Centrafrique : Nzacko, une commune minière abandonnée par le pouvoir de Bangui (Reportage)

Publié le 6 décembre 2018 , 5:13
Mis à jour le: 6 décembre 2018 5:13 pm
Deux personnes marchent dans une rue de Nzacko le 2 décembre 2018. CopyrightCNC.
Deux habitants de Nzacko en balade dans une rue de la ville. Photo Moïse Banafio pour CNC..

 

 

Centrafrique : Nzacko, une commune minière abandonnée par le pouvoir de Bangui (Reportage)

 

 

Située à environ 140 kilomètres à l’Est de la ville de Bria dans la préfecture de Mbomou, la commune minière de Nzacko, réputée pour la qualité exceptionnelle de ses diamants et ors, contrôlée par le  FPRC de Noureddine Adam depuis le 11 juin de l’année dernière, est plus de 3 ans coupée du reste de la République centrafricaine en raison du manque de réseaux routiers et de services publics de base de l’État. Dans un reportage du CNC dans la ville cette semaine, la population locale tire la sonnette d’alarme sur leurs conditions de vie.

 

Malgré la qualité de ses diamants et ors souvent très sollicités sur les marchés mondiaux, la commune rurale de Nzacko, reliée à Bangassou, le chef-lieu du Mbomou  par un petit axe routier impraticable de 60 kilomètres, se tourne vers la ville de Bria, située plus à l’ouest de la ville à plus de 135 kilomètres dans la Haute-Kotto, pour son ravitaillement en produits de première nécessité.

 

Commerce et trajet difficiles

 

Cependant, sur l’axe Nzacko-Bria, le trajet n’est pas aussi facile qu’il parait.

Avec ces 140 kilomètres de route, on y trouve au moins sept postes de contrôle des Séléka du FPRC. Ce qui rend davantage plus compliquée la circulation dans le secteur pour des nombreux commerçants de Nzacko qui se plaignent de ces tracasseries routières :

« … si aujourd’hui on se tourne vers Bria pour se ravitailler, c’est vraiment par nécessité de survie, car nous n’avons aucun moyen de sortir de Nzacko si on ne veut pas se faire avaler par des groupes armés qui sont nombreux dans la région. Imaginez-vous, le prix d’un seul comprimé de paracétamol de 500 mg est vendu ici au prix de 150 francs CFA…, la vie est dure ici, parfois on mange sans sel et on manque de tout », a expliqué au micro du CNC un commerçant local.

 

On leur donne des milliers de carats de diamants et ils ne nous donnent rien au retour

 

Or, entre temps avant la prise de la ville par le FPRC  aux mains des Anti-balaka le 11 juin 2017, se sont les Ougandais qui contrôlent et exploitent librement les ressources forestières et minières de la ville avec la complicité du gouvernement centrafricain, selon la population locale :

« … avec les Ougandais, tout le temps on est sur les chantiers de diamants et or. On leur donne des milliers de carats, mais au retour ils ne nous donnent rien. On souffre énormément. Comme tu me vois, je n’ai que la peau sur mes os, je n’ai plus de force de faire quelques choses, monsieur le journaliste. Merci que tu sois là pour nous témoigner au monde de ce qui se passe à Nzako. Ici, on a même pas une école pour les 350 enfants. Pas de centre de soins de santé non plus. On vit comme des sauvages ici, monsieur le journaliste… », a témoigné au micro du CNC Olivier Mandazou, un ouvrier minier local.

 

Cette zone est la nôtre

 

Plus loin au poste de la Séléka, on trouve monsieur Amadou Moussa, un rebelle du FPRC qui nous fait croire que Nzacko est leur territoire :

« Cette zone est la nôtre. C’est nous qui l’avions libéré des  mains des Ougandais, car  le gouvernement centrafricain l’a vendu au gouvernement ougandais depuis 2012. En la libérant, nous avons perdu beaucoup des hommes forts et des matériels. Hélas ! Monsieur le journaliste, cette zone est déjà la notre,  on l’a déjà reprise dans la Haute-Kotto » conclut Moussa du FPRC.

Du côté du gouvernement, aucune déclaration n’a été faite sur cette situation de Nzacko malgré notre relance téléphonique.

 

CopyrightCNC.

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