Enquête exclusive : les en-dessous troublants de l’affaire de meurtre à Paoua
Bangui, 13 novembre 2023 (CNC) – Dans l’ombre des marchés animés de Paoua, un supposé conflit foncier, en apparence anodin, a laissé émerger une tragédie meurtrière, révélant les dessous d’une vendetta personnelle qui a secoué la quiétude de la communauté. Une enquête exclusive CNC.
Le supposé conflit foncier sous-jacent :
Au cœur de la tragédie qui a secoué la paisible ville de Paoua, réside un supposé litige foncier, initiant une spirale d’événements dramatiques. Le protagoniste de cette histoire est un jeune musulman prospère, actif dans le commerce, qui aurait acquis un terrain auprès d’un particulier pour y ériger une villa. Mais le jeune musulman, voulant agrandir sa concession, aurait demandé au jeune de lui vendre la partie restante du terrain.
Cependant, la quiétude de cette transaction a été brisée lorsque le fils du vendeur a résisté à céder la totalité du terrain à la demande du jeune musulman, insistant sur la nécessité de conserver une parcelle pour sa propre famille. Ce refus a déclenché une réaction en chaîne, conduisant le jeune commerçant à nourrir une rancœur tenace envers ce fils, créant ainsi les prémices d’une vendetta personnelle.
La tension s’est accumulée au fil des jours, jusqu’à ce que la situation atteigne un point de non-retour. Le jeune musulman, en proie à un ressentiment grandissant, aurait alors pris la décision de faire appel à un commando composé de 6 individus, dont deux ex-rebelles pour régler le différend de manière brutale. Leur mission : se rendre au domicile du fils récalcitrant, situé derrière le marché de Paoua, et lui infliger une violence inouïe.
Le meurtre et la dissimulation :
La nuit tragique à Paoua, marquée par le conflit foncier sous-jacent, a atteint son point culminant avec l’exécution brutale du fils du propriétaire terrien. Sous le couvert des ténèbres, le commando, orchestré par le jeune commerçant musulman, a mis en œuvre un plan macabre pour punir le fils récalcitrant.
Ayant attiré la victime hors de sa résidence, située derrière le marché de Paoua, les deux ex-rebelles avec la complicité de quatre autres, ont agi avec une violence inouïe. Les coups ont plu, laissant la victime ensanglantée et finalement poignardée à plusieurs reprises. Leur sinistre mission accomplie, ils ont discrètement dissimulé le corps meurtri sous des herbes, espérant que la vérité demeurerait cachée.
Le lendemain matin, l’horreur a frappé la communauté de Paoua lorsqu’un passant a découvert le cadavre. Ce triste constat a déclenché une série d’événements qui ont révélé l’ampleur de la tragédie. Sans chercher à dissimuler l’acte macabre, les auteurs avaient laissé derrière eux un tableau de terreur, laissant la communauté sous le choc de la violence qui avait éclaté au sein de leurs propres murs.
La réaction de la communauté :
La découverte choquante du meurtre du fils du propriétaire terrien a déclenché une réaction immédiate et violente au sein de la communauté de Paoua. L’inquiétude croissante quant à la disparition du jeune homme a mobilisé les habitants qui, sans tarder, ont organisé une recherche désespérée à travers la ville.
Guidés par un mélange d’angoisse et de détermination, les membres de la communauté ont rapidement remonté la piste jusqu’au commanditaire du meurtre, le jeune commerçant musulman prospère. La découverte de son implication dans cette affaire a suscité un mélange de colère et d’incrédulité parmi les habitants qui, jusqu’alors, n’auraient jamais imaginé qu’une querelle foncière puisse dégénérer de manière aussi tragique.
Lorsqu’ils ont confronté le commanditaire, la situation a failli basculer dans le lynchage. Les émotions, exacerbées par le choc de la découverte, ont poussé la foule à exiger une justice immédiate et expéditive. Cependant, l’intervention opportune des forces de sécurité locales, appelées en urgence, a permis d’éviter un dénouement encore plus dramatique.
