Centrafrique : Le Ministère de la Culture provoque ouvertement le nouveau bureau élu de l’UMC en convoquant de nouvelles élections

Rédigé le 08 octobre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
À peine un mois après l’élection démocratique d’Armand Touaboy à la tête de l’UMC, le ministère de la culture veut organiser un processus électoral parallèle qui défie toute logique juridique.
Dans un nouvel épisode de cette saga administrative qui n’en finit pas, le Ministère des Arts, de la Culture et du Tourisme vient de franchir un cap supplémentaire dans son ingérence illégale dans les affaires de l’Union des Musiciens Centrafricains (UMC). Par une note circulaire, l’administration culturelle annonce l’organisation d’une Assemblée Générale Élective pour pourvoir “tous les postes prévus par les textes réglementaires de l’UMC”.
Cette initiative constitue une provocation manifeste à l’égard du bureau exécutif légitimement élu le 30 août dernier. Elle confirme l’analyse que nous avons développée dans nos précédentes publications : nous assistons à une tentative de coup de force administratif organisée par Philippe Bokoula au profit de son ami Dany Ngarasso, qui refuse obstinément de quitter son poste d’intérimaire.
Le communiqué ministériel invoque un prétendu “désaccord entre les responsables de l’Union des Musiciens Centrafricains” pour justifier cette nouvelle intervention. Cette formulation est aussi vague qu’elle est trompeuse. Quel désaccord ? Entre quels responsables ? Le ministère se garde bien de préciser, préférant maintenir le flou pour légitimer une démarche qui n’a aucun fondement juridique.
La réalité est beaucoup plus simple : il n’y a pas de “désaccord entre responsables”, mais un refus catégorique de Dany Ngarasso d’accepter le nouveau burau de l’UMC mis en place. Transformant sa défaite personnelle en prétexte administratif, l’ancien président par intérim bénéficie une fois de plus du soutien actif de son ami Philippe Bokoula pour tenter d’invalider une élection parfaitement régulière.
Le ministère justifie son intervention par la nécessité d’“assurer le respect des procédures électorales et garantir la transparence du processus”. Cette formulation est d’une ironie consommée quand on connaît le dossier. Comment peut-on parler de respect des procédures électorales quand on invalide arbitrairement une élection organisée conformément aux statuts de l’association ? Comment peut-on invoquer la transparence quand on organise un processus parallèle en violation manifeste de l’autonomie associative ?
Cette nouvelle manœuvre révèle surtout l’acharnement d’une administration qui refuse d’accepter que les musiciens centrafricains aient démocratiquement choisi leurs dirigeants en dehors de son contrôle. Le ministère de la Culture semble considérer l’UMC comme sa propriété privée, dont il pourrait disposer à sa guise au mépris des règles de droit les plus élémentaires.
La note circulaire fixe des modalités précises pour ce processus électoral parallèle. Les candidatures doivent être déposées au secrétariat de la Direction Générale des Arts et de la Culture, situé au rond-point des Nations Unies, jusqu’au vendredi 25 octobre 2025 à 15h30. L’Assemblée Générale devrait ensuite se tenir à l’École Nationale des Arts (ENA).
Ces dispositions soulèvent plusieurs questions juridiques fondamentales. De quel droit le ministère de la Culture fixe-t-il les modalités d’organisation d’une élection au sein d’une association qui ne relève pas de sa tutelle ? Comment peut-il imposer un lieu et un calendrier pour une consultation qui devrait être organisée exclusivement par les membres de l’association concernée ?
Plus bouleversant encore, pourquoi les candidatures doivent-elles être déposées au secrétariat du ministère et non auprès des instances de l’UMC ? Cette centralisation administrative transforme de facto le ministère en organisateur direct du scrutin, ce qui constitue une violation claire de l’autonomie associative.
Rappelons une vérité juridique fondamentale que le ministère de la Culture semble vouloir ignorer obstinément : l’Union des Musiciens Centrafricains est une association officiellement reconnue par l’État centrafricain. Cette reconnaissance relève exclusivement du Ministère de l’Administration du Territoire, seule tutelle compétente en matière associative.
Le Ministère de la Culture n’est qu’un partenaire institutionnel de l’UMC. Il peut collaborer avec l’association, la soutenir dans ses projets culturels, mais il n’a strictement aucune prérogative légale pour intervenir dans son organisation interne et encore moins pour organiser ses élections.
En s’arrogeant ces pouvoirs qu’il ne possède pas, le ministère crée un précédent extrêmement dangereux. Si cette dérive est tolérée, n’importe quel ministère partenaire pourra demain s’immiscer dans la gouvernance interne des associations sous prétexte de “dialogue constructif” ou de “résolution de désaccords”.
Cette situation dépasse largement le cadre de l’UMC et menace les fondements mêmes de la liberté associative en République Centrafricaine. Elle ouvre la voie à une instrumentalisation politique généralisée des organisations de la société civile.
