Détention des 4 employés du MSF à l’OCRB, une affaire qui dépasse le cadre judiciaire.
Bangui (République centrafricaine) – samedi 14 décembre, quatre employés de l’ONG internationale médecin sans frontières (MSF) ont été placés en détention dans les locaux de l’Office Central de Répression du banditisme (OCRB) à Bangui, alors que le MSF, dans un communiqué publié vendredi, demande leur libération immédiate, et suspend dans la foulée leurs activités à l’hôpital De Sica. Que s’est-il réellement passé ? Pourquoi les employés du MSF ont été retenus contre leur gré aussi longtemps?
Notre bureau d’enquête, saisi de l’affaire quelques heures après la publication du communiqué du MSF qui faisait état de la détention dans les locaux de l’Office centrafricain de répression du Banditisme (OCRB) et de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) de ses Quatre employés sans qu’aucune explication ne soit donnée, et contre leur gré, à pu mener ses propres investigations, en toute indépendance, sur cette affaire que certains jugent très embarrassante pour la justice, en raison des nombreuses pressions diplomatiques qui s’enchainent depuis le début de l’affaire.
D’après notre bureau d’investigation, tout est parti d’une affaire d’accident de circulation sur l’avenue David Dacko, dans l’après-midi du samedi 14 décembre 2019, impliquant un véhicule de marque PAJERO appartenant à un chef milicien d’autodéfense de Km5, le tristement célèbre Ahamat Ibrahim, alias Kamba ti Wa, et une moto, conduite par un jeune au niveau du quartier Lakouanga, dans le premier arrondissement de Bangui. Cependant, une foule hostile, qui s’est déportée sur le lieu de l’incident, voudrait en découdre avec celui qui serait à l’origine de cet accident.
À cet instant, un soldat FACA, qui se trouvait dans la foule, intervenait pour que le chef milicien Kamba ti Wa, et le conducteur de la moto soient évacués d’urgence à l’hôpital De Sica qui se trouve non loin de la scène. C’est dans ce contexte que les responsables du MSF (Médecin sans frontière) ont appelé la police, car la foule hostile voulait vaille que vaille finir avec ce présumé criminel tant recherché par les forces de l’ordre.
Alors, que s’est-il passé après ?
D’après certains témoins qui ont assisté à la scène, le militaire, qui a conduit Ahamat Ibrahim, alias Kamba ti Wa et les blessés, aurait instruit les gardiens de MSF afin que ces derniers soient gardés en sécurité en attendant que les forces de l’ordre ne viennent s’enquérir de la situation.
Conscient qu’il n’est pas en règle face à la justice, l’homme du KM5, qui transportait dans son véhicule des armes à feu ainsi que des stupéfiants au moment de l’accident, selon une source policière proche du dossier, va soudoyer les gardiens du MSF avec une enveloppe de 500 milles francs CFA pour le laisser filer dans la nature.
Cependant, les forces de l’ordre, qui sont arrivées quelques minutes plus tard à l’hôpital De Sica géré par MSF, n’ont pas trouvé le suspect qui s’était déjà évaporé dans la nature. Ce qui a conduit les policiers à interroger quelques témoins qui ont expliqué que le suspect aurait été exfiltré par une sortie arrière où une moto l’attendait avant de disparaître en toute impunité.
Surpris par cette information, les policiers, sur ordre du parquet général, ont mis en garde à vue le responsable de sécurité du MSF, un sujet nigérien, nommé Abdouramane, et trois de ses collègues dans les locaux de l’Office central de répression du banditisme (OCRB) pour nécessité d’enquête, selon leur propre terme.
Contactée par CNC, la police centrafricaine déplore l’attitude de l’ONG médecin sans frontières (MSF) qui ne « joue pas franc-jeu avec les autorités en charge de sécurité ». D’après le directeur de l’OCRB, le colonel Armel Baraba, la plupart des criminels admis à la clinique du MSF pour des soins en attendant la suite de l’enquête judiciaire sont automatiquement libérés par le MSF après leur traitement . L’autre cas similaire, selon la police, est celui des six hommes armés de FPRC arrêtés à Birao, transférés au parquet de Bangui puis conduits par le procureur de la République à MSF pour une prise en charge sanitaire, ont été laissés libres dans la nature sans en informer les autorités judiciaires. Une version contestée catégoriquement par le service du MSF contacté par CNC.
Pour le parquet général, cette affaire, qui dépasse
Déjà le cadre judiciaire, se joue désormais sur le terrain diplomatique avec d’énormes pressions diplomatiques et médiatique.
Aux dernières nouvelles, une solution aurait déjà été trouvée, avec l’expulsion rapide de l’employé expatrié, le Nigérien Abdouramane. Quant aux autres employés nationaux, ils seraient déjà libérés sur ordre du parquet.
Il faut noter au passage que monsieur Ahamat Ibrahim, alias Kamba ti Wa , successeur du tristement célèbre chef milicien d’autodéfense du KM5 surnommé APO, est cité dans deux affaires de braquage cette semaine des véhicules appartenant à des ressortissants chinois le 18 décembre à Bangui, puis à la Croix rouge Centrafricaine, toujours dans la capitale.
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