Centrafrique : Le Professeur Faustin archange TOUADÉRA est-il vraiment un Président de la République ?
Bangui, le 23 février 2017.
Par : Gisèle MOLOMA, CNC.
Le 14 février 2016, près de 700 mille Centrafricaines et Centrafricains se sont rendus dans des centres électoraux pour porter leur voix plus ou moins librement au candidat Faustin archange TOUADÉRA pour que ce dernier devienne le Chef d’État de la République centrafricaine. Cet exercice démocratique largement salué par les Centrafricains, sonne comme un nouveau souffle pour l’ensemble du peuple qui souhaite tourner le plus vite possible les pages colorées des 3 années troubles qui ont secoué malheureusement leur pays. Un an après, nous essayons, malgré tout, de revoir en quelques lignes les principales réalisations du Président Faustin Archange TOUADÉRA par rapport à ses promesses de la campagne de 2015-2016. Est-il vraiment à la hauteur des attentes des Centrafricains ?
À l’annonce de sa victoire par l’Autorité Nationale des Élections (ANE) face au candidat Anicet Georges Dologuélé au second tour de la présidentielle de 2015-2016, des nombreux Centrafricains se sont massivement descendus dans les rues à Bangui comme en province pour manifester et laisser éclater leur joie. Pour eux, le candidat TOUADÉRA surnommé candidat des pauvres, serait probablement le seul parmi les 30 en lisse qui pourrait ramener leur pays sur la voie du développement comme il leur avait martelé lors de la campagne électorale. 12 mois écoulés, quand est-il pour les promesses faites au peuple centrafricain ?
Du serment au premier gouvernement.
Le 30 mars 2016, c’était un jour inoubliable pour le Professeur Faustin Archange TOUADÉRA. Devant plus de 20 000 personnes à Bangui, l’homme avait prêté serment officiellement et devient le nouveau Président de la République de ce pays de moins de quatre millions d’habitants pour les cinq prochaines années. Aussitôt investi, aussitôt au travail pour former son premier gouvernement. Son proche ami et Directeur de sa campagne électorale Monsieur Simplice Mathieu Sarandji avait été nommé Premier Ministre, puis un gouvernement de 25 Ministres dans la foulée. Un gouvernement du partage des gâteaux pour les uns, gouvernement de combat pour les autres. Et pour la majorité des Centrafricains, seulement quelques-uns des ministres, notamment 5 qui travaillent efficacement sur le terrain. Les autres jouent à leur carte de proximité avec le Président TOUADÉRA. D’où la nécessité de remanier au plus vite ce gouvernement.
Du Président TOUADERA au Gouvernement Sarandji, quelles actions pour le peuple centrafricain ?
Lors de son investiture à Bangui, le Président Faustin Archange TOUADÉRA avait défini les grandes lignes de son quinquennat sur le plan politique, sécuritaire, économique, judiciaire, de la santé publique et bien d’autres.
Sur le plan politique :
La promesse-choc du Président Faustin Archange TOUADÉRA était de rompre définitivement avec les vieilles pratiques politiques du passé qui consistaient à privilégier les siens au détriment de l’intérêt général. Or, une fois investi à la tête du pays, les Centrafricains sont terriblement étonnés de voir l’homme de la rupture se comporter comme l’homme de continuité et du plus pire que ses prédécesseurs. Sur le plan du népotisme, le Président Touadéra dépasse tous ses Prédécesseurs à seulement 11 mois. Chose encore étonnante, il n’est plus en bonne relation avec ses soutiens politiques d’hier comme Serge Bokassa, Karim Meckassoua, Samba-Panza et autres. Ce qui le rend moins crédible devant les Centrafricains.
