samedi, novembre 16, 2024
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CENTRAFRIQUE : LETTRE OUVERTE AUX MÉDIAS OCCIDENTAUX

CENTRAFRIQUE : LETTRE OUVERTE AUX MÉDIAS OCCIDENTAUX

 

 

 

 

OBJET : MORT D’UNE NATION

          La République Centrafricaine, ancienne colonie française, est menacée de dislocation dans une indifférence quasi-générale. A de rares exceptions près, la presse occidentale, à propos du chaos centrafricain, garde un silence qui laisse pantois. Cest surtout le désintérêt de la France qui interpelle, à l’endroit dun pays qui a largement contribué, par ses richesses naturelles, à l’essor industriel de lancienne puissance coloniale et qui partage sa langue : le français.

          La République Centrafricaine est en effet le symbole de la Françafrique. Depuis son indépendance fictive en 1960, cest la France qui fait et défait les rois, en fomentant des coups d’état pour porter au pouvoir des présidents incompétents, mais efficaces chiens de garde de ses intérêts. Des dirigeants corrompus ont ainsi toujours confondu les deniers de l’État avec leur cassette personnelle, laissant leur peuple croupir dans une pauvreté crasse et leur pays survivre grâce à l’aumône internationale, alors quil dispose d’énormes richesses en ressources naturelles.

          Ces dirigeants, dont la France a favorisé l’accession au pouvoir par ses interventions militaires, ont institué une scandaleuse gouvernance, mélange de népotisme, de tribalisme, de régionalisme, de dictature et dinjustice sociale. En outre, ces marionnettes se sont mises au service de prédateurs étrangers, tel le voisin tchadien, le redoutable Idriss Déby Itno.  La mauvaise gouvernance à l’intérieur et les interventions venues de l’extérieur ont fait plonger le pays dans un chaos sanglant. La descente aux enfers de la République centrafricaine est corollaire de cette mainmise de l’étranger et de cette mauvaise gouvernance endémique qui sévit sur la terre des Bantous depuis maintenant soixante ans.

          La population, quant à elle, paie un lourd tribut aux violences indicibles des bandes armées. Rien que pour l’année 2017, on a pu dénombrer près de 5 000 morts. Un million de personnes environ ont dû trouver refuge dans des forêts hostiles. Combien sont mortes à cause d’innombrables infections chroniques et de malnutrition, avec un système sanitaire à la renverse et des hôpitaux devenus des mouroirs ? Quel avenir pour tous les enfants en errance désormais orphelins ?

          Les massacres sont quasi quotidiens, avec leurs lots de désolation. Et combien de disparus ? On soupçonne des charniers sous des monticules de terre, dans les broussailles. Les derniers massacres de population ont eu lieu au nord-ouest du pays, à Paoua, devenue ville martyre. Depuis le 27 décembre, deux groupes armés s’affrontent dans des combats sans pitié. Les premières victimes sont évidemment les habitants désarmés, oubliés d’un pouvoir incapable de protéger ses citoyens : 13 000 maisons incendiées, 30 000 habitants des villages environnants venus se réfugier dans la ville engorgée pour fuir la zone des affrontements…         

          Sur ces événements sanglants : pas une brève dans la presse écrite occidentale, pas un écho à la radio, pas une image sur les chaînes de télévision, alors qu’il s’agit d’un drame aux relents pré-génocidaires, dun crime contre lhumanité.

          Il est grand temps de briser le mur du silence et dinformer sur le drame apocalyptique qui se joue en République Centrafricaine. Il faut que lopinion internationale soit informée de ces massacres qui sont autant des crimes de guerre que des crimes contre lhumanité.

          C’est de lavenir dun pays souverain, membre de lONU, qu’il s’agit. C’est une portion de lhumanité qui est menacée de disparition.

          Chers médias occidentaux, ne regardez plus ailleurs. Contribuez à éteindre l’incendie qui a embrasé la savane centrafricaine par vos plumes, vos micros et vos caméras. Et faites renaître lespoir !

Cordialement.

                                                                                   JOSEPH AKOUISSONNE

 JOURNALISTE FRANCO-CENTRAFRICAIN 

 

 

 

Monsieur Joseph Akouissonne, l’auteur de l’article.

                                                                                                                                                                     

 

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