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CENTRAFRIQUE : LE SYNDROME DES SOCIÉTÉS CONCESSIONNAIRES (1)

 

 

CENTRAFRIQUE : LE SYNDROME DES SOCIÉTÉS CONCESSIONNAIRES (1)

 

 

Bangui, le 13 juin 2018.

Par : Joseph Akouissonne de Kitiki, CNC.

 

L’ENFER AU QUOTIDIEN

         Les bandes armées ont remis au goût du jour le syndrome des sociétés concessionnaires de sinistre mémoire. Les ex-Sélékas se sont emparés de 80% du territoire centrafricain – comme les colons qui, à l’époque, se faisaient attribuer des parcelles sans état d’âme. Ils se livrent à des exactions ignominieuses sur les populations, comme les colons sanguinaires d’autrefois.

         Ces populations, abandonnées par le pouvoir central, vivent un véritable calvaire. Les factions sélékistes, rendues ivres par leur capacité militaire face à un gouvernement désarmé, semblent décidées à transformer les provinces qu’elles occupent en califats, au prix du sang et des cadavres. Innocentes victimes de leur folie meurtrière, les populations sont prises en otage et soumises à un ordre nouveau de type fasciste.

         Leurs appels au secours ne semblent pas atteindre les oreilles des gouvernants. Bunkérisées dans la capitale devenue une sorte de citadelle, calfeutrées dans leurs ministères climatisés, les autorités donnent l’impression d’ignorer la barbarie qui frappe le peuple selon des méthodes de terroristes – à moins qu’il ne s’agisse d’incompétence ou d’un manque de courage politique.

         L’attitude du gouvernement face au martyre des populations choque et interpelle. S’il persiste à montrer son incapacité à protéger les populations, il va devenir inévitable pour le président Touadera de procéder à un remaniement gouvernemental en profondeur. L’intérêt de la nation doit être au-dessus des considérations claniques aussi bien que partisanes et des amitiés particulières.

 

LE MARTYRE DE BAMBARI

         La paisible petite ville a été transformée par les ex-Sélékas de l’Unité du Peuple Centrafricain (UPC) d’Ali Darassa en ville martyre : occupation de la gendarmerie après en avoir chassé les occupants qui ont pris la fuite, abandonnant la caserne et les habitants ; attaque d’un commissariat à l’arme lourde ; incendies de maisons ; exécutions en masse d’habitants sans discernement, femmes, enfants et vieillards compris. Des scènes qui rappellent les exactions nazies pendant la seconde guerre mondiale.

         La bataille pour le contrôle des matières premières a fait rage, la faction sélékiste de l’Unité du Peuple Centrafricain faisant face à une milice d’auto-défense hâtivement formée. Les habitants, pris en otage dans ces affrontements à l’arme lourde, ont pris massivement le chemin de l’exil.

         Les mêmes scènes de terreur et de chaos se sont abattues sur Bangassou, Ndele et d’autres villes occupées par des factions d’ex-Sélékas. Des comportements particulièrement cruels accompagnent le cheminement infernal de ces bandes armées qui semblent possédées par les démons de la violence.

         Si le gouvernement continue dans sa politique suicidaire : « attendons de voir », il est à craindre que la pérennité de la République Centrafricaine en tant qu’Etat démocratique, laïc et indivisible, ne soit plus assurée.

 

UNE PAIX PRISE EN OTAGE PAR LES ENNEMIS DE LA RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

L’idéologie fascisante des rebelles, dépourvus de tout instinct humanitaire, risque de précipiter le pays dans un inconnu apocalyptique. Le silence du gouvernement devant tant de menaces, l’absence de réactions indignées des gouvernants face aux massacres et à l’occupation du territoire par des mercenaires utilisant des méthodes terroristes, sont en train de sonner le glas d’un pays souverain.

         La situation s’est aggravée depuis la nouvelle intrusion, particulièrement néfaste, des puissances étrangères, qui semblent vouloir désintégrer la Centrafrique afin de s’emparer des immenses richesses de son sous-sol.

         La colère de la France face au retour des Russes en République Centrafricaine vient complexifier la situation, avec le risque d’importer la guerre froide entre l’ouest et l’est en Centrafrique. Le pays n’en a vraiment pas besoin.

MOBILISATION INDISPENSABLE DU PEUPLE POUR SAUVER SON PAYS

         La seule issue qui pourrait être bénéfique pour la Centrafrique dépend surtout de la mobilisation de ses citoyens face aux menaces. Leur détermination devrait pouvoir obliger les gouvernants à sortir de leur politique de démission inacceptable.

         Si on considère le vide laissé depuis trois ans face aux violences par le pouvoir, les comportements abjects et condamnables de certains contingents de Casques bleus, les Mauritaniens notamment, fortement soupçonnés de collusion confessionnelle à Bambari avec les factions sélékistes, prenant parti pour les populations de confession musulmane, allant même jusqu’à vendre des armes aux rebelles, si on prend enfin en compte l’échec de la MINUSCA dans ses missions de paix et de protection de la population, le rassemblement du peuple centrafricain face aux périls devient, non seulement souhaitable, mais, plus encore, inévitable. C’est lui qui parviendra à prendre en main les rênes de son pays et deviendra le maître de son destin.

                                                                                                                                          

 

JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

(11 juin 2018)

 

 

 

                                                                                                                

 

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