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CENTRAFRIQUE : L’INSUPPORTABLE NAUFRAGE

CENTRAFRIQUE : L’INSUPPORTABLE NAUFRAGE

 

 

 

Faustin archange TOUADÉRA et Simplice Mathieu SARANDJI. Crédits photo RJDH.
Faustin archange TOUADÉRA et Simplice Mathieu SARANDJI. Crédits photo RJDH.

 

Bangui, le 20 septembre 2017.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

DES BARBARES D’UN AUTRE TEMPS AU GOUVERNEMENT

 

          C’est incontestablement le retour de la République Centrafricaine « au cœur des ténèbres », comme l’évoquait Joseph Conrad dans le roman qu’il situait en Oubangui-Chari, à l’époque où l’Europe se partageait l’Afrique au 19e siècle.

          Aujourd’hui, cette plongée dans une dure nuit d’un pays, d’une nation et d’un peuple, ressemble à un vaste complot ourdi de l’extérieur et aggravé par l’incompétence et la cupidité de ses élites.

          Dans ces conditions, comment peut-on imaginer et accepter que des chefs rebelles, les mains pleines du sang des Centrafricains, entrent dans le nouveau gouvernement  au nom d’une réconciliation nationale aléatoire ?

          Les couteaux sont tirés de leurs fourreaux depuis environ trois ans, pour que s’accomplisse le funeste et sanglant supplice d’un peuple par des mercenaires cruels et sanguinaires qui ne poursuivent qu’un but : dépecer la République Centrafricaine.

          Partout, dans le pays, ce ne sont que fureur et abomination. La cruauté des ex-Sélékas est indicible, hallucinante et diabolique. Les femmes, les vieillards et les enfants ne sont pas épargnés. Les égorgements rituels succèdent aux exécutions sommaires à la Kalachnikov. Des villages sont incendiés. Les populations ont pris massivement les chemins de l’exil.

          Dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde, Monseigneur Aguirre Munos, évêque de Bangassou, témoigne : «de la gratuité terrible avec laquelle les ex-Sélékas s’en prennent aux villageois, de la cruauté des représailles des Antibalakas qui jettent leurs victimes dans les puits pour qu’elles ne soient pas enterrées sur  la terre centrafricaine, des comportements des casques bleus marocains qui mettent mal à l’aise la population en ne prenant que la défense des musulmans » Pour conclure : « Il y a une rancune, une haine qui se développent entre les deux communautés religieuses.»

          Les Centrafricains ne savent plus quelles divinités implorer pour abréger leurs terribles souffrances. Leurs gouvernants semblent dépassés par les tragiques événements qui assaillent le pays. Les membres du gouvernement ont trouvé refuge dans la capitale. Ils ne se déplacent pas ou peu auprès des populations en souffrance dans les provinces Les ministres se taisent sur les ravages que font subir au pays les ex-Sélékas déterminés à opérer une partition de la République Centrafricaine.

           Si rien n’est fait en urgence, cette instabilité détestable risque de se pérenniser.

 

AUTORITÉS CENTRAFRICAINES VS MINUSCA : QUI MANIPULE QUI ?

          De lourds soupçons d’accointances entre les rebelles et la MINUSCA ne cessent de prendre de l’ampleur. Si ces abominables accusations s’avèrent, les autorités centrafricaines devront, au nom du peuple centrafricain, demander le remplacement du chef de la MINUSCA et de certains contingents en Centrafrique. Ce genre de comportement de la part d’une mission de l’ONU dans un pays membre est incompréhensible et intolérable. C’est une immense dérive car il s’agit d’un peuple et d’une nation qu’elle avait le devoir de protéger.

    Les missions de la MINUSCA étaient clairement établies :  protection des populations, arrestation des chefs de l’ex-Séléka convaincus de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, garantie de la pérennité et de la sécurité des frontières. La MINUSCA était censée mettre en pratique les actions décidées par le gouvernement centrafricain. Elle devait être la solution du drame centrafricain, elle en est devenue le problème.

          De toutes les façons, il faut le répéter : la paix en Centrafrique ne sera jamais le fait des forces étrangères, elle viendra des Centrafricains eux-mêmes.

         Car elle ne sera pas non plus le résultat d’un quelconque arrangement avec des criminels de guerre. A ce propos, le Premier Ministre Sarandji a justifié l’injustifiable en déclarant à l’AFP avoir : « tenu compte de l’équilibre géopolitique » (Quel équilibre géopolitique ?) et d’ajouter : « Les groupes armés sont des compatriotes qui représentent une région » (Laquelle ?) Les ex-Sélékas comportent dans leurs rangs beaucoup de mercenaires, venus du Tchad, du Soudan, du Sud-Soudan, du Darfour, du Niger etc…N’oublions pas qu’à l’époque, Michel Djotodia avait distribué des passeports centrafricains aux mercenaires qui l’avaient aidé à s’emparer du pouvoir à Bangui. Dans le gouvernement Sarandji II, il n’est pas exclu qu’il y ait des étrangers.

          Ce n’est pas non plus en nommant au gouvernement un représentant de chaque région que la paix surgira. Celle-ci ne reviendra que si les Centrafricains, et eux seuls, s’approprient le destin de leur pays.

          Aujourd’hui, c’est un discours solennel du président Touadera qu’ils attendent. Ils ont besoin qu’on leur explique la composition du gouvernement Sarandji II et ce qu’ils peuvent attendre de ce changement.

 

 

PS : encore une fois, la misogynie archaïque du mâle centrafricain a frappé. Où est la parité hommes/femmes promise par le président Touadera ? Elle est loin d’avoir respectée. Quelle faute politique !

          Dans le précédent gouvernement, c’était une femme, Virginie Baikoua, la ministre des Affaires Sociales et de la Réconciliation Nationale, qui accomplissait sa mission avec courage en se rendant dans les régions occupées par les ex-Sélékas pour assister les populations.

          Il faut espérer que dans les cabinets ministériels et la haute administration, la femme trouvera la place qui lui est due.

                                                                                                                                                                              

 

JOSEPH AKOUISSONNE

                                                                                                                                                                                           (19 septembre 2017)

 

 

 

Monsieur Joseph Akouissonne. Auteur de l'article.
Monsieur Joseph Akouissonne. Auteur de l’article.
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