L’intervention des mercenaires russes et découvert d’un tableau mystique :
Face à l’escalade de violence à Paoua, l’intervention des mercenaires russes a ajouté une dimension inattendue à l’affaire. Alertés sur les événements en cours, ces mercenaires se sont rendus sur les lieux pour éclaircir la situation, ignorant encore les détails du conflit foncier à l’origine du drame.
Au cours de leur perquisition au domicile du jeune commerçant musulman, les mercenaires ont fait une découverte saisissante. Trois armes de guerre, des munitions et des uniformes militaires ont été trouvés, élargissant l’enquête au-delà du simple meurtre. Cette révélation a suscité des interrogations sur la nature exacte des activités du commerçant et sur la manière dont ces effets militaires étaient liés à la querelle foncière initiale.
Plus troublant encore, les mercenaires russes ont découvert un tableau mystique dans la demeure : un poisson coupé en deux, vivant malgré cette mutilation. La présence d’un féticheur tchadien, retranché dans la maison, a ajouté une dimension ésotérique à l’affaire, jetant une lumière inhabituelle sur les motivations du commerçant.
Les mercenaires russes ont agi avec détermination en exigeant que le féticheur quitte la résidence, malgré son refus initial. Cette confrontation a suscité la colère des habitants, créant un climat encore plus tendu. Les jeunes, agissant sous l’ordre des mercenaires russes et des soldats FACA, ont mutilé le poisson et jeté le gris-gris dans les flammes, symboliquement rompant avec les éléments mystiques qui semblaient liés au commerçant. Ils ont ensuite commencé à incendier les effets du jeune musulman ainsi que ses véhicules, le tout en présence des soldats FACA et des mercenaires russes qui ont fait des tirs en l’air en même temps pour protéger les jeunes pilleurs.
Témoignage du jeune musulman : un appel à la justice et à la vérité
“Je souhaite ardemment rétablir la vérité face aux allégations injustes qui circulent à mon sujet concernant les événements tragiques de Paoua. Ces accusations infondées ont été proférées par un ex-chef milicien résidant à Paoua. Il est crucial de comprendre que je ne suis en aucun cas lié au meurtre qui a enflammé notre communauté.
La victime, dont le destin tragique a déclenché cette spirale d’accusations, vivait à seulement 500 mètres de chez moi. Bien que nous ne partagions pas une proximité immédiate, la douleur que ressent toute la communauté à propos de ce drame me touche profondément.
Si des doutes subsistent quant à notre implication dans cet acte criminel, je prie instamment ceux qui en doutent de se tourner vers les autorités judiciaires, la police, ou la gendarmerie pour formuler leurs plaintes. Accuser quelqu’un de manière aléatoire et menacer sa vie est non seulement injuste, mais également préjudiciable à la recherche de la vérité et de la justice.
Ce qui m’attriste le plus dans cette histoire, c’est le comportement d’un soldat FACA présent sur les lieux de l’incident. Les paroles incendiaires qu’il a prononcées, soulignant la nécessité de tuer des individus en raison de leur appartenance religieuse, sont choquantes et mettent en évidence une dérive inquiétante au sein des forces républicaines. Il est impératif que la justice prenne des mesures appropriées à l’encontre de ce soldat, afin de préserver l’intégrité des forces de sécurité et de dissuader de tels discours dangereux à l’avenir.
En tant que personne faussement accusée, je place ma confiance dans le processus judiciaire pour rétablir la vérité et laver mon nom de ces calomnies. Mon témoignage est un appel à la justice, à la responsabilité et à la préservation de la paix dans notre communauté éprouvée.”
En réalité, l’histoire poignante de Paoua révèle un visage inattendu derrière la prétendue tension intercommunautaire. Ce n’était pas simplement une querelle de terrains, mais plutôt le théâtre d’une tragédie complexe, mêlant vengeance personnelle, activités mystiques et l’intervention de mercenaires russes. L’impact sur la communauté est profond, laissant des cicatrices émotionnelles et révélant les failles au sein de cette ville autrefois tranquille. Alors que Paoua cherche à se reconstruire, cette affaire souligne l’importance de la compréhension profonde des enjeux locaux pour éviter que des drames similaires ne se reproduisent.
Par Fortuné Gaël Boberang
Correspondant de Corbeaunews Centrafrique dans Lim-Pendé.
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