Élections 2025 : Touadéra prépare un monologue électoral pour une dictature en puissance
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
À dix mois des élections générales – locales, législatives, présidentielle –, la République centrafricaine (RCA) s’enfonce dans un bourbier politique où la voix du peuple risque de n’être qu’un murmure étouffé. Faustin-Archange Touadéra, président depuis 2016, ne cache plus son jeu : il veut un troisième mandat, coûte que coûte. Mais pour y arriver, il organise un monologue électoral, un simulacre où l’opposition réelle est bâillonnée, les institutions verrouillées et les urnes promises à un résultat écrit d’avance. Derrière les promesses de démocratie, une dictature se dessine, et les Centrafricains, eux, regardent leur avenir s’effilocher.
Une Constitution taillée pour un roi
Tout commence avec le référendum du 30 juillet 2023, un coup de force constitutionnel qui a balayé la limite des deux mandats fixée par la Constitution de 2016. Désormais, Touadéra peut se présenter indéfiniment, avec des mandats allongés à sept ans (L’Expansion, p. 5). L’opposition, menée par des figures comme Martin Ziguélé du MLPC, Anicet Georges Dologuélé de l’URCA, Crépin Mboli-Goumba du PATRIE, Nicolas Tiangaye de CRPS, ont dénoncé une « illégalité» (*Le Démocrate*, p. 5). Mais les protestations n’ont rien changé. Le texte, adopté sous une pluie de critiques, place le président au-dessus de tout : il nomme un vice-président , pas élu, juste choisi, et contrôle les hautes institutions de l’État, du Conseil constitutionnel à l’Autorité nationale des élections (ANE).
« C’est un hold-up en préparation », accuse Ziguélé dans sa déclaration du 22 février lors du 46e anniversaire du MLPC (Le Citoyen, p. 2). Pour enrober ce projet, le régime organise des « marches spontanées » à travers le pays, où des foules brandissent des pancartes demandant à Touadéra de se représenter. À Bangui, on murmure que ces manifestants touchent 500 FCFA et un sandwich pour jouer leur rôle (Le Citoyen, p. 2). Qui paie ? Les rumeurs pointent des fonds opaques, peut-être liés aux Wagner russes ou aux alliés rwandais, qui tiennent Bangui sous leur coupe.
Une opposition écrasée, une façade montée
L’opposition véritable n’a aucune chance dans ce théâtre. Le MLPC, symbole d’un « renouveau démocratique », subit des « attaques incessantes » : militants arrêtés, réunions interdites, et procès montés pour écarter ses leaders (Le Démocrate, p. 1). D’autres partis critiques, comme ceux dénonçant les « irrégularités juridiques » du référendum, sont réduits au silence ou à l’exil (Le Démocrate, p. 5). À l’inverse, Touadéra s’est fabriqué une opposition sur mesure : l’Union des forces de l’opposition démocratique (UFDO), une coalition docile qui se dit « constructive » mais soutient ouvertement un troisième mandat (L’Expansion, p. 5). « Des opposants de l’opposition », raille un éditorialiste (Le Démocrate, p. 5).
Les institutions électorales, elles, sont aux ordres. L’ANE, chargée d’organiser les scrutins, est truffée de partisans du Mouvement Cœurs unis (MCU), le parti présidentiel. Le Conseil constitutionnel, qui valide les résultats, est tout aussi acquis à Touadéra, avec des juges nommés par décret présidentiel (Le Démocrate, p. 5). Même les autorités locales, elles aussi désignées par le chef de l’État, peuvent saisir le Conseil pour faire annuler des résultats sur simple suspicion d’irrégularité – une arme parfaite pour éliminer tout adversaire gênant (Le Démocrate, p. 5). « Les dés sont pipés avant même qu’on joue », lâche un militant désabusé à Bangui.
Un financement opaque pour un miracle électoral
Trois scrutins en une année – locales, législatives, présidentielle, ça coûte cher. Mais comment financer ça dans un pays où le gouvernement peine à payer ses fonctionnaires ? « Un miracle », ironise *Le Démocrate* (p. 5). La RCA vit sous perfusion humanitaire, avec 67 % de la population sous le seuil de pauvreté et un programme du FMI suspendu pour « dysfonctionnements graves » (L’Expansion, p. 5). Les partenaires internationaux, comme la France ou l’Union européenne, hésitent à verser des fonds, refusant de « financer une dictature en puissance » (*Le Démocrate*, p. 5).
Alors, d’où viendra l’argent ? Les regards se tournent vers les ressources pillées par les alliés de Touadéra. L’or de Ndassima, exploité par des intérêts russes, ou les diamants qui disparaissent dans des circuits obscurs pourraient bien remplir les caisses électorales (L’Expansion, p. 5). « Une captation mafieuse des richesses », dénonce Ziguélé (Le Citoyen, p. 2). Pendant ce temps, le peuple attend des routes, des hôpitaux, une vie digne. Mais pour Touadéra, la priorité, c’est 2025, pas 2024.
Une sécurité en trompe-l’œil
Le régime brandit ses « progrès sécuritaires » comme argument. Oui, certains groupes armés ont déposé les armes dans le cadre du processus DDR (désarmement, démobilisation, réinsertion), et l’État a repris des zones autrefois hors de contrôle (Le Démocrate, p. 5). Mais la paix reste fragile. À Bamia, 13 cas de viol en deux mois (Le Citoyen, p. 7), à Ippy, un soldat FACA tué par Wagner le 23 février (Le Démocrate, p. 3) : la stabilité promise est un mirage. Les groupes rebelles, bien que réduits, rôdent encore dans la brousse, et les garanties de sécurité pour les ex-combattants sont douteuses (Le Démocrate, p. 5).
Pis, les préparatifs électoraux patinent. Sur les 98 centres d’inscription soutenus par la MINUSCA, 58 restent fermés pour raisons de sécurité (L’Expansion, p. 6). Plus de 570 000 électeurs ont été enregistrés dans 11 des 20 préfectures, mais dans les zones frontalières, l’instabilité persiste (Médias Plus, p. 2). Comment voter dans un pays où les armes parlent encore ? Touadéra s’en moque : son scrutin, il le tiendra, même si c’est sur un champ de ruines.
Un monologue qui ne trompe personne
« Des élections alibi », tonne l’opposition (Le Démocrate, p. 5). Sans dialogue préalable, sans refonte des institutions électorales, sans transparence, 2025 s’annonce comme un one-man-show. Les A3+ (Algérie, Somalie, Sierra Leone, Guyana) au Conseil de sécurité de l’ONU appellent à un « dialogue constructif » et à une restructuration de l’ANE (Le Démocrate, p. 2), mais Bangui fait la sourde oreille. Pourquoi discuter quand on peut dicter ?
Touadéra rêve d’un sacre électoral, mais le peuple n’y croit plus. Les taux de participation, déjà faibles en 2020 lors d’un scrutin chaotique, risquent de plonger encore. « Ce n’est pas gagné d’avance », prévient Le Démocrate (p. 5). Car une dictature ne se bâtit pas sur des urnes vides. À force de parler tout seul, Touadéra pourrait bien se retrouver seul face à un pays qui, lui, n’a plus rien à perdre.
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