Circulation à Bangui : le cocktail mortel de routes défoncées et d’absence de régulation
Bangui, CNC. La capitale centrafricaine connaît une hécatombe routière sans précédent. Avec 30 blessés graves recensés quotidiennement à l’hôpital communautaire de Bangui, les accidents de la route, principalement causés par les taxis-motos, sont devenus un véritable fléau de santé publique que les autorités peinent à endiguer. Cette situation catastrophique, qui perdure depuis plus d’une décennie, illustre l’incapacité chronique de l’État à assurer la sécurité de ses citoyens.
Accident de circulation à Bangui : un système de santé au bord de la rupture
Le service de traumatologie de l’hôpital communautaire de Bangui brosse un tableau accablant. « Chaque matin, nous avons 30 dossiers de victimes graves d’accidents de circulation à Bangui à traiter, sans compter les blessés légers », révèle le Professeur Bertrand Tekpa, chef du service de traumatologie. Ces chiffres alarmants ne représentent que la partie visible de l’iceberg puisque de nombreuses victimes d’accident de circulation à Bangui se dirigent vers d’autres structures comme l’hôpital MSF de SICA où les soins sont gratuits.
Les statistiques d’accident de circulation à Bangui sont particulièrement inquiétantes : dès 2012, le service enregistrait déjà 1665 victimes d’accidents graves et 250 décès. Une décennie plus tard, la situation n’a fait qu’empirer. « Les motos sont impliquées dans 75% des accidents, causant principalement des traumatismes graves nécessitant des interventions chirurgicales », précise le Professeur Tekpa. La surcharge des services d’urgence compromet la qualité des soins, tandis que de nombreuses victimes, faute de moyens, renoncent même à se faire soigner.
Une régulation inexistante du transport urbain
La prolifération anarchique des taxis-motos illustre l’échec cuisant des autorités à organiser le transport urbain. Alors que Bangui, ville de plus d’un million d’habitants, compte moins de 100 taxis automobiles et seulement 70 bus, les taxis-motos se sont multipliés sans aucun encadrement. « Il n’y a aucune réglementation suivie. Ni permis de conduire, ni port du casque, ni respect des rétroviseurs obligatoires », dénonce Karl Blagué, coordonnateur d’organisations de la société civile.
Les syndicats de taxis-motos, censés structurer la profession, sont eux-mêmes gangrenés par des querelles politiques. « La plupart des conducteurs n’ont plus confiance en leur syndicat qu’ils jugent politisé », révèle une source interne. Cette politisation empêche toute tentative sérieuse d’organisation du secteur de circulation à Bangui.
Circulation à Bangui : des infrastructures routières en décrépitude totale
L’état catastrophique des routes aggrave considérablement la situation de circulation à Bangui. « De PK9 pour entrer à Pétévo jusqu’au centre ville, c’est un calvaire quotidien avec des fossés tellement profonds que les petites voitures y restent coincées », témoigne Antoinette Montaigne, ancienne ministre. Cette dégradation des infrastructures a des conséquences dramatiques, notamment pour les femmes enceintes qui subissent de nombreuses fausses couches à cause des chocs sur les routes défoncées.
La situation est encore plus alarmante en province. Sur la route nationale 2, reliant Bangui à la frontière soudanaise, des voyageurs peuvent rester bloqués pendant des semaines dans des zones marécageuses. Les travaux d’entretien routier, pourtant essentiels, semblent avoir été totalement abandonnés par les autorités.
Un ministère des transports paralysé par l’inertie
Face à cette situation dramatique, la direction générale des transports urbains se contente de vagues promesses. « Nous avons envoyé des termes de référence pour une campagne de sensibilisation », affirme son directeur Nono Wenceslas Nguélékoumo, sans préciser ni calendrier ni moyens concrets. Cette inertie administrative contraste violemment avec l’urgence de la situation sur le terrain.
Les recommandations formulées depuis des années restent lettre morte : limitation de vitesse en agglomération à 30-50 km/h, contrôle de l’âge des conducteurs, réglementation des charges transportées. Aucune de ces mesures basiques n’a été mise en œuvre efficacement.
Les accidents de la route à Bangui dévoile une triple faillite : celle de l’État incapable d’organiser les transports urbains, celle des infrastructures laissées à l’abandon, et celle du système de santé débordé. Cette situation désastreuse témoigne d’une gouvernance défaillante où les autorités semblent avoir abandonné leurs responsabilités les plus élémentaires envers la population. Pendant ce temps, le bilan humain ne cesse de s’alourdir dans une indifférence qui confine au mépris institutionnalisé.
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