélé, l’annonce de votre prochaine interview loin de laisser nos lecteurs indifférents, a suscité un certain nombre de réactions auprès de la rédaction…
✒En voici la compilation:
📞 Josué Blaise Mbanga Kack , journaliste Camerounais, fidèle lecteur de “Mine d’Infos” nous dit qui est pour lui Martin Ziguélé.
Josué Blaise Mbnga Kack, journaliste Camerounais, fidèle lecteur de “Mine d’Infos” nous dit qui est pour lui Martin Ziguélé :
On vous dépeint comme un homme courageux, humain, chaleureux, compétent…
On vous dit ”tenace” avec un “caractère bien trempé”.
On ne peut pas plaire à tout le monde…
On vous reproche trop d’humilité.
Tout en reconnaissant vos compétences certains regrettent que vos orientations profondes restent quelque peu cachées…
Pour une grande majorité d’entre eux
Vous avez été un Premier ministre compétent dans des conditions difficiles sous Jean Bedel Patassé.
Vous avez favorisé [volontairement ou pas] l’arrivée au pouvoir de François Bozizé avant de vous opposez ensuite courageusement à lui.
Pour d’autres
Vous êtes perçu (de par votre carrière professionnelle et politique) comme un homme politique chevronné, leader incontournable de l’opposition centrafricaine, qui a su mettre en exergue sa capacité à mobiliser et son leadership lors du boycott du récent référendum en Centrafrique dont ils vous perçoivent comme la cheville ouvrière…
En dépit des qualités qu’ils vous reconnaissent et bien que vous ayez occupé de hauts fonctions politiques, ils estiment que vous ne bénéficiez toujours pas d’une forte popularité auprès du peuple centrafricain.
[Ce qui se vérifie selon eux par votre faible score aux présidentielles de 2015].Ce que beaucoup regrettent au regard de votre potentiel et de vos compétences qui pourraient vous permettre à l’avenir (selon eux) de présider la Centrafrique, si, et seulement si, vous arrivez à mieux capitaliser vos atouts.
Quoi qu’il en soit, vous restez aux yeux de beaucoup un leader cohérent qui lutte contre l’injustice dans son pays, malgré la forfaiture en cours, et restez une alternative crédible aux défis de la RCA.
Vous êtes considéré comme un dirigeant courageux face aux forces violentes installées au pouvoir et celles qui sévissent toujours dans votre pays.
Résilient face à l’autocratie et l’impunité ambiante, profondément démocrate et empreint des valeurs universelles qui devraient être celles qui régissent un pays, un continent.
Mine d’Infos : Vous reconnaissez-vous dans la perception et dans le portrait que dressent de vous nos lecteurs ?
M.Z : Comme je l’ai dit tantôt je ne suis pas à l’aise pour parler de moi. Mais il est vrai que dans l’environnement qui est le mien, mener une lutte politique est forcément l’épreuve de feu.
Il faut faire preuve de beaucoup de force de caractère et de force morale pour tenir le cap de la lutte.
Il faut résister aux menaces, aux intimidations, aux trahisons et à l’humiliation.
Il faut également résister au découragement consécutif au chapelet d’élections aux résultats frauduleux, avec des structures de gestion et de contrôle des élections corrompues et à la solde des pouvoirs successifs.
Par contre je vais corriger quelque chose, je n’ai pas favorisé l’arrivée de François Bozizé au pouvoir, je ne sais pas d’où vient une telle contrevérité.
Mine d’Infos : Un lecteur de “Mine d’Infos” a souhaité vous poser sa propre question:
Le lecteur : La mode forcément est à la présence de Wagner avec ce qui s’est passé en Russie !
Quoi que toujours stationné en Biélorussie pour le moment…
Comment vivez-vous, en votre qualité d’ancien Premier ministre, leur présence dans votre pays alors qu’il m’est dit que l’actuel président doit tout à la Russie…
M.Z : J’ai été le premier homme politique centrafricain à dénoncer la présence des Wagner dans notre pays pour la simple raison qu’un de nos candidats aux législatives a été la première victime des agressions des Wagner dès décembre 2020 dans une ville appelée Bossembélé.
Ce ne sera malheureusement que le premier acte d’un chapelet de crimes, de violences et d’agressions commis par les mercenaires de Wagner partout en RCA, et largement documentés par des institutions de renom comme Human Rights Watch, International Crisis Group, The Sentry sans parler des rapports de l’ONU et d’autres organisations centrafricaines.
Curieusement aucune enquête à ma connaissance n’a été ouverte par les juridictions à compétence universelle pour en juger les auteurs et complices, afin que les Centrafricains puissent souffler.
