Centrafrique : l’Incertitude Ronge les Proches de Mahamat Abakar, Détenu dans les Geôles de la Police Politique de l’OCRB

0
29

Centrafrique : l’Incertitude Ronge les Proches de Mahamat Abakar, Détenu dans les Geôles de la Police Politique de l’OCRB

 

Rectification : Mise au point sur l’arrestation d’Abakar Mahamat et de son épouse par les policiers de l’OCRB
Monsieur Mahamat Abakar, ancien directeur de trésor, et son épouse Sallé, colonel de la douane centrafricaine

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Mahamat Abakar, arrêté le 11 mars 2025 dans son bureau, est détenu dans les geôles de l’OCRB. Une semaine plus tard, sa famille, terrifiée et sans réponses, sombre dans une attente insupportable.

 

Une famille brisée par l’arrestation politique

 

Tout a basculé ce mardi matin, dans un bureau discret du ministère des Finances et du Budget à Bangui. Mahamat Abakar, inspecteur principal du Trésor et ancien Directeur Général du Trésor public centrafricain, était en train de superviser des dossiers du projet AGIR – une initiative financée par la Banque mondiale pour renforcer la gestion des finances publiques – quand des hommes en uniforme de l’OCRB ont fait irruption. Sans mandat, sans un mot d’explication, ils l’ont menotté sous les regards médusés de ses collègues, avant de l’emmener vers une destination inconnue. Depuis, c’est le néant. 10 jours plus tard, le 24 mars 2025, aucune nouvelle n’a filtré des geôles de cette police politique, laissant sa famille dans un désarroi qui grandit heure après heure.

 

Achta Abakar, sa fille, ne trouve plus le sommeil. « Mon père a tout donné pour ce pays », raconte-t-elle. « Il a gravi les échelons par son travail, il a passé des concours pour mériter son poste. Aujourd’hui, il est traité comme un criminel, et on ne sait même pas s’il tient le coup. Sa santé est fragile, il a des problèmes de santé ».  Elle décrit une scène qui hante encore ses nuits : le lendemain de l’arrestation, sa mère, Zara Salé Djidalbaye, colonel des Douanes centrafricaines, s’est rendue à l’OCRB pour exiger des explications. « Elle a frappé à la porte, elle a crié pour savoir où était son mari. Ils l’ont arrêtée sur-le-champ, comme si poser une question était un crime ». Zara a été retenue deux jours, enfermée dans une cellule humide, avant d’être relâchée sans un mot. Leur fils, Salé Abakar, qui l’accompagnait, n’a pas eu cette chance immédiate : tabassé par les agents, il a été jeté dehors le soir même, le corps couvert d’ecchymoses. « Il tremble encore quand il en parle », murmure Achta.

 

Elle poursuit, la voix chargée d’incompréhension : « Et puis, ils sont venus chez nous. Ils ont perquisitionné la maison, sans mandat, sans rien. Ils ont fouillé partout, retourné les meubles, vidé les tiroirs. Ils cherchaient quoi ? Qu’est-ce qu’ils reprochent à mon père, à mes parents ? Ils veulent quoi au juste ? On n’a rien à cacher, mais ils sont repartis sans rien dire ». Le silence des autorités est assourdissant. « Une semaine, et rien. Pas un signe, pas une lettre, pas une annonce. On ne sait même pas s’il est encore à l’OCRB ou s’ils l’ont déplacé », ajoute-t-elle, les yeux rougis par les larmes. Elle sait que la loi centrafricaine limite la garde à vue à 72 heures sans décision judiciaire, mais ce délai est une plaisanterie ici. « Ils nous ignorent, comme si on n’existait pas. Pourquoi tout ça ? Qu’est-ce qu’il a fait ? ».

 

Une tyrannie qui s’infiltre partout

 

L’histoire de Mahamat Abakar s’inscrit dans une vague d’oppression qui gagne du terrain en Centrafrique, portée par le régime de Faustin-Archange Touadéra et ses alliés russes du groupe Wagner. Ce qui arrive à cet homme intègre, un fonctionnaire qui a bâti sa carrière sur le mérite, dépasse la simple brutalité : c’est une stratégie froide, calculée, pour écraser toute voix ou toute compétence qui échappe au contrôle du pouvoir. Mahamat, avec son poste clé dans le projet AGIR, était une cible idéale. Nommé après un concours rigoureux supervisé par la Banque mondiale, il incarnait une exception dans un pays où les places stratégiques se monnaient souvent en coulisses ou s’offrent aux fidèles du régime.

 

L’OCRB, censée traquer les bandits, s’est transformée en une machine à broyer les indésirables. Ce jour-là, les agents n’ont pas agi seuls : des témoins parlent de silhouettes étrangères, des hommes aux accents russes, rôdant autour du bâtiment. Wagner, omniprésent en Centrafrique, tire les ficelles en échange des richesses du sous-sol – or, diamants, uranium. « On les voit partout », confie un habitant du quartier Sarah, qui a entendu les rumeurs dans les rues de Bangui.

 

 « Les polices politiques du régime surveillent, ils frappent, ils décident. Avec l’arrestation de monsieur Mahamat Abakar, ils veulent faire un exemple, montrer que personne n’est intouchable », explique l’un des collaborateurs de l’inspecteur interrogé par la rédaction du CNC.

 

Cependant, les mercenaires, aux côtés des forces de polices centrafricaines, imposent une peur qui paralyse, un climat où poser une question, comme l’a fait Zara, devient un acte de rébellion.

 

Et puis, il y a cette rumeur qui circule, tenace, dans les couloirs du ministère et les marchés de la capitale. Le poste de Mahamat, avec ses fonds internationaux et son influence, fait saliver le régime depuis des années.

 

« Ils veulent y mettre un des leurs », explique une source au ministère des finances. « Le projet AGIR, c’est de l’argent, c’est du pouvoir. Monsieur Mahamat Abakar refusait de jouer leurs jeux, de fermer les yeux sur certaines choses. Ça les rendait fous. » Cette hypothèse, bien que non prouvée officiellement, semble plausible dans un pays où l’intégrité est une menace pour ceux qui prospèrent sur la corruption.

 

Le régime avait promis une enquête bouclée en trois jours, selon des déclarations entendues à l’OCRB. « Trois jours, puis une semaine au pire », s’agace Achta. « Et là ? Rien ! Ils nous prennent pour des idiots ».

 

Ce silence qui s’éternise, cette façon de piétiner les lois, sent la manipulation à plein nez. Ce n’est pas juste une arrestation sans motif, c’est un message : même un homme honnête, soutenu par une institution comme la Banque mondiale, peut disparaître dans les geôles de cette police politique sans que personne ne bronche.

 

L’emprise de Touadéra et de Wagner s’étend comme une toile d’araignée, étouffant les institutions, vidant la justice de son sens, terrorisant les citoyens. L’affaire Abakar met à nu une dictature qui ne se donne même plus la peine de sauver les apparences. Elle s’infiltre partout, corrompt tout, élimine sans bruit, avec une précision qui glace le sang. Et pendant ce temps, une famille attend, rongée par l’incertitude, espérant un signe qui ne vient pas…..

 

CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE

Corbeaunews Centrafrique

Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21

Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com

Rejoignez notre communauté

Chaine officielle du CNC

Invitation à suivre la chaine du CNC

CNC Groupe 3

CNC groupe 4

CNC groupe le Soleil

Note : les deux premiers groupes sont réservés  uniquement aux publications officielles du CNC