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CENTRAFRIQUE : SILENCE…ON TUE LÉGALEMENT.

CENTRAFRIQUE : SILENCE…ON TUE LÉGALEMENT.

Monsieur Bernard Selemby Doudou, auteur de l'article.
Monsieur Bernard Selemby Doudou, auteur de l’article.

                                          

Bangui, le 20 mai 2017.

Par : Bernard Selemby Doudou.

 

La souffrance des Centrafricains ne cesse de prendre de l’ampleur et la flamme olympique de la mort se propage de région en région. Après la Kemo ibingui, la Ouaka, la Haute kotto vinrent le tour du Mbomou et de la Basse kotto.

 

Les tueries et exactions sur les paisibles populations ne chagrinent ni ne dérangent personne donnant ainsi l’impression que ces tueries sont autorisées, prévues par les textes pour ne pas dire légales. Les populations opprimées sont abandonnées à leur propre sort, livrées aux seigneurs de guerre qui ne cessent de défier l’autorité de l’Etat. Le gouvernement ne prévoit aucune action ni de perspective à la hauteur des attentes et souhaits de la population mais s’évertue à condamner à minima les exactions sans dépêché un émissaire pour panser les douleurs des populations meurtries. Dans ce contexte tendu et confus, le citoyen lambda préoccupé par la situation sécuritaire s’interroge en monologuant : comment peut-on être si sourd à l’appel et au désespoir de son peuple ? Le silence et l’inaction du gouvernement dans les événements valent-ils une complicité ? Qu’est-ce que le peuple Centrafricain a fait pour mériter ce genre de traitement ? Le chef des opérations militaires de la Minusca dénonce une manipulation sans incliner l’identité de leurs auteurs, le gouvernement en sait quelque chose ? Qui est le vrai commanditaire de cette vague de violence ? Le départ des partis politiques de la majorité Présidentielle a t-il un lien avec la reprise des hostilités militaires dans les arrières pays ? La reprise des opérations militaires est-elle une stratégie pour forcer la main du pouvoir pour reconsidérer les accords de Naïrobi ?

C’est dans ce climat de terreur, de psychose que les autorités entendent inviter des musiciens étrangers pour célébrer la fête des mères tambour battant ? L’indifférence aidant, pourquoi le Président de la République n’a pas écourté sa mission en Israël pour marquer son attachement aux personnes éprouvées ? Pourquoi jusqu’aujourd’hui les chefs de guerre ne font pas l’objet d’un mandat d’arrêt ? Pourquoi l’équation d’Ali Darras n’était pas résolu et qu’on a préféré le transférer dans une autre région ? Ces seigneurs de guerre jouent-ils un franc jeu avec le pouvoir ? Les actions gouvernementales manquent d’impact et de visibilité, pourquoi le gouvernement hésite t-il à adopter ou à tester une nouvelle approche politique ? Quelles sont les réactions des institutions sous régionales et surtout de l’Union africaine ?

Décidément, toutes les régions seront touchées par les exactions des groupes armés non conventionnels. Ainsi à qui le prochain tour ? À ce rythme et en guise de projection, le prochain président en cas d’alternance héritera d’une situation plus pire que ce qu’a laissé la gouvernent de transition. En quatorze mois de gouvernance, le pouvoir est atteint d’usure. Lassé, émoussé et lessivé le gouvernement a montré ses limites alors que le cœur des centrafricains continuent de saigner. Que disent le collectif des Touaderateurs et ceux ou celles qui continuent de touaderer ? Visiblement le mode de gouvernance n’est pas adapté à la situation actuelle. N’oublions pas que le même peuple qui confie le pouvoir peut le retirer. Nous n’oseront pas appeler à la démission du pouvoir car cela remettra en cause les acquis politiques et démocratiques. Cette dernière finira par s’imposer d’elle même si tous les indicateurs seront négatifs. Fort de ce qui précède et loin de faire de la politique politicienne, nous sommes conscients qu’il n’existe pas de baguette magique pour résoudre la crise centrafricaine. Depuis l’avènement de la politique de rupture et de marchandage avec les groupes armés, la crise s’est accentuée au lieu de s’améliorer. Les empreintes du pouvoir ne sont pas visibles et ne produisent pas d’effets. En conséquence de cause et au nom de l’intérêt supérieur de la nation, nous invitons humblement le pouvoir de s’éloigner de ses alliés électoraux qui ont troqué leur soutien contre des postes de responsabilité, de changer le paysage politique politique en constituant un véritable gouvernement de large ouverture où toutes les compétences sans distinction de parti politique, d’ethnie, de région se reconnaissent à l’instar de nos colonisateurs qui, une fois dépassés par les événements ont répondu à l’appel du 18 juin 1944 du Général De Gaulle depuis Londres. De même, lorsque la démocratie était en danger lors du deuxième tour des présidentielles de 2017, la gauche et la droite ont fait une union sacrée même contre nature pour protéger la démocratie. À défaut de s’exécuter, le parlement n’aura d’autres alternatives que de prendre ses responsabilités non pas par la voie de motion de censure tant souhaitée car cela fragilisera et affaiblira le pouvoir mais par d’autres moyens de pression et de coercition. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

Paris le 19 mai 2017.                                           Bernard SELEMBY DOUDOU.                 Juriste, Administrateur des élections.                                                         Tel : 0666830062.

 

 

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