Bangui (République centrafricaine) – CNC – Par arrêté du Premier Ministre Firmin NGREBADA en date du 18 novembre 2019, un Comité Stratégique de Suivi des Élections a été mis en place. C’est dans ce contexte que le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC), aujourd’hui un parti d’opposition, appelle tous les partis politiques à une concertation dans un plus bref délai.
La mise en place du comité stratégique d’appui au processus électoral depuis le 18 novembre dernier par le Premier Ministre Firmin Ngrebada, car tout indique que la tenue du calendrier électoral à terme est utopique, divise la classe politique, la société civile et les institutions de la République.
Sur cette question, l’opposition démocratique ne partage pas la ligne du gouvernement. A l’exemple du RDC qui, sans tergiverser, met en garde le pouvoir de Touadera. « C’est avec effarement qu’il constate que les mêmes méthodes qui ont par le passé conduit à la contestation des résultats des élections générales dans notre pays et finalement à l’impasse politique, n’ont pas servi de leçon à nos gouvernements et exposent à nouveau les prochaines échéances électorales à une crise certaine, comme si celles en cours ne suffisent pas », a prévenu l’ancien parti présidentiel dirigé par l’ancien ministre Désiré Kolingba.
Le RDC considère cette idée comme une volonté de trucage des élections, « tandis que le Président Touadera s’apprête à solliciter le suffrage de nos compatriotes, le Premier Ministre Ngrebada ne présente aux yeux du Rassemblement Démocratique Centrafricain aucune garantie de neutralité pour interférer dans l’organisation de ces échéances. En somme, les deux personnalités se retrouvent Juges et Parties », estime-t-il, avant de pointer du doigt l’indépendance de l’ANE, car sa présidente est aussi membre de ce comité, « l’indépendance de la structure chargée d’organiser ces élections se trouve gravement mise en danger par le rôle que cet Arrêté assigne à la Présidente de l’Autorité Nationale des Elections (A.N.E) qui se retrouve réduite au rang de Rapporteur du Comité », rappelle le RDC.
Pour le RDC, le pouvoir de Bangui est dans une posture de forcer un passage ne force. « S’il n’y a pas chevauchement fonctionnel, il y a visiblement doublage administratif intempestif, qui ne vise rien d’autre, dans le contexte actuel de notre pays, qu’à mettre en place un cadre ou support institutionnel de fraude massive organisée, pendant les prochaines échéances électorales. Qui plus est, la Présidence de la République en est membre alors même que le Président en exercice est candidat, comme relevé ci –haut », a fustigé le parti dirigé par Désiré Kolingba.
La seule mission du Comité Stratégique d’Appui au Processus Électoral, tel que décrite dans l’article 2 de l’Arrêté du 18 novembre 2019, ne justifie pas ladite création, mais plutôt rend la structure redondante par rapport à l’A.N.E, laquelle peut techniquement se charger d’une telle mission, à moindre coût. Ce qui serait plus réfléchi dans un contexte budgétaire difficile, note le parti.
Autant d’éléments, autant d’indices suffisants pour plonger la classe politique dans une inquiétude quant au caractère transparent, libre et crédible des prochaines élections de 2020. De la mobilisation des ressources financières nécessaires au financement de ces élections avance timidement car jusque-là seulement 1 milliard 200 millions de FCFA est disponible au titre de la contribution de l’Etat centrafricain sur un budget de 25 milliards de FCFA. « Cela confirme la difficulté budgétaire, dont il est fait mention précédemment, et le caractère intempestif et irréfléchi de la création de cet organe ».
Du point de vue de droit, le RDC rappelle qu’il existe un Cadre de Concertation dont « l’Organisation et le Fonctionnement doivent être revus et renforcés afin de lui permettre d’assurer le suivi régulier du processus électoral et de veiller à la bonne exécution du chronogramme ».
C’est au regard de tout cela que le RDC appelle « tous les Partis Politiques à une concertation dans les plus brefs délais afin d’aviser ».
Les débats sont ouverts et bouleversent la classe politique et société civile avec deux camps où chacun campe sur sa position. Décidément la vie politique, d’ici les prochains jours voire mois, sera animée par ce débat qui s’annonce houleux.
Cédric Wa-Gomba
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