Derrière cette initiative ministérielle se cache toujours le même schéma de manipulation que nous avons révélé dans nos précédentes enquêtes. Philippe Bokoula, chargé de mission au ministère, utilise sa position administrative pour servir les intérêts de son ami Dany Ngarasso.
Cette complicité est manifeste depuis le début de la crise. C’est Bokoula qui avait rédigé la note circulaire du 25 août dernier tentant d’empêcher l’Assemblée Générale du 30 août. C’est encore lui qui avait instrumenté l’intervention ministérielle du 2 septembre contestant les résultats du scrutin. Et c’est toujours lui qui, aujourd’hui, organise ce processus électoral parallèle destiné à remettre son ami au pouvoir.
Cette instrumentalisation de la fonction publique à des fins personnelles constitue une dérive éthique grave qui nécessite une réaction ferme des autorités compétentes. Comment accepter qu’un fonctionnaire puisse utiliser sa position pour favoriser ses relations personnelles au détriment de l’intérêt général et du respect du droit ?
Le nouveau bureau exécutif de l’UMC, dirigé par Armand Touaboy, se trouve maintenant confronté à un choix difficile. Doit-il ignorer cette convocation ministérielle et continuer à exercer son mandat légitime ? Doit-il au contraire engager un bras de fer juridique avec une administration qui outrepasse manifestement ses prérogatives ?
Quelle que soit la stratégie adoptée, une chose est certaine : les musiciens centrafricains ne peuvent accepter que leur organisation soit confisquée par des manœuvres administratives douteuses. Ils ont démocratiquement élu leurs dirigeants dans le respect de leurs statuts. Cette décision souveraine ne peut être remise en cause par un ministère qui n’a aucune compétence légale en la matière.
L’attitude du bureau élu sera déterminante pour l’avenir de l’autonomie associative en Centrafrique. S’il cède face à cette pression administrative, il créera un précédent catastrophique qui légitimera toutes les ingérences futures. S’il résiste fermement en s’appuyant sur le droit, il défendra non seulement les intérêts des musiciens mais aussi ceux de l’ensemble du tissu associatif centrafricain.
Comment Albertine Ouaboua, Directrice Générale des Arts et de la Culture, peut-elle continuer à avaliser des décisions manifestement illégales rédigées par son collègue Bokoula ? Comment peut-elle signer des documents qui violent l’autonomie d’une association qu’elle-même avait reconnue comme indépendante ?
Ces questions dépassent le cadre individuel et interrogent le fonctionnement même de l’administration culturelle centrafricaine. Elles appellent une réaction des autorités supérieures pour rappeler à l’ordre un ministère qui s’égare dangereusement hors de ses attributions légales.
Face à cette nouvelle provocation administrative, plusieurs options s’offrent aux musiciens centrafricains et à leur bureau légitimement élu. La voie judiciaire apparaît de plus en plus comme une nécessité pour faire cesser cette ingérence illégale et établir clairement les limites des prérogatives ministérielles.
Un recours devant les juridictions compétentes permettrait de clarifier définitivement la question de la tutelle administrative de l’UMC et de rappeler que le Ministère de la Culture n’a aucune compétence pour organiser les élections d’une association qui ne relève pas de son autorité.
Au-delà de l’aspect juridique, cette affaire nécessite aussi une mobilisation politique. Les députés, les autorités administratives compétentes et les organisations de défense des libertés associatives doivent être interpellés sur cette dérive qui menace les fondements de l’État de droit.
Les musiciens centrafricains doivent également faire entendre leur voix massivement. Leur refus collectif de participer à ce processus électoral illégal organisé par le ministère constituerait un signal fort que la légitimité démocratique ne se décrète pas depuis les bureaux d’une administration.
En définitive, cette tentative d’organisation d’élections parallèles par le Ministère de la Culture constitue une provocation caractérisée qui ne vise qu’un seul objectif : annuler par des manœuvres administratives le résultat d’un scrutin démocratique qui n’a pas satisfait les ambitions personnelles de Dany Ngarasso et de son protecteur Philippe Bokoula.
Cette démarche n’a aucune base légale. Elle viole l’autonomie associative garantie par les textes législatifs centrafricains. Elle transforme une administration publique en instrument au service d’intérêts privés. Elle constitue un précédent dangereux pour l’ensemble du tissu associatif du pays.
Les musiciens centrafricains ont fait leur choix le 30 août dernier. Ils ont élu Armand Touaboy et son équipe dans le respect des procédures statutaires de leur association. Cette décision démocratique et souveraine ne peut être remise en cause par des fonctionnaires qui outrepassent manifestement leurs prérogatives.
Il appartient maintenant aux autorités compétentes de rappeler fermement à l’ordre un ministère qui s’égare dans une aventure administrative sans fondement juridique et de garantir le respect de l’autonomie associative, principe fondamental de tout État de droit digne de ce nom.
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