Centrafrique : Terreur et chaos entre Boda et Yaloké, les civils pris en otage par une milice déchaînée

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Centrafrique : Terreur et chaos entre Boda et Yaloké, les civils pris en otage par une milice déchaînée

 

Centrafrique : Terreur et chaos entre Boda et Yaloké, les civils pris en otage par une milice déchaînée
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

Une vague de violence secoue depuis plusieurs jours l’axe reliant Boda à Yaloké, deux villes situées respectivement à 190 et 225 kilomètres de Bangui, la capitale de la République centrafricaine. Dans les villages de Bossoui, Bokomba, Bomango, Kongoui, Kpongbo, Pami, Papa ti Lini et Boguéré, la population vit dans la peur, terrée en brousse ou fuyant les exactions d’une milice qui sème la mort et la désolation. Ce chaos, loin d’être un simple sursaut de tensions, est d’ailleurs  alimenté par une stratégie éhonté du pouvoir en place, avec la complicité du président Faustin-Archange Touadéra et de ses alliés russes de Wagner, selon des témoignages et des observations recueillis sur place.

 

Un drame déclencheur

 

Tout a commencé il y a quelques jours, lorsqu’un éleveur peul, parti de son campement pour venir s’approvisionner en vivres à Bomango, a croisé le chemin de la mort. Alors qu’il revenait vers son campement, un groupe de jeunes miliciens, armés jusqu’aux dents, l’a intercepté. Sans sommation, ils l’ont roué de coups avant de l’achever, abandonnant son corps sur le bord de la route.

 

« Ils l’ont tapé jusqu’à ce qu’il ne bouge plus. C’était comme en 2013, quand la haine confessionnelle faisait rage », confie à la rédaction du CNC un habitant de Kongoui.

 

La nouvelle de cette exécution sauvage s’est vite répandue au sein de la communauté Peule de la région. En réponse, un groupe de bergers armés est revenu en force pour venger leur frère. Les représailles ont été immédiates : des cases incendiées, des villageois pris pour cible, et une escalade sanglante qui a transformé l’axe Boda-Yaloké en champ de bataille.

 

« C’est du ping-pong. Ils attaquent, on riposte, et ça ne s’arrête jamais », déplore un vieil homme de Bokomba, forcé de se cacher dans les broussailles avec sa famille.

 

Des miliciens au service d’un pouvoir trouble

 

Mais derrière ce cycle de violence, une réalité plus sombre se dessine. Ces jeunes brigands, qui terrorisent les villages entre Boda et Yaloké, ne seraient pas de simples bandits opportunistes. Plusieurs sources locales affirment qu’ils sont armés et encouragés par le régime de Touadéra, avec le soutien logistique des mercenaires russes de Wagner. « Le président veut le désordre pour asseoir son pouvoir. Wagner veut les troubles pour que l’argent coule », accuse un commerçant de Pami, qui a vu sa boutique pillée par ces milices. Le but ? Maintenir le pays dans un état de chaos permanent, justifiant ainsi la présence des forces russes et les juteux contrats qui en découlent : vente d’armes, primes de risque, et exploitation des ressources. « C’est un business de guerre. Ils frappent fort pour ramasser les miettes », lâche un habitant de Bossoui.

 

Une mafia autour de l’or et du diamant

 

Le racket des richesses minières est aussi au cœur de cette terreur organisée. Dans les environs de ces villages, où l’or et le diamant attirent creuseurs et petits négociants, les miliciens imposent une loi implacable. À Kpongbo et Boguéré, par exemple, les ouvriers qui extraient l’or des puits sont contraints de céder la moitié de leurs gains. « Un gramme par exemple se vend 30 000 francs CFA, mais on ne touche que 15 000. Le reste va à ces voyous », explique un mineur de Papa ti Lini, qui travaille sous la menace constante d’une arme.

 

Ce système mafieux ne s’arrête pas là. Les acheteurs, eux aussi, sont taxés à l’entrée et à la sortie des zones minières, perdant une part importante de leurs bénéfices. « Ils disent qu’ils luttent contre les Peuls, mais au final, c’est tout le monde qui souffre », ajoute un vendeur d’or de Yaloké. Les villageois, qu’ils soient creuseurs, commerçants ou simples paysans, sont pris en étau entre les exactions des milices et les représailles des groupes peuls.

 

Un carnage qui s’étend

 

Rappelons le, il y’a deux semaines, les violences ont pris une ampleur dramatique. À Bossoui, des maisons ont été réduites en cendres lors d’une attaque éclair. À Bojula, un village situé à 34 kilomètres de Boda, a été la scène chaotique d’un violent braquage perpétré par ces criminels sans pitié. Six hommes armés de fusils ont surgi, prenant en otage plus d’une centaine de passagers. Selon une victime, ils ont emporté une somme considérable, estimée à des millions, après avoir saccagé tout ce qui se trouvait sur leur passage. Quatre personnes ont été sauvagement battues et admises à l’hôpital dans un état sérieux, mais elles ont survécu à l’attaque.

 

« Ils arrivent, ils tirent, ils pillent, et les forces de l’ordre ne font rien. On dirait qu’elles les laissent faire », témoigne une femme de Kpongbo, les larmes aux yeux.

 

La population, abandonnée par un État qui semble fermer les yeux, n’a d’autre choix que de fuir. Des centaines de personnes se terrent aujourd’hui dans la brousse, sans nourriture ni abri, tandis que les routes reliant Boda à Yaloké sont devenues des coupe-gorge. « On vit comme des animaux, cachés, pendant qu’ils détruisent tout », souffle un rescapé de Pami.

 

Une responsabilité écrasante au sommet

 

Pour beaucoup, la responsabilité de ce chaos incombe directement au président Touadéra et à ses ministres de la Sécurité publique et de la Défense. En s’appuyant sur Wagner pour consolider son pouvoir, le régime aurait sciemment lâché la bride à ces milices, au mépris des vies centrafricaines. « Ils arment des gamins pour tuer et voler, tout ça pour garder leurs fauteuils », accuse un enseignant de Yaloké, qui a vu ses élèves fuir les combats.

 

Les Peuls, souvent ciblés en raison de vieilles rancunes confessionnelles remontant à la guerre civile de 2013, ne sont que les premières victimes d’un système qui broie tout sur son passage. « Ce n’est pas une lutte contre un groupe. C’est une guerre contre nous tous », résume un habitant de Bokomba.

 

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