La milice anti-Balaka s’est déclaré mardi prête à participer au futur gouvernement d’union, au moment où son principal adversaire, l’ex-alliance rebelle de la Séléka maintient son boycott au motif de violation du consensus obtenu lors de l’accord de cessez-le-feu du 23 juillet à Brazzaville (Congo) à travers la nomination de Mahamat Kamoun au poste de Premier ministre.
“Nous sommes tous les fils du pays. Si on nous appelle, nous serons prêts à servir notre pays. On ne peut pas faire la politique de la chaise vide”, a déclaré à Xinhua au téléphone Emotion Brice Namsio, porte-parole des anti-Balakas (anti- machettes), constellation de groupes dits d’autodéfense favorables à l’ex-président François Bozizé renversé en mars 2013 par la Séléka.
A l’origine de l’enlisement de la crise sécuritaire et humanitaire qui secoue la République centrafricaine (RCA) depuis fin 2013 suite à l’offensive de la Séléka contre le pouvoir de Bozizé, les deux organisations sont signataires du cessez-le-feu conclu le 23 juillet dans la capitale congolaise sous l’égide du président congolais, médiateur de la crise au nom de ses pairs d’Afrique centrale.
Avant cette étape, un sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), tenu fin juin à Malabo ( Guinée équatoriale) en marge du récent sommet de l’Union africaine (UA), avait donné son feu vert à la présidente de transition Catherine Samba-Panza pour la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale en remplacement de celui d’André Nzapayéké, nommé fin janvier.
Ex-directeur de cabinet dans le pouvoir de Michel Djotodia, leader de l’ex-Séléka, Mahamat Kamoun, 52 ans, a été désigné dimanche pour prendre la place du remplaçant de Nicolas Tiangaye, premier chef de ce gouvernement de transition centrafricain.
Pour le porte-parole des anti-Balakas, le nouveau Premier ministre qui avant cette date était ministre d’Etat, conseiller spécial à la présidence, “est un fils du pays, un Centrafricain pur sang. Le peuple centrafricain a trop souffert. C’est notre pays, l’heure n’est plus aux combats, aux violences.”
Dans le camp des ex-rebelles, la nomination de Mahamat Kamoun, pourtant présenté comme issu de leurs rangs, n’est en revanche pas bien accueillie. Les ex-forts de Bangui accusent la présidente de transition d’avoir bafoué le consensus résultant de l’accord de Brazzaville en les excluant des consultations annoncées en grande pompe la semaine dernière pour opérer ce choix.
“Nous ne participerons pas au gouvernement. C’est la conséquence d’un manque de consensus. Depuis le 24 mars 2013, ce pays a toujours fonctionné sur la base de consensus et de compromis politiques. Ce n’est pas aujourd’hui que la chef de l’Etat doit violer tout ça”, a observé le général Mohamed Moussa Dhaffane, porte-parole de l’ex-rébellion joint lui aussi à Bangui mardi.
Dès le lendemain l’annonce de la démission d’André Nzapayéké le 5 août, la présidence a informé le peuple centrafricain de la tenue pendant trois jours au Palais de la renaissance de consultations inclusives entre Catherine Samba-Panza et les différentes sensibilités sociopolitiques nationales incluant les ex-Séléka et les anti-Balakas.
Le général assure cependant que “nous n’avons pas été consultés. Nous étions disposés à le faire, mais nous n’avons pas reçu d’invitation. Nous avons entendu seulement à la radio qu’elle (la présidente de transition) va consulter les anti-Balakas, la Séléka, ceci, cela. Nous sommes surpris d’avoir été exclus du processus, puisque depuis qu’elle a été désignée par le CNT (Conseil national de transition, Parlement provisoire), nous lui apportons tout le soutien nécessaire.”
“Nous n’avons pas envoyé de propositions ni de ministrables, ni de Premier ministrable. C’est très regrettable. Or, nous sommes signataires de l’accord de Brazzaville. Nous sommes un acteur qu’on ne peut pas contourner”, a poursuivi le dirigeant rebelle.
Selon le programme officiel, Mahamat Kamoun prend ses fonctions ce mardi à Bangui. En vertu d’un, d’après certaines sources, schéma prescrit par la communauté internationale dans un souci de satisfaire les préoccupations des différents acteurs sociopolitiques centrafricains, il est censé former un gouvernement de 25 ministres, contre 20 pour le précédent.
Alors que le principal enjeu défi aujourd’hui reste de faire baisser les tensions pour sortir de la crise, la RCA peut-elle se permettre d’avoir une équipe gouvernementale dont sont inclus les ex-rebelles de la Séléka ? “Les choses iront très vite” pour la formation du cabinet Kamoun, a toutefois indiqué à Xinhua le porte- parole de la présidence Anicet Guiyama
Mazogo. F pour Agence de presse Xinhua