Sur le plan sécuritaire
Mur de Babylone pour le président TOUADÉRA. Lors de sa campagne électorale et dans son discours d’investiture, le rétablissement de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national était l’une des priorités de sa première année au pouvoir. A un mois de sa première année au pouvoir, le président TOUADÉRA a désormais sa tête dans ce mur maçonné par ses parrains. Il doit crier au secours. Outre, il a même mentionné que le retour des réfugiés centrafricains et des déplacés chez eux devrait se faire avant fin d’année 2017. Près d’un an déjà, le constat reste amer pour les Centrafricains. Les groupes armés se renforcent, tuent ce qu’ils peuvent tuer et pillent ce qui peuvent les enrichir. De jour en jour, l’autorité de l’Etat se rétrécie sur Bangui la capitale laissant les autres terres décomposées en plusieurs morceaux et contrôlées par des narcotrafiquants. Des phénomènes nouveaux ont vu le jour : des « migrants sécuritaires ». Si ce n’est pas Bangui, ce sont les camps militaires de la MINUSCA qu’ils se dirigent abandonnant tout derrière eux. Les morts se comptent en dizaine tous les jours. Si à Bangui environ 9% des personnes déplacées et refugiés rentrent, l’arrière-pays produit l’inverse : 75% à 100% des personnes deviennent des « migrants sécuritaires ». Rien ne va plus. Et le président TOUADÉRA quant à lui, se campe dans son Palais luxueux de Bangui pour recevoir quelques membres des groupes armés pour les soudoyer pour des résultats honteux. Avec son gouvernement, ils ne se daignent même pas à affronter ceux, qui, de New York, imposent des embargos sur les armes et les militaires dans son pays. Conséquence, ils ont à nouveau placé, par contumace, sous séquestre nos forces armées. Un an d’échec à 100% pour le Président TOUADÉRA.
Sur le plan économique
Désordre organisé et entretenu. Tout s’accorde à confirmer que le président TOUADERA n’a rien fait pour le rebondissement de la situation économique de son pays. Madame Christine Lagarde, Directrice générale du FMI, en visite récemment à Bangui avait confirmé au président TOUADÉRA de limiter de surcharger le pays avec des dettes extérieures. Ce même constat lui avait été fait par le président de l’Assemblée nationale Karim Meckassoua. Selon ce dernier, le président TOUADÉRA signe à tour de bras des accords dangereux sans pour autant consulter l’Assemblée nationale sur la pertinence de ses accords. En plus de ça, l’homme voyage sans tenir compte de la sècheresse financière du Trésor public du pays. Ce n’est pas tout. Il s’apprête, selon nos informations, à inviter certains Chefs d’Etat de la région à fêter son premier anniversaire au pouvoir le 30 Mars prochain. Coût prévisionnel et estimatif à revoir à la hausse : 857.000.000 F CFA. Autant des choses qui rendent le Président TOUADÉRA coupable du sabotage économique de la RCA.
Sur le plan Judiciaire
De la forfaiture à la confusion en passant par le chao. D’ailleurs, la dernière session criminelle de 2016 l’avait clairement démontré publiquement la faiblesse de notre système judiciaire miné par la corruption, le clientélisme et l’incompétence. Le dernier rapport du groupe des Experts des Nations-Unies sur la République centrafricaine a aussi pointé l’incompétence de certains Magistrats centrafricains qui, selon eux, seraient à l’origine de la libération de la quasi-totalité des Anti-Balaka jugés dernièrement à Bangui. A cela s’ajoute la fabrication des mandats d’arrêt comportant pour la plus part par des chefs d’accusation erronés parfois sans preuve. L’effectivité de la Cour Pénale Spéciale, de la vraie et nouvelle Cour Constitutionnelle et les dernières nominations constitueront un début de croyance à la justice dans ce pays ? A la prochaine année.
Sur le plan de la santé,
N’en parlant pas. Rien n’est fait en tout cas sur ce point. Si ce ne sont pas les Organisations non gouvernementales (ONG) internationales qui soignent gratuitement les gens dans ce pays, chaque Centrafricain doit s’agenouiller et rechercher le Tout Puissant. A la Pédiatrie de Bangui, pas plus qu’hier mercredi, aucun Médecin n’était disponible pour des enfants malades du côté de pavillon pris en charge par l’État Centrafricain. Selon certains personnels soignants interrogés par CNC, il leur manque tout dans cet Hôpital. Même une seringue, il leur faut solliciter auprès des Organisations non Gouvernementale (ONG) internationale.
Finalement, à quoi servent le président TOUADÉRA et son gouvernement ?
C’est la question que tout le monde se la pose. À seulement un an, le seul changement palpable se trouve du côté de ses propres parents et amis. Plus des 80% des personnes responsabilisées au sommet de l’administration publique sont issus de son village natal de Damara ou de sa région. La grève des enseignants du fondamental 2 depuis deux semaines le témoigne clairement. Avec cette allure, tout le monde se demande si le président TOUADÉRA est-il vraiment un président de la République où le président de son clan ? Pour y répondre, nous y reviendrons dans nos prochains articles.
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