Je n’accepte pas et n’accepterai jamais que des mercenaires prennent en otage notre pays et notre peuple, dictent leur loi dans tous les domaines y compris sur le plan politique, et pillent nos richesses, comme cela se passe actuellement dans la grande mine d’or de Ndassima, sans payer un seul centime à l’État.
Au 21ème siècle nous assistons donc à un pillage en règle d’un pays, et personne ne lève le petit doigt pour au moins dénoncer cette spoliation du peuple centrafricain.
Nous sommes quelques-uns à continuer de crier comme Moïse dans le désert.
Mine d’Infos : Il n’y a pas qu’une vie dans la vie… Pensez-vous déjà à la prochaine étape ?
M.Z : Bien sûr puisque je suis assureur de métier, par déformation professionnelle je me projette toujours dans le futur.
Je suis à la retraite de la fonction publique depuis 4 ans et curieusement je n’ai jamais été autant occupé depuis.
Je suis député et m’occupe de ma circonscription de Bocaranga 3, je gère mon parti, je donne des coups de mains dans les assurances, et je suis également devenu fermier.
Sans compter ma famille. Mais par-dessus tout, le combat politique pour la victoire du MLPC se situe au-dessus de tout.
Mine d’Infos : Vos multiples fonctions vous laissent-elles du temps pour une vie personnelle?
M.Z : Oui c’est ce que je viens de dire. J’ai une vie personnelle que je consacre à ma famille, à mes enfants et surtout mes petits enfants dont le nombre continue de s’accroître.
Ils me remplissent de bonheur et j’apprends beaucoup d’eux car ils me soumettent régulièrement à des séances de questions aussi curieuses qu’impertinentes.
Ensuite j’ai renoué avec l’agriculture et le petit élevage car je suis fils de paysan.
Mine d’Infos : La personne que vous êtes aujourd’hui a-t-elle réalisée ses rêves d’enfant ?
M.Z : Oui je crois et j’en rends grâce à Dieu d’abord, puis à mes parents, à mon épouse et à mes enfants, mes frères et sœurs, mes camarades ainsi qu’à toutes celles et à tous ceux qui ont donné de leur temps pour m’éduquer, m’encadrer, et m’aider jusqu’à ce jour.
Un adage camerounais dit que « quelqu’un devient quelqu’un à cause de quelqu’un ».
Nous sommes tous des produits de la générosité et de la disponibilité des autres.
On ne peut réaliser ses rêves, en partie ou en totalité, qu’avec le concours des uns et des autres, même si la détermination personnelle est essentielle.
Mine d’Infos : Si vous aviez la possibilité de faire vous-même les questions/réponses laquelle vous seriez-vous posée et quelle réponse y auriez-vous apportée ?
M.Z : Ma question serait :
Êtes-vous panafricaniste et que pensez-vous du panafricanisme ambiant actuellement❓
Je répondrai comme le Christ en son temps « méfiez-vous des faux prophètes ».
J’ai lu tous les ouvrages de Kwame Nkrumah dont le fameux « Africa must unite ».
J’ai lu Frantz Fanon, Marcus Garvey, Sékou Touré et d’autres encore.
Je suis panafricaniste dans l’âme puisque je suis socialiste, donc internationaliste.
J’ai participé à plusieurs réunions dans le passé avec des camarades progressistes du Niger, du Burkina, du Mali, du Sénégal, de Libye, du Cameroun et d’ailleurs pour la vulgarisation par l’enseignement des idéaux du panafricanisme et de l’unité africaine fondés sur les visions conjuguées des Pères fondateurs.
Ce travail doit être urgemment repris et je profite de votre tribune pour lancer un appel aux intellectuels et aux politiques africains pour en créer le cadre.
La nature ayant horreur du vide, il est compréhensible qu’en l’absence de cadre rigoureux de réflexion et d’action sur le panafricanisme, des réseaux sociaux et des médias relaient un ersatz de panafricanisme qui n’est qu’une hérésie politique et une escroquerie intellectuelle sinon une escroquerie tout court.
Dis-moi qui te finance je te dirai qui tu es.
La presse relaie des informations vérifiées et recoupées sur les subsides que perçoivent ces africaines et africains de pays qui sont dans leurs stratégies de domination, comme d’autres hier.
Le panafricanisme n’est ni chauvin, ni xénophobe, ni racial, ni raciste. Il est l’unité de l’Afrique, au-delà des frontières coloniales et des ethnies, pour nous rassembler en une seule nation, pouvant peser dans le concert des nations et la conduite des affaires du monde.
Dans cette Afrique unie, tout africains noir, blanc ou métissé, s’épanouira et vivra dignement, en harmonie avec d’autres peuples et nations.
Propos recueillis par Nora ANSELL-SALLES auprès de Martin ZIGUÉLÉ et du professeur GORGUI CISS.