CENTRAFRIQUE : LE PRINTEMPS DES SÉPARATISTES
Bangui, le 1er août 2017.
Par : Joseph Akouissonne, CNC.
AMNISTIE, IMPUNITÉ OU SÉCESSION : INACCEPTABLES !
Tous les feux sont au rouge. Les Centrafricains, déboussolés et stupéfaits, ne peuvent que constater, avec horreur, que leur pays est peut-être sur la voie d’une dislocation, d’une partition ourdie par des puissances extérieures.
Les deux entités qui se disputent le pays, l’une chrétienne et animiste, l’autre musulmane, continuent à menacer l’unité et l’intégrité de la Centrafrique. Il est désormais avéré que les réunions dites « de paix » (SIRIRI) qui se succèdent ne sont que des diversions qui font la part belle aux rebelles assassins. Rome leur a déroulé un tapis rouge. Libreville 2 leur a laissé entrevoir une indécente impunité et une amnistie inconcevable.
Quant au gouvernement actuel, il ne fait aucun commentaire. Le président Touadera, sur convocation expresse d’Idriss Deby Itno, s’est rendu dans la capitale du Tchad pour y subir d’odieuses pressions : il s’est vu exiger la condamnation du rapport accablant de l’O.N.U. concernant les crimes des Casques bleus tchadiens en Centrafrique, alors qu’ils sont avérés. Incroyable !
Faustin-Archange Touadera s’est exécuté en stigmatisant, de concert avec Deby, le rapport en question. Quelle aubaine pour le Néron des bords du lac Tchad ! Aux abois, le dictateur de N’Djamena ne pouvait espérer mieux que le soutien du président d’un pays dont ses soldats ont supplicié le peuple. Alors que les victimes centrafricaines s’apprêtent à poursuivre Deby devant la Cour Pénale Internationale, Touadera lui délivre, en quelque sorte, un certificat d’impunité. Que vont faire les Centrafricains face à un défi aussi humiliant ?
Les ennemis du pays s’agitent dans l’ombre, à Bangui et ailleurs, pour rendre acceptable l’idée d’une amnistie générale, susceptible, selon eux, de favoriser le surgissement de la paix (SIRIRI) et de la réconciliation. Ceux qui ruminent ces sombres prévisions ne sont que des naïfs, qui se trompent lourdement. Comment peut-on imaginer que des criminels de guerre, des auteurs de crimes contre l’humanité, les ex-Sélékas et autres mercenaires, puissent ne pas subir le même châtiment que les nazis en leur temps ? L’accord dit « de paix » signé à Rome n’évoque même pas les milliers de victimes des bandes armées en Centrafrique. La réunion de Libreville 2, initiée par l’U.A. (Union Africaine), a scandaleusement survolé la question et n’a pas, non plus, affirmé son opposition à toute idée d’impunité.
PARTITION : INÉVITABLE ?
On a l’impression que tout converge vers une partition de la République Centrafricaine. Ceux qui ont conclu des accords occultes avec les ex-Sélékas, soutiennent, en sous-main, leur projet funeste de création d’un califat. Le laxisme dont ont fait preuve le gouvernement de la Transition de Catherine Samba-Panza, la France, ancienne puissance coloniale, l’O.N.U. et les forces internationales, laisse à penser qu’un pacte diabolique pourrait avoir été scellé avec les ennemis de la République Centrafricaine – l’objectif étant d’éviter que les soldats ne soient pris au piège et englués dans la nasse centrafricaine.
Ce qui se passe en R.C.A. démontre que la décolonisation est une farce. Une réalité virtuelle. Les gouvernements centrafricains successifs n’ont été que des exécutants, obéissant aux ordres de l’ancienne puissance coloniale. Le franc C.F.A., cette monnaie archaïque de soumission toujours en usage, est bien le symbole de cette non-décolonisation.
La partition qui menace aux frontières de la République Centrafricaine est en en train de se concrétiser. Si les tuteurs occidentaux du pays et le gouvernement de Simplice Sarandji, qui a toutefois perdu beaucoup de sa crédibilité aux yeux des Centrafricains, ne prennent pas le buffle Séléka par les cornes, il est à craindre que nous pourrons bientôt dire : « Adieu, République Centrafricaine !»
Mais les Centrafricains, eux, sont loin d’envisager une telle situation. A tel point que l’hypothèse d’un coup d’état, mené par des soldats patriotes soutenus par la population en révolte, n’est pas à écarter. Il bénéficierait alors, uniquement et totalement, au peuple d’une Nouvelle Nation Centrafricaine.
Mais faudra-t-il en arriver là pour sauver la Patrie ?
Adaptons ici l’injonction du leader africain, Thomas Sankara, à son peuple : « La liberté ou la mort, les Centrafricains vaincront ! »
JOSEPH AKOUISSONNE
31 juillet 2017