Suite à une demande d’explications relative à un article de l’hebdomadaire sénégalais « Le Témoin » , le colonel Anicet Saulet, ambassadeur de Centrafrique au Caire, relevé de ses fonctions !
Dans notre édition n° 1161 courant avril 2014, « Le Témoin » avait ainsi titré à sa Une : « Comment la candidature du colonel Anicet Saulet a été recalée arbitrairement… ». Dans cet article, notre journal avait d’abord rappelé les malheureux souvenirs de ce brillant et jeune capitaine centrafricain ayant dirigé en 1997 la troisième mutinerie de l’armée de ce malheureux pays. Une mutinerie qui avait provoqué l’intervention d’un contingent de l’Armée sénégalaise dans le cadre de la Mission Interafricaine de Surveillance des Accords de Bangui (Misab). D’ailleurs, votre serviteur faisait partie du voyage de presse organisé à l’époque par la Dirpa pour montrer comment nos « diambars » s’y acquittaient de leur mission…
À l’époque, c’est-à-dire lors de cette mutinerie, le capitaine d’alors, devenu aujourd’hui colonel, n’avait commis que le « crime » d’avoir dénoncé le népotisme, le tribalisme et le régionalisme dans les nominations et les avancements dans l’armée centrafricaine.
Quinze ans après, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Evidemment de l’eau douce jusqu’à l’arrivée de la rébellion de la Séleka au pouvoir.
Très attaché à son peuple et à son Armée, l’ambassadeur centrafricain au Caire, Anicet Saulet, était de retour à Bangui pour déposer sa candidature à la présidence de la transition. Hélas, contre toute attente, le Conseil National de Transition avait invalidé sa candidature. Et ce, sans aucune raison valable. Or, le colonel Anicet Saulet avait le meilleur profil de l’emploi pour avoir été le tout premier saint-cyrien centrafricain.
Donc, un excellent officier doublé d’un diplomate hors pair. A l’analyse, « Le Témoin » avait dénoncé cette injustice synonyme de « xénophobie » qui ne disait pas son nom. Pour le prouver, nous avions exploité une lettre exclusive et confidentielle que son excellence Anicet Saulet avait adressée à la présidente de la transition, Mme Catherine Samba-Panza, pour crier son indignation. Et dénoncer le fait que les critères d’éligibilité à la plus haute fonction de la République n’avaient pas été respectés. Comme quoi, il y avait eu toute une acrobatie juridique pour écarter le colonel Saulet et baliser le chemin de la présidence à Mme Cathérine Samba-Panza.
Eh bien ! Dès la parution de notre article qui avait fait le tour du monde via internet, l’ambassadeur de la Centrafrique en Egypte, M. Anicet Saulet, aurait reçu une demande d’explication consécutive au « voyage » de cette lettre. Mme la présidente centrafricaine s’interrogeait sur le fait de savoir comment cette lettre avait pu traverser toute l’Afrique pour atterrir à Dakar, et précisément dans les locaux du « Témoin ».
Et comme Mme la Présidente de la Transition avait du mal à gérer les prises de position de son ambassadeur et candidat recalé, elle a tout simplement pris un décret pour le limoger. Dans la même foulée, Mme Cathérine Samba-Panza a nommé de nouveaux ambassadeurs, histoire de faire comprendre que le colonel Saulet a été limogé dans le cadre d’un mouvement d’ensemble visant les ambassadeurs de la Centrafrique.
La priorité de la transition réside-t-elle dans la nomination de nouveaux ambassadeurs alors qu’il y a tant de choses à régler dans le pays, notamment le génocide antimusulmans qui a fait que nos coreligionnaires ne sont plus que 3.000 à peine à Bangui contre plusieurs centaines de milliers il y a un an ?
Surtout que la présidence de transition n’arrive même pas à payer les salaires de la fonction publique, les bourses des étudiants ainsi que les pensions du personnel des ambassades de la Rca. Pire, ces « chancelleries » n’ont même pas de budget de fonctionnement. A ce propos, d’ailleurs, on se demande comment Mme Cathérine Samba-Panza va-t-elle pouvoir faire pour rapatrier tous les ambassadeurs limogés ? Et envoyer d’autres et leurs familles pour les remplacer ?
Une chose est sûre, l’histoire semble donner raison au « Témoin ». Car, le fait que pays continue de s’enfoncer dans le chaos génocidaire prouve que la bonne dame a lamentablement échoué. Triste pour un si beau pays !
Pape NDIAYE
ARTICLE PARU DANS « LE TEMOIN » N°1170- HEBDOMADAIRE SENEGALAIS ( JUIN 2014 )