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CENTRAFRIQUE : PANEL DES FACILITATEURS DE L’UNION AFRICAINE

 

 

CENTRAFRIQUE : PANEL DES FACILITATEURS DE L’UNION AFRICAINE

 

 

Bangui, 3 juillet 2018 (CNC) –

 

INQUIÉTUDES

Va-t-on vers une amnistie et une impunité générale de ceux qui ont apporté la terreur et la mort en Centrafrique ? Tout laisse présager que l’injustice risque de se produire. Oubliés les mandats lancés par l’ONU contre certains responsables centrafricains dont Bozizé et Djotodia et des chefs rebelles de l’ex- Séléka  pour crimes de guerre et contre l’humanité. Le DDR (Démobilisation Désarmement et Réinsertion) des rebelles, afin de faciliter la paix et la réconciliation nationale, est porté  disparu. Les autorités centrafricaines n’en parlent même plus.

Il est légitime de rechercher les outils de la paix, de recourir à un dialogue national pour apaiser les tensions, afin d’amener les Centrafricains à se parler, pour que cessent les affrontements fratricides sanglants. Mais pas au prix de l’oubli des crimes de guerre abominables. Des martyres et des crimes contre l’humanité. Tous ceux qui ont participé à la déstabilisation du pays doivent répondre de leurs forfaits devant les tribunaux. Pour démontrer leur bonne volonté de dialogue, les séditieux doivent rendre les armes et libérer les provinces qu’ils occupent. Ce serait là des signes forts d’une volonté de dialogue. Ensuite, ils se présenteront devant la Cour Pénale Spéciale de Bangui, seule juridiction à caractère international, habilitée à juger les crimes de guerre et contre l’humanité en   Centrafrique. S’ils ne le font pas, il faudra les y contraindre. Mais Il est à craindre que la Cour ne soit instrumentalisée dans le but  d’absoudre les criminels de guerre des abominables crimes qu’ils ont perpétrés de sang froid. Ce serait une haute trahison de la part des autorités et une insulte à la mémoire des victimes.

 

L’UNION AFRICAINE DOIT PROCÉDER AUTREMENT

La faiblesse et l’incompétence du Gouvernement ne faciliteront pas le dialogue. Bozizé et Djotodia tenteront de demander la levée des sanctions de l’ONU qui les frappent. La multitude des factions ex-Sélékas imposeront leurs désidératas. On ne voit pas comment elles accepteront d’arrêter les hostilités sans partage du pouvoir. Les puissances étrangères négocient directement avec les rebelles et demandent la protection de leurs concessions. C’est normalement aux forces centrafricaines responsables de l’ordre régalien sur tout le pays, que revient la responsabilité de protéger le territoire. On n’a pas entendu les autorités protester contre ce qui ressemble à une reconnaissance du pouvoir des rebelles. Le panel de l’Union Africaine risque de se retrouver dans une voie sans issue.  Les ex-Sélékas ont des intérêts tellement divergents qu’il sera quasiment impossible de les mettre d’accord sur un calendrier. Ceux qui tiennent le nord et le nord-est du pays, donc les mines d’or et de diamant, ne céderont rien. Il est à craindre que NDélé et Bria ne deviennent les capitales de la « République de Logone ». Deby, leur mentor, attend avec impatience le rattachement de celle-ci à la République du Tchad.

 

LE GOUVERNEMENT LÉGITIME DE BANGUI DONNE DES SIGNES DE FAIBLESSE

Devant cette menace maximale de l’éclatement du pays, Touadera et son équipe subissent le calendrier des événements sans réagir. Ne voient-ils pas que la France et les autres puissances internationales ont acté le surgissement d’une partition ? En tout cas, on constate qu’elles négocient directement et ouvertement avec les rebelles. Ces mêmes puissances sont membres du Conseil de Sécurité de l’ONU qui a décrété un embargo criminel sur les armes à destination de la République Centrafricaine, privant ainsi de tous leurs moyens les Forces Centrafricaines. Ce sont les mêmes qui fabriquent les armes qui permettent aux séditieux d’humilier le pouvoir, de se préparer à déclarer leur « Sultanat de la Logone », après avoir massacré et supplicié les populations centrafricaines.

La situation de chaos qui prévaut en Centrafrique exige autre chose que les éternelles condamnations des violences par L’ONU et l’inquiétude des  puissances internationales devant la montée des périls. Pour les ex-Sélékas, leur attitude les conforte dans le doute d’une intervention de l’armada internationale.  Ce qui les convainc qu’ils ont gagné la bataille de Centrafrique. En tout cas, leur arrogance et leur défi envers le Gouvernement le confirment. Les silences et l’incapacité à réagir du pouvoir font craindre le pire. La France, les autres pays occidentaux et l’ONU donnent l’impression de négocier dans l’ombre pour un changement de personnel politique à Bangui.

Devant cette situation gravissime, les leaders politiques centrafricains sont portés disparus. On ne les entend plus, eux qui étaient  pléthoriques aux dernières élections présidentielles. Sont-ils, eux aussi, en train de négocier avec les ex- Sélékas, convaincus de leur victoire prochaine ? Ont-ils déjà soldé la présidence Touadera ? L’heure de la paix et de la réconciliation nationale n’est pas près de sonner en Centrafrique.

Le redoublement  des massacres et des crimes contre l’humanité semble le confirmer, renforcé par l’impuissance et l’incompétence d’un gouvernement aux abois et de la MINUSCA qui a failli à sa mission de protection de la population et de recherche de la paix.

Pourtant, l’espoir de la paix existe. Après le chaos, il est dans la reconstruction. Pour retrouver la paix et la sérénité,  le « Tous ensemble » de Barthélémy Boganda est plus que jamais à l’ordre du jour. La réconciliation ne surgira que par la détermination des Centrafricains à lutter tous ensemble et à résister aux envahisseurs. Ils ne laisseront pas les prédateurs dépecer leur pays. La paix et la réconciliation ne viendront pas de l’étranger

 

 

Par : JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

(02 juillet 2018)

 

 

 

 

 

 

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