Bangui (République centrafricaine) – 2 oct. 2019 21:31
«Avec l’aide de la Russie, nous pourrons sécuriser nos mines de diamants», a affirmé Albert Yaloke Mokpeme, porte-parole du président centrafricain. | Patrick Fort / AFP
Les représentant·es russes ont conclu des accords avec le gouvernement centrafricain pour extraire des diamants là où son commerce est légal. Certaines pierres précieuses sont vendues dans les règles, mais nombre d’entre elles sont victimes de la traite par des rebelles qui se battent pour les mines. Cette révolte de six ans a tué des milliers de personnes et déplacé plus d’un million d’autres en Centrafrique. Des agents russes se sont même associés à des meurtriers rebelles pour obtenir des diamants dans des zones où son commerce est interdit.
Ce partenariat étonnant entre les deux nations montre que la poussée russe dans le pays est étroitement liée au profit qu’elle peut y engranger. Ce nouveau partenariat peut s’avérer être un marché dangereux et menaçant. Le gouvernement centrafricain a accueilli les Russes afin de trouver une stabilité qui lui permettra de vendre plus de diamants légalement et d’utiliser l’argent pour reconstruire la nation. «La révolte dans notre pays nous a coûté très cher», a déclaré Albert Yaloke Mokpeme, porte-parole du président centrafricain. «Personne n’est venu à notre secours, sauf la Russie. Avec son aide, nous pourrons sécuriser nos mines de diamants», a-t-il affirmé.
Les analystes affirment que la Russie se lie à la Centrafrique pour affirmer son importance mondiale et en récolter une compensation financière. «Ils rassemblent des amis et des alliés, et ils trouvent des environnements permissifs pour vendre leurs marchandises et gagner des opportunités commerciales», a déclaré Judd Devermont, directeur du Programme Afrique au Centre d’études stratégiques et internationales, ajoutant qu’ils «utilisent la retraite américaine pour se présenter comme une puissance mondiale».
Des «diamants de sang»
Malgré la valeur de ces pierres précieuses, la privation est souvent extrême pour la population Centrafricaine. Les diamants se trouvent au fond de trous creusés par des hommes qui sont payés 2,75 euros par jour. En 2013, le Processus de Kimberley, une alliance internationale mise en place en 2003 par des États, des professionnels du diamant et des organisations de la société civile visant à empêcher les groupes armés de tirer profit du commerce des diamants, a jugé que les pierres nationales étaient des «diamants de sang» et a interdit toute vente de pierres en provenance du pays.
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Les autorités américaines ont estimé la présence des mercenaires russes en Centrafriqu à plus de 400. Mais les opérations minières russes ont été repérées dans des régions où les pierres précieuses sont considérées comme des «diamants de sang», selon des diplomates, des fonctionnaires locaux et deux seigneurs de guerre dont les groupes opèrent là-bas. Le pays offre les gisements de pierres précieuses les plus abondants et de la meilleure qualité. Ces diamants sont régulièrement introduits en contrebande dans les pays limitrophes. Selon le ministre des Mines du pays, Léopold Mboli Fatran, «le monde considère nos diamants comme des “diamants de sang” aujourd’hui, mais nous n’en aurons plus. Nous allons en prendre le contrôle.»
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